L’Otan va déployer deux groupes aéronavals en mer de Norvège pour l’exercice Cold Response 2022

Le 1er janvier, la Marine nationale a passé le relai à la Royal Navy pour assurer le commandement de la composante maritime de la force de réaction rapide de l’Otan [NRF – Nato Response Force]. Celui-ci sera assuré par le contre-amiral Mike Ultley, depuis le porte-avions HMS Prince of Wales, déclaré opérationnel en septembre dernier.

Pour le moment, on ignore la composition du groupe aéronaval qui l’accompagnera lors de son futur déploiement ainsi que celle de son groupe aérien embarqué. En revanche, on sait qu’il participera à Cold Response, un exercice inter-armées organisé tous les deux ans par la Norvège. Pour l’Otan, de telles manoeuvres permettent de tester la capacité de la NRF ainsi que l’interopérabilités entres les forces impliquées. En outre, elles participent à sa stratégie de « réassurance » à l’égard des pays d’Europe du Nord et Centrale.

Selon l’État-major norvégien, Cold Response 2022 mobilisera 35’000 militaires de 28 pays. Ce qui ne s’était plus vu depuis la fin de la Guerre Froide… Et encore, ces chiffres ne sont pas définitivement arrêtés, d’autres participations étant attendues.

Ces manoeuvres, dont le coup d’envoi sera donné durant la deuxième quinzaine de mars, se concentreront sur la région d’Ofoten, bordée par la mer de Norvège. Celle-ci abrite également la base aérienne d’Evenes, où ont été affectés les chasseurs-bombardiers F-35A et les avions de patrouille maritime P-8A Poseidon de la force aérienne norvégienne.

Pour l’Otan, la région d’Ofoten est stratégique dans la mesure où elle est située à environ 600 kilomètres de la péninsule de Kola, où sont basés les navires et les sous-marins nucléaires de la Flotte du Nord… Et donc sur leur passage quand ceux-ci vont patrouiller dans le passage dit GIUK [Groenland – Islande – Royaume-Uni], crucial pour les liaisons entre l’Amérique du Nord et l’Europe.

Aussi, le HMS Prince of Wales sera rejoint par un autre porte-avions, à savoir l’USS Harry S. Truman. Actuellement, ce dernier est déployé en Méditerranée orientale, la décision de l’y maintenir ayant été prise avant les négociations annoncées entre les États-Unis et la Russie au sujet de la sécurité en Europe. Pour rappel, son groupe aéronaval se compose du croiseur USS San Jacinto, des « destroyers » USS Cole, USS Bainbridge, USS Gravely et USS Jason Dunham et de la frégate norvégienne HNoMS Fridtjof Nansen.

Pour rappel, l’USS Harry S. Truman est déjà un habitué de cette région pour y avoir été déployé en 2018, lors de l’exercice Trident Juncture, organisé par l’Otan. À l’époque, il s’était aventuré au-delà du cercle polaire arctique, ce qui ne s’était plus vu, là aussi, depuis la Guerre Froide.

La participation de ce porte-avions américains à Cold Response 2022 a été confirmée par Odd Roger Enoksen, le ministre norvégien de la Défense, à la faveur d’un entretien donné au quotidien Verdens Gang. Et celui-ci a assuré que l’implication de deux groupes aéronavals dans cet exercice n’avait rien à voir avec les tensions actuelles avec la Russie étant donné qu’elle est prévue depuis « longtemps ».

« Nous avons maintenant un dialogue avec la Russie afin de la tenir informée. Du côté norvégien, il est important de mettre cela en œuvre normalement et de montrer que nous le faisons comme nous l’avons prévu », a souligné le ministre. « Les dirigeants militaires russes ont reçu des invitations de l’Otan et de la Norvège pour […] observer l’exercice », a-t-il ajouté.

De son côté, l’état-major norvégien insiste sur le caractère « défensif » de cet exercice. « La Norvège et l’Otan s’efforcent d’assurer la transparence autour des manoeuvres militaires et nous respectons profondément le droit et les réglementations internationales », fait-il valoir.

« En vertu du Document de Vienne, tous les pays hôtes sont tenus de notifier à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe [OSCE] tout exercice militaire majeur. Au cours de Cold Response 2022, la Norvège invitera les 57 États membres de l’OSCE – y compris la Russie – à envoyer des observateurs », rapelle-t-il encore.

Photo :Royal Navy

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