Le dialogue avec l’Otan et les États-Unis étant dans une impasse, la Russie menace d’agir

À partir du moment où l’on s’assied à la table des négociations avec des revendications sur lesquelles il est hors de question de faire la moindre concession alors que la partie opposée les juge inacceptables, il est alors extrêmement compliqué de s’entendre… Et c’est ce qui est arrivé cette semaine avec les discussions qu’a eues la Russie avec les États-Unis et l’Otan au sujet des garanties « juridiques » sur sa sécurité qu’elle réclame.

Aussi, ce 13 janvier, jour où une troisième discussion devait avoir lieu sur le même sujet au sein de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe [OSCE], la Russie a estimé qu’une nouvelle séquence diplomatique comme celle qui vient d’avoir lieu ne serait pas « utile » dans l’immédiat.

« Sans qu’on éclaircisse s’il y a […] des réserves de flexibilité de l’autre côté sur des sujets importants, il n’y a pas de raison de se mettre à la table [des négociations] dans les prochains jours, se réunir de nouveau et recommencer les mêmes discussions », a en effet déclaré Sergueï Riabkov, le vice-ministre russe des Affaires étrangères. Et d’ajouter : « Le problème est que les États-Unis et leurs alliés de l’Otan ne sont pas prêts […] à répondre à nos principales demandes », à savoir l’arrêt de l’élargissement de l’Otan, le non-déploiement d’armements offensifs près de la Russie et la réduction drastique de la des manœuvres militaires de l’Alliance en Europe de l’Est.

Or, a encore souligné Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, ces trois revendications sont aussi primordiales pour Moscou qu’elles sont inacceptables pour les Occidentaux. En outre, à Washington, des sénateurs membres du Parti démocrate ont présenté un projet de loi visant à imposer des sanctions « radicales » à l’exécutif, à la hiérarchie militaire et aux principales institutions bancaires russes dans le cas où Moscou lancerait une offensive contre l’Ukraine.

Mais plus encore, ce texte, intitulé « Défendre la souveraineté de l’Ukraine », vise notamment le président russe, Vladimir Poutine, ainsi que son Premier ministre, Mikhaïl Michoustine. Et il encourage aussi le gouvernement américain à « envisager toutes les mesures disponibles et appropriées » pour garantir que le gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne [NordStream 2 ndlr] ne devienne « pas opérationnel ». Ce qui a de quoi contrarier Berlin…

En effet, si elle a dit vouloir des sanctions sévères à l’endroit de la Russie, y compris contre M. Poutine, la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, a revanche estimé, ce 13 janvier, que le gazoduc NordStream 2 devait « rester à l’écart » de cette affaire. « Nous devons résoudre ce conflit, et nous devons le résoudre dans des pourparlers – c’est l’opportunité que nous avons en ce moment – […] plutôt que de tisser un lien avec des projets qui n’ont aucun rapport avec ce conflit », a-t-elle en effet déclaré.

Quoi qu’il en soit, et comme on peut s’en douter, le projet de loi présenté par les élus démocrates du Congrès a été vivement critiqué à Moscou. « Des sanctions contre un chef d’État, c’est une mesure qui franchirait une limite, ce serait équivalent à une rupture des relations », a prévenu Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin. Et cela « ne facilite pas l’établissement d’une atmosphère constructive pour les pourparlers » entre Russes et Occidentaux, a-t-il fait valoir.

À l’OSCE, on a insisté sur « l’urgence » à désamorcer la crise entre la Russie et les Occidentaux ainsi que sur la nécessité d’arriver à une « désescalade » militaires aux abords de l’Ukraine, où 100’000 militaires russes seraient déployés. « Il semble que le risque de guerre dans la zone de l’OSCE n’ait jamais été aussi intense au cours des 30 dernières années », a commenté Zbigniew Rau, le ministre polonais des Affaires polonais, dont le pays vient de prendre la présidence de l’organisation pour un an.

Le représentant russe auprès de l’OSCE, Alexandre Loukachevich, a évoqué l’avertissement lancé par M. Poutine en décembre, à savoir que Moscou prendrait une « série d’options » dans le cas où l’Otan refuserait de donner suite à ses revendications. « Si nous n’entendons pas de réponse constructive à nos propositions dans un délai raisonnable et si le comportement agressif envers [la Russie] se poursuit, alors nous devrons prendre les mesures nécessaires pour assurer l’équilibre stratégique et éliminer les menaces inacceptables pour notre sécurité nationale », a-t-il déclaré, via Twitter.

Le Haut repésentant de l’Union pour les Affaires étragères et la politique de sécurité, Josep Borrell, n’a pas dit autre chose, peu avant le début d’une réunion informelle avec les ministres de la Défense des États membres de l’UE, à Brest. Ainsi, selon lui, les mouvements de troupes russes observés pèrs de l’Ukraine « font partie de la pression » exercée par la Russie pour obtenir les garanties qu’elle demande. Pour autant, a-t-il estimé, il n’est « pas question de négocier sous la pression ».

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