Boeing tente de sauver la commande potentielle de F/A-18 Super Hornet en Allemagne

L’année 2021 n’aura pas été favorable à Boeing dans le domaine de l’aviation de Boeing. En effet, trois pays jusqu’alors dotés de son F/A-18 Hornet n’ont pas retenu le successeur de celui-ci, à savoir le F/A-18 Super Hornet, pour moderniser leurs forces aériennes respectives. La Suisse et la Finlande lui ont préféré le F-35A de Lockheed-Martin, lequel fait partie, avec le Gripen E/F suédois, des finalistes d’un appel d’offres lancé par le Canada.

L’avenir du F/A-18 Super Hornet s’étant assombri, il n’est pas impossible que ces échecs puissent influencer le choix de l’Allemagne, qui cherche un successeur à son chasseur-bombardier PANAVIA Tornado, utilisé par la Luftwaffe pour emporter la bombe B-61 dans le cadre du partage nucléaire de l’Otan et mener des missions de guerre électronique.

Selon les plans arrêtés par la précédente coalition gouvernementale allemande, qui associant les chrétiens-démocrates de la CDU/CSU d’Angela Merkel aux sociaux-démocrates du SPD, Berlin devait normalement passer commande de 30 F/A-18 Super Hornet et 15 E/A-18 Growler pour la guerre électronique.

Ce choix s’expliquait parce que l’industrie aéronautique allemande, en particulier Airbus Defence & Space, s’était opposée à l’achat de F-35A, pourtant souhaité par la Luftwaffe, de même que la France, qui craignait de voir le projet de Système de combat aérien du futur en pâtir.

Seulement, depuis les dernières élections fédérales, la donne politique a changé. Si elle a clairement indiqué que l’Allemagne maintiendrait sa participation au partage nucléaire de l’Otan et souligné la nécessité de remplacer les Tornado, la nouvelle coalition « tricolore », formée par le SPD, les Verts et les libéraux du FDP, ne s’est pas engagée sur un type d’appareil en particulier. Ce qui n’était pas forcément bon signe pour le F/A-18 Super Hornet.

D’autant plus que le chasseur-bombardier de Boeing ne fait plus partie des appareils devant être certifiés pour emporter la bombe nucléaire tactique B-61.

La semaine passée, la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, a eu un entretien avec le chancelier Scholz pour voir si le F-35A, « plus moderne », pouvait être une solution pour reprendre la mission nucléaire du Tornado, les capacités de guerre électronique, étant alors susceptibles de reposer sur une version ECR SEAD de l’Eurofighter EF-2000 [ou Typhoon].

D’où la réaction de Boeing. Le 12 janvier, le constructeur américain a publié un communiqué pour indiquer qu’il venait d’adresser des « demande d’informations » à plus de dix industriels allemands en vue d’établir un « partenariat de grande envergure » pour assurer le soutien, sur le long terme, de la « potentielle flotte de F/A-18 Super Hornet et de E/A-18 Growler » de la Luftwaffe. De quoi assurer 3,5 milliards d’euros de retombées économiques et industrielles.

« L’Allemagne dispose à la for d’une expertise et d’une capacité d’innovation exceptionnelles dans le domaine de l’industrie aérospatiale. Nous sommes impatients d’étendre nos partenariats au profit de la flotte allemande de F/A-18 Super Hornet et de EA-18G Growler », a commenté le Dr . Michael Haidinger, président de Boeing Allemagne. Avec cette stratégie de partenariats, nous jetons les bases pour de nouvelles opportunités commerciales au profit des champions industriels allemands tout en créant de nouveaux emplois hautement qualifiés et une croissance économique à long terme », a-t-il ajouté.

Au passage, Boeing a insisté sur un point qui devrait plaire au Bundestag. « La combinaison du F/A-18 Super Hornet Block III et du l’EA-18G Growler offre des capacités avancées et éprouvées, ainsi qu’un faible cycle de vie et des coûts d’acquisition parfaitement adaptés pour répondre aux exigences allemandes en matière d’avtion de combat, y compris pour ses engagements à l’égard de l’Otan », a-t-il fait valoir.

Et d’insister sur le fait que, avec « 17’000 euros par heure de vol », les coûts d’exploitation du F/A-18 Super Hornet « sont les moins élevés de tous les avions de combat américains », ce qui en fait « de loin la solution la plus rentable pour les besoins de la mission de la Luftwaffe ». Reste à voir si de tels arguments suffiront pour éloigner le F-35A de la course à la succession du Tornado.

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