Des discussions sont en cours pour renforcer la présence militaire de l’Otan dans les pays baltes

Quand un diplomate arrive à la table des négocations en assurant qu’il ne fera aucune concession sur des revendications que son interlocuteur estime inacceptables, il n’y a guère de chance d’avancer… Et c’est ce qu’il s’est passé entre la Russie et les États-Unis le 10 janvier… Et c’st aussi le résultat du Conseil Otan-Russie [COR] de ce jour.

Pour rappel, ayant accentué sa pression militaire sur l’Ukraine, la Russie réclame des garanties « juridiques » sur sa sécurité, lesquelles se résument à l’arrêt de l’élargissement de l’Otan à ses frontières et à une limitation des activités militaires dans les pays ayant rejoint l’organisation après 1997. Tant pour les États-Unis que pour l’Alliance [ainsi que pour l’Union européenne… Mais Moscou n’a pas souhaité avoir son avis], de telles revendications sont inacceptables. D’où l’impasse.

« La discussion n’a pas été aisée. Les échanges ont été directs sur la situation en Ukraine et des différences majeures ont été constatées sur la sécurité en Europe », a résumé Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, à l’issue d’une réunion avec Alexandre Grouchko, l’un des vice-ministres russes des Affaires étrangères, ce 12 janvier. « Nous avons proposé d’avoir un ensemble de réunions pour traiter d’un ensemble de questions, mais la Russie n’a pas été en mesure d’agréer cette proposition, même si elle ne l’a pas rejetée », a-t-il poursuivi, soulignant que « le risque d’un nouveau conflit armé est réel » et qu’il revient à la Russie de faire un premier pas en vue « d’une sortie de crise ».

Cela étant, il est peu probable, en l’état actuel des choses, que ces discussions puissent aboutir à un accord.

Parmi ses revendications, la Russie demande à l’Otan de « ne pas déployer de militaires et d’armements supplémentaires » dans les pays ayant rejoint l’Alliance après 1997, sauf cas exceptionnels et avec l’accord de Moscou, ainsi que de « renoncer à toute activité militaire en Ukraine, en Europe de l’Est, en Transcaucasie, en Asie centrale ». Or, cela est évidemment inacceptable pour les Alliés… qui envisagent même de renforcer leur présence militaire dans les pays baltes, lesquels accueillent déjà des groupements tactiques multinationaux.

Ainsi, et alors que se tenait le Conseil Otan-Russie, la cheffe du gouvernement estonien, Kaja Kallas, dont le pays a rejoint l’Alliance en 2004, avec la Lituanie et la Lettonie, a confirmé que des pourparlers étaient en cours avec les Alliés en vue de renforcer les groupements tactiques actuellement déployés dans ces trois pays baltes.

« Bien sûr, nous discutons avec nos alliés pour augmenter leur présence ici afin d’avoir un effet dissuasif », a en effet affirmé Mme Kallas, lors d’un entretien accordé à l’agence Reuters. « Si vous regardez une carte, les États baltes sont une péninsule de l’Otan et nous avons donc nos inquiétudes », a-t-elle ajouté.

Quant aux discussions avec Moscou, Mme Kallas a estimé qu’il ne fallait « pas tomber dans le piège en discutant de ce que l’Occident pourrait faire, car il n’a rien fait de mal : il n’a pas formé de groupes militaires pour attaquer la Russie ».

Pour rappel, en 2017, l’Otan a déployé quatre groupements tactiques multinationaux dans les pays baltes et en Pologne, au titre d’une « présence avancée réhaussée » [eFP]. Les forces françaises y prennent part, avec 300 militaires engagés dans la mission Lynx, en Estonie. Cela étant, les États concernés ont régulièrement avancé que cet effort n’était pas suffisant. C’est en particulier le cas de la Lituanie qui, en novembre dernier, a encore réclamé une présence militaire américaine sur son territoire.

D’après une source diplomatique citée par Reuters, l’opportunité d’accroître les forces de l’Otan dans les pays baltes pourrait faire l’objet d’une discussion lors d’une réunion des ministres de la Défense des pays membres, en février prochain.

Par ailleurs, il est aussi question que l’Otan renforce sa présence dans les Balkans et la région de la mer Noire, selon un modèle identique à celui mis en place pour les pays baltes et la Pologne. La Roumanie y serait prête… mais pas la Bulgarie, dont le ministre de la Défense, Stefan Yanev, a dit ne pas en voir l’intérêt.

En attendant, les forces spéciales américaines sont en train d’établir un « quartier général » en Albanie, pays choisi en raison de la possibilité qu’il offre pour « se déplacer et s’entraîner rapidement dans les Balkans, en étroite coordination avec les autres forces alliées et partenaires ».

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