Le ministère des Armées se félicite de la [lente] amélioration de la disponibilité de ses aéronefs

Jusqu’en 2020, et par l’intermédiaire des questions écrites posées par le député François Cornut-Gentille au ministère des Armées, on pouvait obtenir les taux de disponibilité des différents aéronefs en service au sein des forces françaises, hormis ceux utilisés pour la dissuasion nucléaire. Ce qui permettait ainsi d’évaluer les politiques menées en matière de Maintien en condition opérationnelle aéronautique [MCO Aéro].

Seulement, il n’est désormais plus possible d’avoir de tels chiffres, alors même qu’une réforme du MCO Aéro a été engagée en décembre 2017. Pour justifier la mise sous le boisseau de ces données, le ministère des Armées a invoqué des « impératifs renforcés de confidentialité ».

Désormais, il faut donc se contenter de la « disponibilité technique opérationnelle » [DTO], laquelle correspond au nombre d’aéronefs disponibles par rapport à celui nécessaire pour honorer le scénario le plus « dimensionnant » des contrats opérationnels fixés aux armées. Aussi, par définition, les taux de DTO sont donc généralement supérieurs aux taux de disponibilité technique, calculé en fonction du nombre d’aéronefs aptes à voler au sein d’une flotte.

Quoi qu’il en soit, la semaine passée, le ministère des Armées a fait valoir que la réforme du MCO Aéro portait « ses fruits ».

Pour rappel, celle-ci a notamment consisté à créer la Direction de la Maintenance aéronautique [DMAé], sous l’autorité directe du chef d’état-major des armées [CEMA]. Et sa tâche vise à simplifier la chaîne du MCO Aéro en regroupant tous les marchés de maintenance relatif à un type d’aéronef précis dans un contrat dit « verticalisé », lequel est ensuite notifié à un prestataire unique, avec une obligation de résultats à la clé.

En mai dernier, la DMAé avait déjà mis en avant des avancées en matière de MCO Aéro, avec quelques chiffres à l’appui. Ainsi, elle avait indiqué que 82 Rafale étaient disponibles en février 2021, contre 70 un an plus tôt [sans toutefois préciser s’il s’agissait uniquement de ceux de l’armée de l’Air & de l’Espace, ndlr]. Des progrès avaient également été constatés pour les 67 hélicoptères d’attaque Tigre de l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT], 31% d’entre eux ayant été considérés « disponibles » en 2020, contre 26% en 2017.

Cependant, les données livrées par la DMAé lors de la dernière conférence de presse du ministère des Armées brouillent les pistes étant donné que les points de référence ne sont pas les mêmes qu’en mai 2021. Ainsi, selon ces dernières, 55% des 98 Rafale en dotation au sein de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] au premier juillet 2021 auront finalement été disponibles [contre 53% en 2018, sur une flotte de 102 appareils]. Quant aux 42 Rafale M de la Marine nationale, 61% d’entre eux l’ont été l’an passé [contre 53% trois ans plus tôt].

Pour rappel, avec les prélèvements devant être effectués sur la flotte de Rafale de l’AAE afin d’honorer les commandes passées par la Grèce et la Croatie, l’amélioration de la disponibilité des appareils restants, via les contrats RAVEL et BOLERO, est un impératif.

S’agissant des hélicoptères Tigre, 35% des appareils ont été disponibles en 2021, soit 6 points de plus qu’il y a trois ans… Alors qu’en 2017, le taux de disponibilité technique de la version HAD [Appui et Destruction] avait été de 34% quand celui de la variante HAP [Appui et Protection] s’était élevé à 31%.

En outre, la disponibilité des avions de patrouille maritime Atlantique 2 semble s’améliorer. En 2018, moins d’un appareil sur quatre était disponible. L’an passé, 31% l’ont été, alors que la flotte est en train d’être modernisée, en passant au standard 6.

La disponibilité des A400M paraît plus confuse. En mai dernier, l’un des tableaux fournis par la DMAé avait indiqué que 6 avions de transport A400M « Atlas » étaient disponibles à cette date, soit deux fois plus qu’en 2017… Alors même que leur nombre avait augmenté entre-temps. La semaine passée, elle a avancé un taux de disponibilité de 35%, en progression de huit points par rapport à une année de référence non précisée.

Enfin, les chiffres concernant la disponibilité des hélicoptères Cougar et Caracal ne permettent pas de tirer de conclusion définitive. En mai 2021, la DMAé les avait mis dans le même panier, assurant que le nombre d’appareils disponibles était passé de 25% environ en 2017 à 42% quatre an plus tard, ce qui marquait un progrès appréciable. Sauf que dans les derniers tableaux qu’elle vient de publier, seuls les Cougar sont pris en compte… Et leur disponibilité n’aura été que de 31% en 2021. Quant à celle des Caracal, on n’en saura rien pour le moment.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]