La vente de deux avions de transport A400M au Kazakhstan va-t-elle être compromise?

Depuis le 2 janvier, le Kazakhstan est confronté à de violentes émeutes provoquées par l’annonce d’une hausse susbtantielle des prix du gaz naturel liquéfié. Pour y faire face, le président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev, n’a pas fait dans la demi-mesure.

Après avoir limogé son gouvernement, il a sollicité l’Organisation du traité de sécurité collective [OTSC] pour aider son pays à « vaincre » une « menace terroriste ». Ce qui a donné lieu à un déploiement – massif – des forces russes dans le pays. Puis, il autorisé les forces de l’ordre à tirer sans sommation sur les émeutiers, avant de faire arrêter, pour « haute trahison », Karim Massimov, ancien Premier ministre et ex-chef du Comité national de sécurité du Kazakhstan. Une semaine plus tard, un bilan partiel a fait état de 164 tués et d’environ 6000 personnes interpellées.

Reste à maintenant à savoir quand Moscou rappellera ses troupes du Kazakhstan, alors que le président Tokaïev a de nouveau prétendu, ce 10 janvier, que son pays fait toujours face à une « attaque terroriste », planifiée depuis l’étranger.

« Je n’ai aucun doute qu’il s’agit d’une attaque terroriste, un acte organisé et bien préparé contre le Kazakhstan avec la participation de combattants étrangers de pays d’Asie centrale, y compris d’Afghanistan. Des combattants du Moyen-Orient ont également participé », a en effet déclaré M. Tokaïev.

Son homologue russe, Vladimir Poutine, ne dit pas autre chose, celui-ci ayant estimé, ce 10 janvier, que le Kzakhstan avait été la cible d’une « agression du terrorisme international », menée par des « bandes d’hommes armés » possédant « une expérience du combat » après avoir été formés dans des « centres à l’étranger ». Et de prévenir que Moscou ne tolérerait pas de « révolutions colorées » dans les ex-républiques de l’Union soviétiques, à l’image de celles qui eurent lieu en Ukraine et en Géorgie, dans les années 2000.

« Nous comprenons qu’il ne s’agit ni de la première ni de la dernière tentative de s’immiscer dans les affaires de nos pays. […] Et nous ne laisserons pas la situation être perturbée chez nous, et nous ne laisserons pas se développer les scénarios de soi-disant révolutions colorées », a ainsi fait valoir le chef du Kremlin. Aussi, a-t-il précisé, le contingent russe se retirera une fois sa mission au Kazakhstan remplie.

Ce qui pourrait prendre… un certain temps. « Une leçon de l’histoire récente est qu’une fois que les Russes sont chez vous, il est parfois très difficile de les faire partir », a ironisé Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, le7 janvier. D’autant plus que cette situation sert les intérêts de Moscou… qui s’inquiétait de voir le Kazakhstan se rapprocher de la Turquie et des Occidentaux.

D’ailleurs, en septembre dernier, Noursoultan [ex-Astana] avait officialisé la commande de deux avions militaires de transport A400M auprès d’Airbus, afin de compléter sa flotte de neuf C-295, également acquis auprès du groupe européen.

« L’A400M deviendra la pierre angulaire des opérations de transport aérien tactique et stratégique du Kazakhstan », s’était alors réjoui Michael Schoellhorn, le Pdg d’Airbus Defence and Space [ADS].

Normalement, ces deux avions doivent être livrés à la force aérienne kazakhe en 2024. Mais le seront-ils? En effet, le 8 janvier, l’Allemagne a fait part de sa décision d’arrêter ses exportations de matériels militaires vers le Kazakhstan. Une interdiction qui « s’impose au vu de la situation », a justifié un porte-parole du ministère allemand de l’Économie auprès de l’AFP.

Étant donné que des composants de l’A400M sont produits en Allemagne, avant d’être envoyés à Séville [Espagne], cela veut dire que les avions commandés par le Kazakhstan risquent fort de ne pas lui être livrés si la situation actuelle venait à se prolonger.

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