Ukraine/Russie : « Le risque d’un nouveau conflit est réel », estime le secrétaire général de l’Otan

Ayant, lors de ces dernières semaines, accentué sa pression militaire sur l’Ukraine, la Russie a obtenu des États-Unis et de l’Otan l’ouverture de discussions en vue d’obtenir des garanties « juridiques » sur sa sécurité et de redéfinir ainsi l’architecture de sécurité en Europe.

Ainsi, Moscou exige notamment la fin l’élargissement de l’Alliance atlantique et entend limiter les activités militaires dans les pays ayant rejoint cette dernière après 1997. Or, de telles revendications ne sont pas acceptables pour l’Otan et Washington… Ainsi que pour l’Union européenne [UE], comme l’a récemment souligné Josep Borrell, son haut représentant pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité. Sauf que celle-ci n’a pas été conviée aux discussions voulues par la Russie…

Emboîtant le pas de M. Borrell, le président français, Emmanuel Macron, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ont fait valoir que l’UE devait être impliquée dans les discussions que tiendront la Russie, les États-Unis et l’Otan à partir du 10 janvier prochain.

« Quelle que soit la solution, elle doit passer par l’Europe […]. Il n’y aura (de) solution qu’avec l’Europe », a déclaré Mme von der Leyen, alors qu’elle était reçue à l’Élysée pour évoquer la présidence française de l’UE, le 7 janvier. « Toute la situation géopolitique de la région impose que l’Europe, l’Union européenne, puisse proposer sa vision des choses, agir et se mettre autour de la table avec l’ensemble des parties prenantes », a abondé M. Macron.

Le même jour, le sécrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a également affirmé qu »‘aucune discussion sur la sécurité de l’Europe ne se tiendra sans les Européens à la table des négociations », après avoir fait part de ses préoccupation au sujet des mouvements de troupes russes qui se poursuivent près de l’Ukraine.

« Le renforcement militaire de la Russie se poursuit autour de l’Ukraine et est accompagné d’un discours menaçant de Moscou si ses exigences ne sont pas acceptées. Or, elles sont inacceptables, et le risque d’un nouveau conflit est réel », a en effet prévenu M. Stoltenberg, à l’issue d’une vidéoconférence avec les ministres des Affaires étrangères de l’Otan. « Il est hors de question que l’Otan transige sur le principe du droit de chaque nation à choisir sa propre voie, y compris le type d’accord de sécurité dont elle veut faire partie », a-t-il de nouveau fait valoir.

Aussi, a-t-il continué, « nous devons nous préparer à la perspective que la consultation échoue ». Étant donné que « l’Ukraine […] n’est pas couverte par la clause de défense collective » prévue par l’article 5 du Traité de l’Atlantique-Nord, l’Alliance ne se portera pas à son secours en cas d’offensive russe. Cependant, « si la Russie décide d’utiliser des moyens militaires contre un voisin, elle sera frappée par des sanctions économiques et politiques sévères », a prévenu M. Stoltenberg, avant d’indiquer que l’Otan se prépare, le cas échéant, à « renforcer sa présence militaire » sur son flanc oriental, et compte sur sa force de réaction rapide [NRF], forte de 40’000 hommes.

Pour rappel, le quartier général du Corps de réaction rapide France [CRR-Fr] assure, depuis le 1er janvier, le commandement de la composante terrestre de cette NRF tandis que celui de la composante aérienne revient à l’armée de l’Air & de l’Espace. En outre, la France a pris la succession de la Turquie à la tête de la Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation [VJTF] de l’Otan.

Cela étant, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a estimé qu’une « solution diplomatique » avec Moscou est « encore possible », à la condition que la partie russe accepte de dialoguer… C’est à dire à revoir ses exigences à la baisse.

« Nous sommes prêts à répondre avec force à une nouvelle agression russe. Mais une solution diplomatique est encore possible, et préférable, si la Russie choisit cette voie », a affirmé M. Blinken, également le 7 janvier.

« Je pense que cela fait certainement partie de leur stratégie de présenter une liste d’exigences absolument irrecevables et ensuite prétendre que l’autre camp ne joue pas le jeu et utiliser cela comme une justification pour une agression », a ensuite enchaîné M. Blinken. « Mais la réalité est que la Russie sait très bien ce que nous ne pouvons pas accepter. Et il y a aussi des dossiers, des sujets, sur lesquels nous pouvons dialoguer », a-t-il continué, tout en n’écartant pas l’hypothèse que Moscou « ourdisse une provocation ou un incident pour ensuite l’utiliser afin de justifier une intervention militaire, dans l’espoir que, quand le monde se rendra compte de sa ruse, il sera trop tard ».

À noter que, quelques jours plus tôt, au côté de son homologue allemande, Annalena Baerbock, M. Blinken avait estimé que les progrès diplomatiques avec la Russie allaient être « difficiles » si celle-ci maintenait un « pistolet sur la tempe de l’Ukraine » et n’engageait pas une « désescalade ».

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