Mali : Les soldats français partis, les « instructeurs militaires » russes sont arrivés à Tombouctou

Lors du dernier point presse hebdomadaire du ministère des Armées, le 6 janvier, le colonel Pascal Ianni, le porte-parole de l’État-major des armées [EMA] n’a pas souhaité commenter l’accrochage ayant eu lieu près de la localité de Mandoli [centre du Mali] entre un groupe terroriste et les Forces armées maliennes [FAMa] et au cours duquel un « instructeur militaire » russe aurait été blessé.

« Nous sommes dans des compartiments de terrain complètement distincts, donc la force Barkhane n’a pas été impliquée dans cet incident, si tant est qu’il ait bien eu lieu » a en effet déclaré le colonel Ianni. En tout cas, plusieurs sources, dont un influent élu local cité par l’AFP, ont confirmé cet accrochage, qui aurait fait plusieurs morts parmi les jihadistes [appartenant probablement à la katiba Macina, membre du Groupe de soutien à l’islam et aux musumans] et les FAMa.

Quoi qu’il en soit, la présence de ces « instructeurs militaires » russe au Mali est de plus en plus visible. Pour autant, on ignore s’il s’agit de mercenaires du groupe paramilitaire Wagner [proche du Kremlin] comme le soupçonnent la France et les États-Unis, ou si ce sont des militaires « réguliers », c’est à dire relevant du ministère russe de la Défense, comme le prétend Bamako.

Sollicité par l’AFP, un responsable militaire malien a évalué à environ 400 le nombre de ces « instructeurs » russes actuellement présents au Mali. « Vous parlez de mercenaires, C’est votre affaire. Pour nous, se sont des instructeurs russes », a-t-il. Un autre a assuré que ceux-ci sont déployés dans « plusieurs parties » du pays.

Comme semble être le cas au camp militaire de Sofara, situé au sud de Mopti et à l’ouest de la région dite des trois frontières, où la force Barkhane se redéploie, avec ses partenaires européens du groupement Takuba. À noter que, le 28 décembre, elle y a conduit une opération aéroterrestre ayant abouti à la « neutralisation » d’une quinzaine de terroristes, à une vingtaine de kilomètres de Baraboulé, au Burkina Faso.

En tout cas, signe qu’elles entendent mettre le couvercle sur ce qu’il s’y passe, les autorités maliennes ont protesté contre le survol du camp de Sofara par un aéronef de la Mission des Nations unies au Mali [MINUSMA], en début de semaine. Et un responsable malien a confirmé qu’il a été demandé, « avec fermeté », à cette dernière de ne plus envoyer d’avions au-dessus de cette emprise militaire. « Si cela ça se répète, nous prendrons nos responsabilités », a-t-il prévenu, selon l’AFP.

Des « instructeurs militaires » russes – plusieurs dizaines – sont aussi présents à Tombouctou, que la force Barkhane a quitté le 14 décembre dernier, dans le cadre de la réorganisation de son dispositif au Sahel. Un responsable malien a soutenu qu’il s’agissait de formateur ayant la tâche d’assurer, en quelque sorte, le service « après-vente » d’équipements de facture russe. Sans doute les hélicoptères Mil Mi-17 récemment livrés aux FAMa, lesquelles ont également reçu, en décembre, des blindés BRDM-2 et BTR-70 ainsi que des VN2C produits par le groupe chinois NORINCO.

« Ça s’appelle le service après-vente. Nous avions acquis du matériel militaire auprès de la Russie et des instructeurs russes sont à Tombouctou pour former nos troupes. Où est le problème? », a ainsi déclaré un officier malien à RFI, qui, par ailleurs, rapporte que des témoins ont vu ces « instructeurs russes » à bord d’un véhicule circulant non loin du camp rétrocédé aux FAMa par Barkhane le mois dernier.

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