Face à la Chine et à la Corée du Nord, le Japon renforce ses liens militaires avec l’Australie et les États-Unis

Entre une Chine qui ne cesse d’affirmer ses ambitions et une Corée du Nord dotée de l’arme nucléaire et, désormais, d’engins hypersoniques, comme en a encore témoigné le nouvel essai qu’elle a dit avoir mené avec succès le 5 janvier, le Japon n’entend pas baisser la garde.

Ainsi, fin décembre, son gouvernement, conduit par Fumio Kishida, a validé la dixième hausse consécutive de ses dépenses militaires, celles-ci devant atteindre 5’400 milliards de yens, soit 41,7 milliards d’euros. Et ce n’est sans doute pas fini puisque le Parti libéral démocrate, au pouvoir, a promis qu’il doublerait le budget des forces d’autodéfense japonaises lors de la campagne des élections législatives, en octobre dernier.

En attendant, avec l’enveloppe dont il disposera en 2022, le ministère japonais de la Défense pourra financer l’achat de 12 avions de combat F-35 [dont quatre en version STOVL], un sous-marin supplémentaire, la modernisation des F-15, le développement du chasseur F-15 et le renforcement des capacités antimissiles, cybernétiques et spatiales du pays.

Dans le même temps, le Japon entend renforcer ses alliances militaires.

Ainsi, l’idée d’un « pacte de défense » avec l’Australie, avancée en 2018, s’est concrétisée le 6 janvier, Tokyo et Canberra ayant signé un traité qualifié d' »historique » par Scott Morrison, le Premier ministre australien.

Ce pacte est « l’affirmation de l’engagement des deux nations à travailler ensemble pour relever les défis de sécurité stratégique communs auxquels nous sommes confrontés et à contribuer à un Indo-Pacifique sûr et stable », a commenté M. Morrison. « Ce traité historique […] fournira pour la première fois un cadre clair pour une interopérabilité et une coopération accrues entre nos deux forces » et il est l’expression de « nos valeurs communes, notre engagement en faveur de la démocratie et des droits de l’Homme, et nos intérêts communs dans un Indo-Pacifique libre, ouvert et résilient ».

Pour M. Kishida, cet accord doit être vu comme « un instrument historique qui élèvera la coopération en matière de sécurité entre les nations à de nouveaux sommets ». Par ailleurs, l’ambassadeur du Japon en Australie, Shingo Yamagami, a fait valoir que, « la lumière de la détérioration de l’environnement sécuritaire, ce que le Japon et l’Australie peuvent faire ensemble est avant tout d’accroître la dissuasion ».

Pour rappel, l’Australie fait aussi partie de l’alliance AUKUS, avec le Royaume-Uni et les États-Unis, ce qui a été la cause d’une crise diplomatique majeure avec la France, en raison de la décision de Canberra d’annuler l’achat de 12 sous-marins auprès du constructeur français Naval Group et de se procurer d’autres navires de ce type… mais à propulsion nucléaire.

Par ailleurs, le Japon est également lié aux États-Unis par un traité du même ordre que celui qu’il vient de conclure avec l’Australie. Et, le 7 janvier, il a signé un accord prolongeant sa contribution financière à la présence de forces américaines sur son territoire. Le montant de celle-ci va augmenter de 5% pour s’établir à 1055 milliards de yens sur cinq ans [soit environ 9 milliards de dollars].

À cette occasion, les ministres japonais de la Défense et des Affaires étrangères, Nobuo Kishi et Yoshimasa Hayashi, ont discuté avec leurs homologues américains, Lloyd Austin et Antony Blinken, des moyens pour renforcer la coopération militaire entre les deux pays contre les menaces « émergentes ».

Si la Chine n’a pas été explicitement évoqué au moment de la signature de l’accord de défense entre le Japon et l’Australie, il en a été autrement lors du dialogue entre les ministres japonais et américains, ceux-ci ayant exprimé leurs « préoccupations » à l’égard des efforts continus de Pékin pour « nuire à l’ordre fondé sur des règles ». Et d’assurer de leur détermination à « travailler ensemble pour dissuader et, si nécessaire, répondre à des activités déstabilisatrices dans la région ».

En outre, ils se dits « préoccupés par les activités » de Pékin « en mer de Chine orientale, qui compromettent davantage la paix et la stabilité régionales » tout en soulignant « l’importance de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taiwan ». Et les États-Unis ont de nouveau affirmé qu’ils sont « fermement solidaires » du Japon et qu’ils s’opposeraient à « à toute unilatérale visant à modifier le statu quo ou à saper l’administration japonaise des îles Senkaku », convoitées par la Chine.

Quant au renforcement de la coopération militaire entre le Japon et les États-Unis, elle devrait passer par un « nouvel accord de recherche et de développement » pour trouver des parades aux menaces émergentes, comme les armes hypersoniques. Pour contrer ces dernières, le Japon a lancé un projet de canon électromagnétique.

« Nous devons rechercher tous les moyens disponibles, y compris la coopération avec les États-Unis pour renforcer les capacités globales de défense antimissile », a par ailleurs fait valoir le ministre japonais de la Défense.

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