La Russie va-t-elle vendre des avions de combat Su-35 Flanker E à l’Iran?

Le 28 décembre, le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Bahadori-Jahromi, a confirmé que le président Ebrahim Raïssi se rendrait très prochainement en Russie, à l’invitation de Vladimir Poutine, son homologue russe.

« Dans le cadre de l’interaction stratégique entre Téhéran et Moscou, M. Poutine a convié notre président à se rendre en Russie », a en effet affirmé M. Bahadori-Jahromi, précisant que ce déplacement devrait avoir lieu au début de l’année 2022. et qu’il porterait sur la « coopération bilatérale, régionale et nationale », notamment au niveau « économique et commercial ».

Les deux pays ont quelques intérêts communs à faire valoir, comme par exemple en Syrie, où l’un et l’autre soutiennent militairement le régime de Bachar el-Assad. En outre, ils partagent aussi quelques inquiétudes, notamment au sujet de la situation en Afghanistan. Enfin, l’Iran peut compter sur la bienveillance de la Russie dans les négociations actuellement menées pour « sauver » l’accord de Vienne sur son programme nucléaire, alors que celui-ci bat sérieusement de l’aile depuis la décision des États-Unis de s’en retirer et de rétablir les sanctions contre l’économie iranienne.

Par ailleurs, cette visite de M. Raïssi au Kremlin sera-t-elle l’occasion de signer un accord un partenariat stratégique, annoncé en octobre 2021 par la diplomatie iranienne? C’est ce qu’affirme l’agence de presse iranienne Mehr. En tout cas, celle-ci parle d’un accord de sécurité et de défense, dans le cadre duquel l’Iran pourrait acquérir une « dizaine » d’avions de combat Su-35 Flanker E, des systèmes de défense aérienne S-400 et un satellite militaire pour 10 milliards de dollars.

Un tel accord serait rendu possible par la levée, en octobre 2020, de l’embargo sur les armes qui était alors imposé par les Nations unies à l’Iran. Seulement, aucune confirmation n’a été faite pour le moment…

Cela étant, les informations de l’agence Mehr ont relancé les spéculations sur le sort des Su-35 commandés par l’Égypte. Longtemps objet de rumeur, ce contrat a été confirmé en mai 2020, via la publication d’un avis de marché par les autorités russes. On y apprenait qu’un contrat avait été ainsi signé deux ans plus tôt. Puis, il fut rapporté que cinq de ces avions avaient été livrés aux forces égyptiennes quelques semaines plus tard. Ce qui n’a depuis jamais été officiellement confirmé.

Puis, en août 2020, en marge d’une visite du ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, à l’usine d’aviation de Komsomolsk-sur-Amour [KnAAPO], des précisions supplémentaires furent apportées. Ainsi, selon Red Samovar, le contrat égyptien portait sur la livraison de 30 Su-35 au total [22 en 2020 et 8 en 2021] et qu’il était question de produire des avions supplémentaires devant être livrés en 2022 à un autre client étranger, non précisé.

Depuis, il est apparu, comme le relève Air&Cosmos, que les Su-35 destinés à l’Égypte n’ont pas quitté la Russie. Ce qui laisse supposer que Le Caire a renoncé à en doter ses forces aériennes… d’où sa commande de 30 Rafale de plus en 2021.

Et plusieurs raisons sont avancées en guise d’explication. La première est que l’avion russe n’aurait pas fait le poids face au Rafale, son radar Irbis-E ayant été mis en échec par le système SPECTRA. Mais là encore, rien ne permet de le confirmer. Une autre met en avant le souci des autorités égyptiennes d’éviter des sanctions américaines au titre de la loi dite CAATSA [Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act] laquelle prévoit des mesures contre toute entité ayant signé des contrats avec l’industrie russe de l’armement.

Quoi qu’il en soit, si la vente de Su-35 Flanker E à l’Iran se confirme, alors ce serait un « petit » évènement, Téhéran n’ayant plus acquis de nouveaux avions de combat modernes depuis plus de trente ans [18 MiG-29 et 12 Su-24 à l’époque, ndlr]. En outre, cela marquerait un saut qualitatif majeur pour ses forces aériennes, lesquelles sont principalement dotés d’appareils livrés par les États-Unis peu avant la chute du Shah d’Iran.

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