Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité veulent « prévenir la guerre nucléaire », qui « ne peut être gagnée »

Entré en vigueur il y a maintenant plus de cinquante ans, le fonctionnement du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires [TNP] doit faire l’objet d’un examen tous les cinq ans. Ce qui sera donc le cas du 24 au 28 janvier 2022, dans la cadre de la dixième « Conférence d’examen des parties » à ce texte. Les travaux relatives à celle-ci sont ainsi coordonnés par la France depuis deux ans.

« La France reste mobilisée pour contribuer positivement à la 10e Conférence d’examen du TNP et préserver l’autorité et la primauté de ce Traité, dans chacun de ses trois piliers : désarmement nucléaire, non-prolifération nucléaire et usages pacifiques de l’atome », a ainsi fait valoir l’Élysée, dans un communiqué publié ce 3 janvier.

C’est donc dans ce contexte que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies [France, Russie, États-Unis, Chine, Royaume-Uni], lesquels ont en commun d’être dotés de l’arme nucléaire, ont publié une déclaration conjointe pour affirmer leur engagement à « prévenir la guerre nucléaire et éviter les courses aux armements ».

« Nous affirmons qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée. Compte tenu des conséquences de grande ampleur qu’aurait l’emploi des armes nucléaires, nous affirmons également que celles-ci, tant qu’elles existent, doivent servir à des fins défensives, de dissuasion et de prévention de la guerre. Nous sommes fermement convaincus de la nécessité de prévenir la poursuite de la dissémination de ces armes », ont en effet déclaré les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, considérant qu’il est de leur « responsabilité première d’éviter une guerre entre États dotés d’armes nucléaires et de réduire les risques stratégiques ».

En outre, ils ont également réaffirmé « l’importance de traiter les menaces nucléaires » et souligné la « nécessité de préserver et de respecter nos accords et engagements bilatéraux et multilatéraux en matière de non-prolifération, de désarmement et de maîtrise des armements ».

Or, ces dernières années, cela n’a pas toujours été le cas… le Traité sur les Forces nucléaires intermédiaires [FNI], qui ne concernait que les États-Unis et la Russie, étant devenu lettre morte… Et il s’en est fallu de peu pour que le traité New Start ne soit pas reconduit. Par ailleurs, le Royaume-Uni a fait part de son intention d’augmenter la taille de son arsenal nucléaire de 40%… alors que la Chine est passée aux actes. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm [Sipri], le nombre d’armes nucléaires chinoises aurait en effet progressé de 20% en deux ans, passant de 290 à 350.

Quoi qu’il en soit, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité disent rester « déterminés à respecter [leurs] obligations en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, notamment celle qui figure à l’article VI » laquelle invite à « ‘poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace' ».

Puis, après avoir assuré vouloir maintenir et renforcer leurs propres mesures visant à « empêcher l’utilisation non autorisée ou non intentionnelle d’armes nucléaires », les cinq signataires ont fait part de leur volonté de « travailler avec tous les États pour mettre en place un environnement de sécurité permettant d’accomplir davantage de progrès en matière de désarmement, avec pour objectif ultime un monde exempt d’armes nucléaires avec une sécurité non diminuée pour tous ».

Et de conclure : « Nous entendons continuer à rechercher des approches diplomatiques bilatérales et multilatérales pour éviter les affrontements militaires, renforcer la stabilité et la prévisibilité, accroître la compréhension et la confiance mutuelles, et prévenir une course aux armements qui ne profiterait à personne et nous mettrait tous en danger ».

Selon le SIPRI, le monde comptait un peu plus de 13’000 armes nucléaires au début 2021, soit environ 400 de moins par rapport à l’année précédente. En plus des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, quatre autres pays en disposent, dont l’Inde, le Pakistan et Israël [qui ne sont pas signataires du TNP] ainsi que la Corée du Nord [qui s’en est retirée].

« Par un mélange de chance et de discernement, les armes nucléaires n’ont pas été utilisées depuis la destruction d’Hiroshima et Nagasaki en 1945. Mais compte tenu du stockage de plus de 13’000 armes nucléaires dans les arsenaux du monde entier, combien de temps notre chance peut-elle durer? », avait par ailleurs demandé Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, dans une tribune publiée le mois dernier par le Journal du Dimanche.

Aussi avait-il estimé que la 10e Conférence d’examen des parties au TNP devait permettre de « définir la marche à suivre en vue du désarmement nucléaire », de « décider de nouvelles mesures de transparence et de dialogue afin de réduire le risque de guerre nucléaire », de « prévenir les crises nucléaires qui couvent au Moyen-Orient et en Asie », d' »œuvrer au renforcement des instances mondiales qui appuient la non-prolifération », de « promouvoir une utilisation pacifique de la technologie nucléaire » et de « rappeler aux peuples du monde […] que l’élimination des armes nucléaires est le seul moyen de garantir qu’elles ne seront jamais utilisées. »

Photo : Marine nationale

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