Face à la Russie, la Finlande réaffirme son droit à rejoindre l’Otan si elle le décide

Quand elle dit vouloir la fin de l’élargissement de l’Otan, la Russie pense d’abord à l’Ukraine et à la Géorgie, deux pays ayant autrefois fait partie de sa sphére d’influence… Mais aussi à la Finlande, pays qui, en tant que grand-duché autonome, fut sous son emprise entre 1809 et 1917 et avec lequel elle partage un frontière longue de 1300 km.

En outre, durant la Guerre Froide, la Finlande suivit une politique de neutralité stricte entre l’Otan et l’Union soviétique. Puis, en 1995, elle finit par rejoindre l’Union européenne [UE] et amorça un rapprochement avec l’Alliance atlantique, sans pour autant franchir le pas d’une adhésion, ce contentant de participer, comme la Suède, au « Partenariat pour la Paix » [PPP] proposée par celle-ci.

Seulement, l’annexion de la Crimée par la Russie, en 2014, changea la donne. Et, tant en Suède qu’en Finlande, la question d’intégrer finalement l’Otan commença à faire débat. Dans les même temps, ces deux pays renforcèrent leur coopération militaire, tout en se rapprochant des États-Unis, et même du Royaume-Uni, dans le cadre de la force expéditionnaire commune [Joint Expeditionary Force, JEF], créée par Londres.

En 2016, un rapport remis au gouvernement finlandais avait estimé qu’une adhésion d’Helsinki à l’Otan serait pertinente qu’à la condition où Stockholm en ferait de même.

« L’adhésion de la Finlande sans la Suède engendrerait une situation stratégiquement délicate de poste avancé sans continuité territoriale avec l’Otan » tandis que « si la Suède prend la décison seule d’adhérer à l’Otan, alors la Finlande serait plus exposée et vulnérable qu’aujourd’hui », avaient expliqué les auteurs de ce document.

Enfin, ces derniers avaient aussi estimé qu’une adhésion à l’Otan « renforcerait la dissuasion contre une éventuelle attaque contre » la Finlande… tout étant susceptible de provoquer une « grave crise avec la Russie pour une période indéfinie ».

Quoi qu’il en soit, aucune démarche n’a depuis été faite par la Finlande et la Suède pour rejoindre l’Otan. Pour autant, une telle option n’est pas écartée, le Parlement suédois ayant ainsi adopté, en 2020, une « option Otan », laquelle permettrait une éventuelle adhésion « accélérée » à l’organisation si nécessaire.

Quant à la Finlande, le débat a été relancé en ce début d’année par le président Sauli Niinisto et la cheffe du gouvernement finlandais, Sanna Marin.

« Que ce soit dit une fois de plus : la marge de manœuvre et la liberté de choix de la Finlande incluent également la possibilité d’un alignement militaire et de demander l’adhésion à l’Otan, si nous en décidons nous-mêmes », a en effet déclaré M. Niinisto, lors de son allocution pour la nouvelle année.

De son côté, Mme Marin a dit exactement la même chose dans son message du nouvel an. « La Finlande garde la possibilité de demander son adhésion à l’Otan. […] Nous devons défendre cette liberté de choix et veiller à ce qu’elle reste une réalité, car cela fait partie du droit de chaque pays de décider de ses propres politiques de sécurité », a-t-elle fait valoir, avant d’assurer qu’Helsinki continuerait « d’intensifier sa coopération européenne en matière de sécurité et de défense ».

Ces propos ont été tenus alors que, la semaine passée, la diplomatie russe a mis en garde la Finlande et la Suède contre de « graves conséquences » en cas d’adhésion à l’Otan.

« Il est tout à fait évident que l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Otan […] aurait de graves conséquences militaires et politiques qui nécessiteraient une réponse adéquate de la partie russe”, a en effet déclaré Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe de la Défense. Et d’ajouter : « La politique de ne faire partie d’aucune alliance, traditionnellement poursuivie par Stockholm et Helsinki, est considérée par Moscou comme un facteur important pour assurer la stabilité en Europe du Nord ».

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