Le gouvernement malien dément l’arrivée du groupe Wagner… mais pas celle de « formateurs russes »

Quand, en septembre dernier, l’agence Reuters rapporta l’existence de discussions entre le groupe paramilitaire russe Wagner [proche du Kremlin] et les autorités maliennes de transition, celles-ci répondirent en disant « s’étonner » et « s’interroger » sur des « allégations basées uniquement sur des rumeurs et des articles de presse commandités s’inscrivant dans le cadre d’une campagne de dénigrement [du Mali] et de diabolisation de [ses] dirigeants ».

Seulement, quelques jours plus tard, le chef du gouvernement malien de transition, Choguel Kokalla Maïga, fit valoir que Bamako devait « explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d’autres partenaires », après avoir accusé la France d’abandonner son pays « en plein vol », suite à l’annonce de la réorganisation de son dispositif militaire au Sahel.

Puis, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, confirma à demi-mots l’existence de négociations entre Bamako et le groupe Wagner. Ou, du moins, en laissa-t-il le sentiment. « Les autorités maliennes se sont tournées vers une société militaire privée russe parce que, si je comprends bien, la France veut réduire significativement ses forces militaires qui devaient combattre les terroristes à Kidal. […] Tout cela se fait sur une base légitime », entre un « gouvernement légitime, reconnu par tous » et des entités qui « fournissent des services à travers des spécialistes étrangers », avait-il affirmé, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies. Et d’ajouter : « Nous n’avons rien à voir avec cela ».

Or, comme en Centrafrique, l’action de la France au Mali était alors la cible [comme c’est d’ailleurs le cas actuellement] d’une campagne de dénigrement visiblement orchestrée depuis la Russie, avec l’appui d’acteurs locaux, comme, par exemple, le mouvement « Yèrèwolo debout sur les remparts », qui demande le retrait de Barkhane au profit des Russes.

On en était là quand, le 23 décembre, quinze pays, dont la France, ont signé un communiqué pour dénoncer l’arrivée du groupe Wagner au Mali. Et, selon une source gouvernementale française citée par l’AFP, il aurait été constaté des « rotations aériennes répétées avec des avions de transport militaire appartenant à l’armée russe, des installations sur l’aéroport de Bamako permettant l’accueil d’un chiffre significatif de mercenaires, des visites fréquentes de cadres de Wagner à Bamako et des activités de géologues russes connus pour leur proximité avec Wagner ».

Ce que le gouvernement de transition malien a nié à nouveau, via un communiqué publié le 24 décembre au soir et signé par le colonel Abdoulaye Maiga, son porte-parole [et également ministre l’Administration territoriale]. Selon ce texte, celui-ci apporte en effet « un démenti formel à ces allégations sans fondement » sur « un prétendu déploiement des éléments d’une société de sécurité privée au Mali ». Et d’exiger que « des preuves » sur la présence de celle-ci à Bamako « lui soient apportées par des sources indépendantes ».

Cependant, le gouvernement malien admet que des « formateurs russes sont présents au Mali, dans le cadre du renforcement des capacités opérationnelles des Forces de défense et de Sécurité nationales », au même titre que la mission européenne de formation EUTM Mali.

« Le gouvernement demande à être jugé sur des actes plutôt que sur des rumeurs et tient à rappeler que l’État malien n’est engagé que dans un partenariat d’État à État avec la Fédération de Russie, son partenaire historique », poursuit le communiqué.

Ce texte ne s’attarde pas que ces « formateurs russes » présents au Mali. Étant donné que Bamako a récemment reçu des hélicoptères Mil Mi-17, on pourrait penser qu’il s’agit de techniciens et d’instructeurs dont la mission consisterait à former les militaires maliens à utiliser de tels matériels. Mais la référence à l’EUTM Mali en donne un autre éclairage, dans la mesure où cette mission européenne est notamment chargée d’appuyer la formation des forces armées maliennes ainsi que de leur fournir des formations et conseils pour le commandement, le contrôle, la chaîne logistique et les ressources humaines.

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