Trop coûteux, le ministère des Armées ne privilégie pas l’achat d’hélicoptères de transport lourd « pour le moment »

Si elle a mis à l’honneur le NH-90 Caïman TTH dans sa communication autour du récent exercice Falcon Amarante, la 11e Brigade Parachutiste [BP] n’a pas oublié non plus de mettre en valeur l’apport des hélicoptères de transport lourd [HTL] CH-47 Chinook de la Royal Air Force [RAF], avec des photographies de ces appareils diffusées via les réseaux sociaux.

Si, outre-Manche, il été décidé de commander 14 H-47 Chinook ER [Extended Range] afin de remplacer les CH-47 les plus anciens, les forces françaises attendent toujours de disposer d’hélicoptères de transport lourd. Et c’est surtout vrai pour le Commandement des opérations spéciales [COS], pour lequel l’acquisition de tels appareils permettrait « d’envisager de nouveaux modes d’action, plus à même de contrer les menaces futures, au même niveau que nos alliés d’outre-Atlantique et d’Europe », selon l’un de ses anciens chefs.

D’ailleurs, dans un rapport publié en 2014, le Sénat avait admis cette nécessité, au point de plaider pour l’achat d’appareils de ce type, même d’occasion. Qui plus est, les CH-47 britanniques et les EH101 Merlin engagés dans l’opération Barkhane au cours de ces dernières années se montrèrent rapidement incontournables. Ainsi, les trois appareils engagés par la RAF effectuèrent plus de 2’000 de vol entre août 2018 et mai 2020.

Quoi qu’il en soit, et cela a pu donner lieu à quelques bisbilles entre l’armée de Terre et l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] au moment de son élaboration, la Loi de programmation militaire [LPM] a fait l’impasse sur l’achat d’hélicoptères de transport lourd.

Pour autant, lors d’une audition palementaire, le général Philippe Lavigne, alors chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAA] avait admis que des HTL seraient utiles, d’autant plus qu’ils permettraient d’épauler les avions de transport A400M Atlas après le retrait des Transall C-160, notamment en opérant dans des zones difficiles d’accès.

« Nous constatons tout le bénéfice des hélicoptères de transport lourd dans le cadre de l’opération Barkhane […] En liaison avec des partenaires comme l’Allemagne, le Canada et le Royaume-Uni, nous examinons la possibilité de former des pilotes et réfléchissons en parallèle à la location de ce type de capacité », avait alors indiqué le CEMAAE.

D’où, d’ailleurs, l’idée, avancée par l’AAE en février 2020, de louer quelques HTL par crédit-bail afin de les essayer avant de procéder éventuellement à une acquisition patrimoniale. Le MH-47G, une variante du CH-47 mise au point pour les forces spéciales, tenaient alors la corde. Et depuis, ce projet est tombé dans les oubliettes.

Dans une réponse à une question écrite posé par le député Bernard Boulay qui s’inquiétait d’un « trou capacitaire béant » en matière d’hélicoptères de transport à l’heure où l’on ne parle presque plus de « haute intensité », le ministère des Armées a écarté l’acquisition « en propre » de tels appareils.

« Si l’apport opérationnel de cette capacité est indéniable, la priorisation réalisée pour la LPM en cours n’a pas permis de retenir cette option. Cependant, le besoin en HTL est aujourd’hui satisfait ponctuellement par des coopérations », a relevé le ministère des Armées, soulignant que « de nombreux pays de l’OTAN et partenaires européens […] possèdent un appareil de plus de 13 tonnes, principalement le Chinook CH-47 [États-Unis, Italie, Grande-Bretagne, Espagne, Pays-Bas, Turquie…] et le Sikorsky CH-53 [États-Unis, Allemagne] ».

En outre, a-t-il continué, le « NH-90 Caïman apporte aujourd’hui une capacité de transport appréciable grâce à ses capacités supérieures aux hélicoptères Puma, Cougar et Caracal ». Cependant, a-t-il concédé, « l’État-major des armées étudie des options pour compléter ses capacités de transport aériens, en particulier pour les forces spéciales ». Faut-il en déduire que la location de tels appareils est encore sur le table? En tout cas, a-t-il conclu, « l’acquisiton de HTL en propre n’est cependant pas privilégiée pour le moment compte tenu de son coût et du besoin d’autres capacités de mobilité tactique jugées prioritaires ».

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