Otan/Nucléaire : Les États-Unis cherchent-ils à imposer le F-35A à l’Allemagne?

L’accord sur lequel repose la nouvelle coalition gouvernementale allemande a confirmé que l’Allemagne maintiendrait sa participation à la planification nucléaire de l’Otan, ce qui n’allait pas forcément de soi au regard de sa couleur politique. En clair, cela veut dire que la Bundeswehr doit avoir la capacité à mettre en oeuvre la bombe nucléaire tactique B-61, mise à sa disposition par les États-Unis.

Or, celle-ci repose actuellement sur le chasseur-bombardier PANAVIA Tornado, dont la carrière opérationnelle approche de son terme. D’où la décision prise par le précédent gouvernement de les remplacer. Un processus fut donc lancé à cette fin en 2017.

Malgré la préférence de la Luftwaffe [force aérienne allemande] pour le F-35A, l’avion de Lockheed-Martin fut écarté pour des considérations politiques, industrielles et diplomatiques. En effet, un tel choix aurait été nature à compromettre le programme SCAF [Système de combat aérien du futur], mené en collaboration avec la France et l’Espagne.

Si une solution européenne avait la préférence de Berlin, elle fut également mise de côté… étant donné que la certification de l’Eurofighter EF-2000 – qui était alors envisagé – pour emporter la bombe nucléaire B-61 n’aurait probablement pas pu être obtenue d’ici le retrait des Tornado. Un tel processus étant à la fois long et coûteux, les États-Unis firent savoir que les chasseurs-bombardiers de facture américaine seraient prioritaires.

Aussi, en mars 2020, le ministère allemand de la Défense fit part de son intention de se procurer 30 F/A-18F Super Hornet et 15 E/A-18 Growler [pour leurs capacités SEAD – Suppression of Enemy Air Defense]. Seulement, ce choix n’a pas été explicitement confirmé dans l’accord de la nouvelle coalition gouvernementale, le texte se bornant à indiquéer que les Tornado seraient remplacés.

Ce qu’a répété Christine Lambrecht, la nouvelle ministre allemande de la Défende, lors d’une viste au « Taktischen Luftwaffengeschwader 73 « Steinhoff » [doté d’Eurofighter, ndlr], basé à Rostock, le 16 décembre.

« Le Tornado ne sera plus opérationnel en 2030 », a-t-elle rappelé. « La question est de savoir si une solution européenne peut-être trouvé va jouer un rôle dans la décision », a ajouté la ministre. Or, comme il n’y a pas de « solution européenne » pour le moment, le choix du F/A-18F devrait être confirmé… Ou pas.

En effet, et c’était passé inaperçu, la National Nuclear Security Administration [NNSA], qui, relevant du département de l’Énergie, s’occupe du stock des armes nucléaires américaines, a publié, en novembre, une mise à jour d’une fiche d’information » précisant les types d’avions devant être prochainement certifiés pour emporter la dernière version de la B-61 [la B-61-12]. Si le Tornado y figure, au même titre que les F-15, F-16, B-2 « Spirit », B-21 Raider et F-35, ce n’est plus le cas du F/A-18F Super Hornet.

Initialement, il n’était pas prévu de certifier l’avion de Boeing pour les missions nucléaires. Pour la bonne raison que l’US Navy n’embarque plus de telles armes à bord de ses porte-avions depuis 1994. Mais il avait été mis sur la liste en 2018, alors que la procédure allemande pour trouver un successeur au Tornado venait d’être lancée.

Selon le blog « Strategic Security », édité par la Federation of American Scientists, le Pentagone a expliqué qu’il « n’est pas nécessaire que le F/A-18F soit certifié pour emporter la B61-12 ». Aussi, cela peut laisser libre court à la spéculation… Et potentiellement le champ libre au F-35A en Allemagne.

Pour rappel, le F-35A devrait bientôt être certifié pour emporter la B61-12. « Avoir un avion de 5e génération doté de cette capacité apportera une plus-value au niveau stratégique, qui renforce la mission de dissuasion nucléaire », a ainsi récemment fait valoir le lieutenant-colonel Daniel Jackson, reponsable de la dissuasion au sein de l’Air Combat Command [ACC] américain, à l’issue de tests de compatibilité impliquant l’avion de Lockheed-Martin.

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