La Russie propose aux membres de l’Otan et aux États-Unis deux projets d’accord pour garantir sa sécurité

Réunis à Bruxelles, le 16 décembre, les chefs d’État et de gouvernement des 27 pays membres de l’Union européenne ont prévenu la Russie que « tout agression supplémentaire contre l’Ukraine aurait en réponse de lourdes conséquences et un coût important, dons des mesures restrictives coordonnés avec des partenaires » [à savoir le Royaume-Uni et les États-Unis, ndlr]. Cependant, aucun détail n’a été donné sur les sanctions susceptibles d’être décidées le cas échéant.

« Notre stratégie repose sur une approche multiple : dissuasion, reprise du dialogue et soutien à l’Ukraine », a expliqué le président Macron, lors d’une conférence de presse donnée au côté d’Olaf Scholz, le nouveau chancelier allemand. Pour le moment, il a été décidé de reconduire, pour six mois de plus, les sanctions économiques imposées à la Russie en 2014 pour l’annexion de la Crimée.

Cela étant, les membres de l’UE auront sans doute des difficultés à se mettre d’accord sur de nouvelles sanctions à l’égard de la Russie. Par exemple, si le gazoduc Nord Stream 2, qui doit acheminer du gaz russe en Europe et dont la mise en service est imminente, peut être une « pièce du grand puzzle » pour Mateusz Morawiecki, le Premier ministre polonais, le chancelier Scholz se montre plus « ambigu » à son sujet. « C’est un projet privé », a-t-il dit. Et il ne doit pas être le seul à le penser… d’autant plus que prix du gaz ne cesse d’augmenter depuis plusieurs mois.

En attendant, la tension reste vive près des frontières de l’Ukraine, où d’importants mouvements de troupes russes ont été observés ces dernières semaines. D’où la crainte d’une éventuelle action militaire de Moscou contre Kiev… et les menaces de nouvelles sanctions brandies par l’UE, l’Otan et les États-Unis.

À Moscou, on explique ces mouvements de troupes par le renforcement des forces ukrainiennes aux abords du Donbass, région du sud-ouest de l’Ukraine en partie contrôlée par des séparatistes pro-russes, ainsi que par l’activité militaire de l’Otan près des frontières de la Russie.

Pour le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan serait un casus belli. De même que celle de la Géorgie. Aussi, la Russie veut obtenir de l’Alliance atlantique des « garanties juridiques » sur sa sécurité. Tel est, en tous cas, le message que font passer les autorités russes avec plus d’insistance qu’à l’accoutumé depuis quelques semaines.

Et, ce 17 décembre, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a présenté deux projets d’accord concernant l’Otan et les États-Unis.

Ainsi, ces deux textes, respectivement appelés « accord sur les mesures pour assurer la sécurité de la Fédération de Russie et des États membres de l’Otan » et « traité entre les États-Unis et la Fédération de Russie sur les garanties de sécurité », visent à empêcher tout élargissement de l’Alliance ainsi que toute installation de bases américaines dans les pays de l’ex-Union soviétique qui n’ont pas encore rejoint l’espace euro-atlantique.

Dans le détail, Moscou demande à Washington de pas établir d’emprises militaires dans les pays ayant appartenu à l’Union soviétique et de ne « pas utiliser leurs infrastructures pour toute activité militaire ou de développer une coopération militaire bilatérale », comme c’est par exemple actuellement le cas avec l’Ukraine et la Géorgie.

S’agissant des membres de l’Otan, la Russie leur demande de prendre l’engagement de ne plus mener d’activité militaire « sur le territoire de l’Ukraine et dans d’autres pays d’Europe de l’Est, du Caucase du Sud et d’Asie centrale »…

En outre, elle souhaite aussi qu’aucun renforcement militaire ne soit effectué en dehors des pays qui formaient l’Alliance en mai 1997… sauf cas exceptionnel et avec son accord. Une telle mesure concernerait donc la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, l’Albanie, la Croatie, le Montenegro et la Macédoine du Nord. On voit mal comment une telle proposition pourrait être acceptée.

Enfin, il est également demandé à l’Otan de « ne pas conduire d’exercices avec plus d’une brigade dans une zone frontalière convenue » [là, les bataillons multinationaux de l’Otan actuellement présent dans les pays baltes et la Pologne seraient concernés] et « d’échanger régulièrement des informations sur les manoeuvres militaires ». Et Moscou propose de « ne pas déployer de missiles intermédiaires et à courte portée là où ils peuvent toucher le territoire de l’autre camp ».

« Il est essentiel que les garanties de sécurité pour la Russie soient couchées sur le papier et aient force de droit », a fait valoir M. Riabkov. Et celui a proposé la tenue de négociations dès le 18 décembre, afin d’éviter une escalade des tensions en Europe.

Seulement, les États-Unis ne semblent pas disposés à discuter sur de telles bases… Ainsi, la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, a d’ores et déjà écarté tout « compromis » sur « le fait que tous les pays ont le droit de décider de leur propre avenir et de leur politique étrangère sans être soumis à une influence extérieure ». En outre, elle a expliqué qu’il n’y aurait « pas de discussions sur la sécurité européenne sans [les] alliés et partenaires européens » de Washington.

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