Les Émirats arabes unis ne sont plus certains de vouloir des avions F-35A; Le Su-75 russe peut-il en profiter?

Quelques heures avant la fin du mandat du président Trump, le 21 janvier, les Émirats arabes unis donnèrent leur accord au sujet de l’achat de 50 avions de combat F-35A et de 18 drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9B SeaGuardian auprès des États-Unis. Cet empressement se justifiait alors par la craite de voir la nouvelle administration américaine contrarier ces acquisitions.

En effet, plusieurs élus démocrates du Congrès s’opposèrent à ces deux contrats potentiels pour au moins trois raisons : la crainte de voir ces équipements utilisés par les forces émiratis au Yémen et en Libye, le risque d’espionnage, Abu Dhabi étant proche de Pékin et de Moscou, et la remise en cause de l’engagement des États-Unis à garantir la supériorité opérationnelle d’Israël dans la région, dans le cadre du « Qualitative Military Edge » [QME]. Ce qui n’avait plus lieu d’être, aux yeux de l’administration Trump, étant donné la normalisation des relations diplomatiques entre l’État hébreu et les Émirats.

Quoi qu’il en soit, l’une des premières mesures prises par le département d’État après l’investiture de M. Biden à la Maison Blanche fut d’imposer un moratoire sur les ventes d’armes destinées aux Émirats arabes unis.

Il s’agit de « faire en sorte que les ventes d’armes par les États-Unis répondent à nos objectifs stratégiques », avait alors expliqué un porte-parole de la diplomatie américaine. C’est une « mesure de routine administrative typique de la plupart des transitions, qui démontre [notre] engagement en faveur de la transparence et de la bonne gouvernance », avait-il également justifié.

Depuis, les États-Unis ont mis de nouvelles conditions pour livrer les F-35A aux forces aériennes émiratis. Selon l’agence Bloomberg, Washington exigerait d’Abu Dhabi de retirer de son réseau 5G tous les équipements fournis par le groupe chinois Huawei. Et cela pour éviter tout risque d’espionnage.

« Bien que les réseaux de communication de l’avion [F-35] soient considérés comme relativement à l’abri des écoutes chinoises, la présence de Huawei dans les réseaux [émiratis] pourraient potentiellement permettre à la Chine d’espionner les pilotes et les sous-traitants […] dans les bases où le F-35 serait déployé », a expliqué l’agence de presse.

Cela étant, le 3 décembre, les Émirats arabes unis ont officialisé la commande de 80 avions de combat Rafale F4 auprès de la France, ces appareils devant remplacer les Mirage 2000-9 en service au sein de leurs forces aériennes. A priori, cet achat ne devait pas remettre en cause celui des 50 F-35A.

Sauf que, dix jours plus tard, un responsable émirati a confirmé, auprès de l’agence Reuters, une information du Wall Street Journal selon laquelle les Émirats arabes unis ont informé les États-Unis de leur décision de mettre un terme aux discussions concernant l’achat des 50 F-35A.

« Des exigences techniques, des restrictions [posées par la partie américaine] en matière de souveraineté opérationnelle, et l’analyse du rapport coûts/bénéfices ont conduit à cette réévaluation », a expliqué ce responsable.

Ce 15 décembre, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken a assuré que les États-Unis sont toujours « prêts » à vendre des F-35A aux Émirats… « si c’est ce qu’ils veulent ». Cependant, il a également souligné la nécessité de « garantir » qu’Israël préserve sa « supériorité » militaire. « Donc nous voulions nous assurer que nous pouvions mener un examen approfondi de toutes les technologies vendues ou transférées à d’autres partenaires dans la région, y compris les Emirats », a-t-il expliqué.

Auparavant, John Kirby, le porte-parole du Pentagone, avait expliqué que le partenariat stratégique entre Washington et Abu Dhabi « allait au-delà d’un contrat de vente d’armes ». Et de préciser : « Nous insisterons toujours […] sur un certain nombre d’exigence pour les utilisateurs finaux » [des armes américaines]. Les exigences en matière de « protection des équipements de défense américains sont universelles, non négociables et non spécifiques aux Émirats arabes unis ».

Si la volonté d’acquérir des F-35A bat de l’aile à Abu Dhabi, alors le Su-75 « Checkmate », dévoilé en juillet par Sukhoï, pourrait être une alternative. D’ailleurs, les reponsables russes n’ont jamais caché qu’ils comptaient les Émirats arabes unis parmi les clients potentiels de ce nouvel appareil.

« Ce n’est pas un hasard si la première présentation internationale de ce nouveau chasseur de cinquième génération a eu lieu au Dubai Airshow », a d’ailleurs commenté Sergueï Chemezov, le patron du conglomérat Rostec, dont Sukhoï fait partie.

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