La France enverra un avion E-3F AWACS au Qatar pour surveiller la Coupe du monde de football en 2022

Actuellement, les militaires français susceptibles d’être déployés au Qatar sont soumis aux lois de ce pays, ce qui, en cas d’éventuelle infraction, les expose à des risques importants étant donné que la loi quatarie prévoit toujours la peine de mort, même si celle-ci fait l’objet d’un moratoire depuis 2003. D’où un accord de type SOFA [Status of Forces Agreement] lequel vise à donner des garanties juridiques aux forces des deux pays.

Ce texte a fait l’objet d’un projet de loi en vue de son approbation par le Parlement. Et, ces derniers jours, l’Assemblée nationale s’en est donc saisie.

Rapporteur pour avis au nom de la commission des Affaires étrangères, le député Didier Quentin, a ainsi expliqué qu’une « infraction commise par un militaire français au Qatar relèvera, en principe, de la compétence des juridictions qatariennes » mais que celle-ci sera « toutefois dévolue en priorité aux autorités françaises lorsque l’acte délictueux aura été accompli dans le cadre du service ou lorsqu’il aura été porté atteinte aux biens ou à la sécurité de la France ou du personnel français. » Et d’ajouter : « En cas de poursuites devant les juridictions de la partie d’accueil, la personne concernée bénéficiera de toutes les garanties associées au droit à un procès équitable ».

Aussi, a-t-il estimé que « l’entrée en vigueur de l’accord assurera une pleine protection à nos forces, mais aussi aux militaires qatariens appelés à se rendre sur notre territoire ». Et il est d’autant plus nécessaire à ses yeux que la coopération entre la France et le Qatar est appelée à prendre de l’ampleur dans les années à venir.

Cet émirat est « l’un des principaux importateurs d’armement français. Il s’est porté acquéreur de 36 avions Rafale et de 28 hélicoptères NH-90 […]. Au total, entre 2010 et 2019, le montant cumulé des prises de commandes auprès des industriels français de la défense s’est élevé à 11,05 milliards d’euros, faisant du Qatar le deuxième client de la France sur cette période. Ces achats d’équipement s’accompagnent d’activités de formation, en particulier pour le Rafale », a commencé par rappeler M. Quentin. Et ce n’est sans doute pas fini étant donné que des négociations sont en cours pour « l’achat de satellites d’observation et de radars ».

En outre, a-t-il continué, « quatre officiers français » sont actuellement affectés « au sein des états-majors qatariens » et cette coopération militaire entre Paris et Doha se traduit également par des « exercices conjoints, tels que l’exercice quadriennal interarmées Gulf Falcon ». Et 25 militaire français sont toujours présents sur la base aérienne d’al-Udeid, dans le cadre de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis.

L’accord soumis au Parlement vise aussi à offrir un « cadre juridique à la coopération de défense franco-qatarienne pour répondre aux défis communs auxquels les deux pays sont confrontés, notamment en matière de lutte contre le terrorisme », a souligné le rapporteur, pour qui le « Qatar est […] un partenaire stratégique, non seulement du fait de sa position géographique, mais aussi en raison de ses relations désormais plus apaisées avec ses voisins, de son rôle de médiateur avec les talibans ainsi que des partenariats qu’il a su nouer avec des acteurs aussi différents que les États-Unis, la Turquie et l’Iran ».

S’agissant plus précisément de cette coopération dans le domaine de la défense, on apprend que la France a accepté d’aider le Qatar à « garantir la sécurité » de la prochaine édition de la Coupe du monde de football car elle y « voit l’occasion d’étoffer son expérience, dans la perspective de l’organisation de la Coupe du monde de rugby en 2023 et des Jeux olympiques d’été, en 2024 », a expliqué M. Quentin.

« À ce stade, à l’exception d’actes terroristes isolés, par nature très difficiles à détecter, les menaces identifiées concernent la cybersécurité et l’intrusion d’aéronefs ou de drones dans l’espace aérien », a-t-il relevé.

Cette contribution française à la sécurité de la Coupe du monde de football se traduira par l’envoi au Qatar d’un « officier de liaison interarmées », d’une « équipe de conseillers du commandement pour les opérations interarmées » et de « matériels, notamment un système de lutte anti-drones et un avion radar AWACS, destinés à la protection des stades », a détaillé le député.

La France dispose de quatre E-3F AWACS, mis en oeuvre par le 36e Escadron de Détection et Contrôle Aéroportés [EDCA] « Berry » de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE]. Ces appareils sont chacun dotés d’un radar multimode AN/APY-2 d’une portée en mode air supérieure à 400 km et d’un radar secondaire AN/UPX-40.

Quant à la lutte anti-drones, l’AAE devrait être également sollicitée. Celle-ci utilise le système MILAD [Moyen mobile de Lutte Anti-Drones] et le système BASSALT, destiné à la protection des sites sensibles contre des drones potentiellement hostiles. Enfin, sans doute que d’ici la prochaine Coupe de monde de football aura-t-elle reçu les premiers exemplaires du système PARADE [protection déployable modulaire anti-drones], constitué d’un radar, d’un goniomètre, d’un dispositif de brouillage et de capteurs optroniques.

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