La Turquie cherche l’appui de l’Espagne pour son futur projet de navire « porte-drones »

En 2016, la Turquie lança la construction du TCG Anadolu, selon les plans du navire d’assaut amphibie Juan Carlos I, livré par Navantia à la marine espagnole à la fin des années 2000. Et, à l’époque, elle ne cacha pas ses ambitions en matière d’opérations aéronavales car lors de la cérémonie organisée à cette occasion, une maquette de ce futur bâtiment présentait des avions de combat F-35B [version STOVL, c’est dire à décollage court et atterrissage vertical].

Depuis, et pour avoir acquis des systèmes russes de défense aérienne S400, la Turquie a été exclue du programme F-35 par l’administration Trump. D’où son projet de faire en sorte que le TCG Anadolu puisse mettre en oeuvre des drones aériens embarqués.

Aussi, le constructeur turc Baykar Defense développe, à cette fin, le TB-3, soit une version navale de son drone de combat Bayraktar TB-2. Et il a lancé également le programme MIUS, qui doit aboutir à un drone de combat furtif embarqué, capable de voler à une vitesse de croisière proche de Mach 1 grâce un réacteur fourni par le motoriste ukrainien Ivchenko Progress.

Cela étant, le 17 novembre dernier, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a dévoilé un projet plus ambitieux, à l’occasion d’une visite effectuée à Ankara par Pedro Sánchez, le Premier ministre espagnol. Ainsi, celui-ci a fait part de son souhait de renforcer la coopération militaire entre la Turquie et l’Espagne, via la construction d’un porte-aéronefs plus imposant que le TCG Anadolu…

En outre, M. Erdogan a également évoqué la possibilité de construire un sous-marin dans le cadre d’un partenariat avec l’Espagne, laquelle conduit actuellement le programme S-80, qui prévoit la livraison de quatre unités destinées à la marine espagnole.

« Il y a tellement de choses que nous pouvons faire dans le domaine de l’armement, y compris les drones armés et non armés », a insisité le président turc en évoquant les relations de son pays avec l’Espagne.

Et celles-ci se portent très bien. Ainsi, M. Sánchez a renouvelé le soutien de Madrid à l’adhésion d’Ankara à l’Union européenne [UE].

« La Turquie n’est pas seulement un voisin, mais c’est un partenaire, un allié essentiel pour l’Union européenne, et pour cette raison l’Espagne soutient la perspective européenne de la Turquie et nous encourageons nos amis turcs à persévérer dans l’effort en vue de ce rapprochement progressif », a affirmé le Premier ministre espagnol.

Quant aux projets évoqués par M. Erdogan, celui de construire un porte-aéronefs, qui serait en réalité un « porte-drones », pourrait avoir les faveurs de l’Espagne, une telle solution étant susceptible de remédier au retrait annoncé de ses AV-8 Harrier II mis en oeuvre depuis le Juan Carlos I… Et donc de se passer de F-35B.

En tout cas, le 24 novembre, Ismail Demir, le président de l’industrie de défense turque, a confirmé l’intérêt de l’Espagne pour le concept de « porte-drones ».

« Nous avons vu qu’il était possible de déployer des drones armés et non armés sur le navire d’assaut amphibie TCG Anadolu, et nous avons commencé à travailler là-dessus », a confié M. Demir à l’agence de presse Anadolu, estimant que le « concept de porte-avions commence à changer ».

« Il existe une approche selon laquelle il serait possible d’envisager un navire plus grand, avec un format qui pourra accueillir plusieurs types de drones, avec des moteurs à réaction et à hélices. Nous y travaillons. C’est une idée pour le moment, mais nous discutons de cette question avec divers interlocuteurs », a poursuivi M. Demir, pour qui la construction d’un tel navire « devrait être considérée comme faisait partie de la volonté de la Turquie d’être une puissance mondiale ».

Et, à en croire le responsable turc, ce projet a fait l’objet d’une discussion avec ses homologues espagnols, lesquels ont « récemment manifesté leur intérêt ». Reste à voir si la Turquie aura les moyens de son ambition… Et si l’Espagne est vraiment prête à embarquer à bord de ce « porte-drones ».

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