La transformation de l’hôpital militaire de Lyon en « antenne hospitalière » préoccupe des députés

Base aérienne 942 de Lyon Mont-Verdun, 27e Brigade d’Infanterie de Montagne, École de santé des Armées, etc… La présence du ministère des Armées dans la région Auvergne-Rhône-Alpes est assez conséquente, avec près de 21’000 personnels militaires et civils, dont 5’000 sont affectés dans le seul département du Rhône. Et pourtant, en octobre, il a été annoncé que l’Hôpital d’instruction des Armées [HIA] Desgenettes, à Lyon, allait être transformé en « antenne hospitalière ». Ce qui, dans les faits, est une dissolution qui ne veut pas dire son nom.

Ainsi, cette « antenne hospitalière des armées » [AHA] ne comptera qu’une petite centaine de personnels, contre 400 actuellement, et proposera aux militaires [ainsi qu’aux anciens militaires] des « services de coordination du parcours de santé », des « plateaux de réadaptation fonctionnelle » et un « service de consultation centré sur la prise en charge du stress post-traumatique ».

Initialement, dans le cadre de la réforme SSA 2020, le HIA Desgenettes aurait dû être associé l’hôpital Édouard Herriot, dans le cadre d’un partenariat avec les Hospices civils de Lyon.

En effet, sur les huit hôpitaux du Service de santé des Armées [SSA], quatre devaient garder les « compétences indispensables à la prise en charge des blessés de guerre et des moyens humains et matériels nécessaires aux projections d’unités médicales sur les théâtres d’opérations et aux évacuations médicales stratégiques » tandis que les quatre autres étaient appelés à s’intégrer dans l’offre de soins proposées dans leurs « territoires de santé ».

Quoi qu’il en soit, cette transformation de l’hôpital Desgenettes en « antenne hospitalière » n’a, jusqu’à présent, suscité que peu de réactions. Cela étant, deux parlementaires ont dénoncé sur cette décision auprès du ministère des Armées.

Tel est le cas d’Hervé Saulignac, député de l’Ardèche, qui a interpellé la ministre des Armées, Florence Parly, à la faveur d’une question écrite.

« Si une restructuration était bienvenue afin de répondre au mieux aux besoins des populations civile et militaire, cette fermeture, qui ne dit pas son nom, semble à contre-courant. En effet, cet HIA implanté à Lyon consacre une présence hospitalière au carrefour de plusieurs régions militaires. Cet ancrage géographique et son rôle médical sont particulièrement appréciés et nécessaires à la prise en charge des soldats envoyés notamment en opérations extérieures », souligne ainsi le parlementaire.

Aussi, selon lui, cette décision va créer « un désert hospitalier militaire dans le centre et l’est de la France », ce qui aura pour conséquence « la redirection de nombreux militaires vers Paris ou Marseille, à des centaines de kilomètres de leur famille, élément pourtant primordial du processus de rétablissement, notamment des victimes de stress post-traumatique ». Et d’ajouter : « Alors que l’HIA Desgenettes accueille 80 % de patients civils, on peut légitimement s’interroger sur les conséquences de la fermeture de cet hôpital sur l’offre de soins locale déjà saturée ».

Bien qu’élue des Ardennes [et donc peu concernée par le sort de l’hôpital militaire lyonnais], la députée Bérengère Poletti a également posé une question écrite à la ministre afin de relayer les inquiétudes de la Fédération nationale des anciens des missions et opérations extérieures [FNAME], laquelle a avancé, peu ou prou, les mêmes arguments que M. Saulignac.

« Cet établissement recevait en formation les étudiants de l’École de santé des armées de Bron, commune située dans la métropole de Lyon », rappelle la FNAME, avant d’estimer que « l’HIA Desgenettes pourrait devenir un pôle d’excellence médicale militaire ».

Ces deux questions écrites venant d’être publiées par le Journal Officiel, le ministère des Armées n’y a naturellement pas encore répondu [d’autant plus que les réponses tardent généralement à être données…]. La décision annoncée en octobre prendra effet d’ici fin 2023.

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