Sous-marins : L’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni signent un accord sur la propulsion nucléaire navale

Invité de l’émission « Le Grand Jury RTL – LCI – Le Figaro », le 21 novembre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est revenu sur la décision de l’Australie d’annuler le contrat relatif à l’achat de 12 sous-marins Shortfin Barracuda auprès de Naval Group au profit de 8 navires à propulsion nucléaire, censés être obtenus dans le cadre d’une alliance formée avec le Royaume-Uni et les États-Unis.

« Les Australiens peuvent avoir perdu beaucoup plus qu’ils ne le croient », a lancé M. Le Drian. « C’est un projet de projet pour l’instant. Les trois se sont mis d’accord. Mais sur quoi? Sur le fait que dans dix-huit mois, il y aura un projet. […] Il ne reste plus que seize mois [l’alliance AUKUS a été scellée le 15 septembre, ndlr]. Pour l’instant, il n’y a rien », a-t-il ensuite développé. Et d’ajouter : « Le sujet qui a été posé par le Premier ministre australien [Scott Morrison, ndlr] était de dire : ‘je fais ça parce que j’ai peur de la Chine et j’ai peur que ça aille trop vite’. Or, nous, notre premier sous-marin, on le livrait en 2030/33. Je ne sais pas à quelle date sera livré le premier sous-marin nucléaire à l’Australie ».

Pour le moment, il est vrai que la Royal Australian Navy [RAN] est dans l’inconnu. Comme prévu, elle devrait mettre à niveau ses six sous-marins de la classe Collins… Sauf que, initialement, il était question de prolonger leur durée de vie opérationnelle jusqu’à la livraison des des premiers Shortfin Barracuda. Or, désormais, il hautement probable qu’ils seront maintenus en service au moins jusque dans les années 2040/50. C’est, en tout cas, ce qu’a laissé ententre le chef d’état-major de la marine australienne, l’amiral Mike Noonan, lors d’une audition parlementaire, en octobre.

Le fait que l’Australie n’a aucune compétence en matière d’industrie nucléaire pose également un problème de taille. Et lui faudra faire évoluer sa législation pour que la RAN puisse exploiter les huit sous-marins qui lui dont désormais promis.

En outre, et à cette fin, celle-ci devra également acquérir les compétences nécessaires. D’où l’idée que des sous-marins américains ou britanniques puissent être basés en Australie, le temps qu’elle se familiarise avec une telle technologie…

Quoi qu’il en soit, ce 22 novembre, soit plus deux mois après l’annonce de la création de l’alliance AUKUS, l’acquisition de sous-marins nucléaires par l’Australie vient de franchir une nouvelle étape avec la signature d’un premier accord liant les trois pays concernés.

En effet, le ministre australien de la Défense, Peter Dutton, a signé un accord autorisant l’échange d’informations classifiées sur la propulsion nucléaire navale » au sein de l’alliance AUKUS, via un « mécanisme permettant au personnel australien d’accéder à une formation auprès » des États-Unis et de la Grande-Bretagne afin d’apprendre « à construire, exploiter et soutenir de manière sûre et efficace des sous-marins à propulsion nucléaire ».

« Avec l’accès aux informations fournies par cet accord, associé aux décennies d’expérience dans le domaine de la propulsion nucléaire navale de nos partenaires britanniques et américains, l’Australie sera également en mesure d’être un dépositaire responsable et fiable de cette technologie », a commenté M. Dutton.

« Je remercie nos partenaires d’AUKUS pour leur engagement à conclure rapidement cet accord crucial qui garantit des progrès continus pour nos ambitions en matière de sous-marins nucléaires et nos efforts collectifs pour garantir que l’Indo-Pacifique reste stable, sûr et prospère, et exempt de coercition », a conclu le ministre australien.

Cet accord doit encore être examiné par les parlementaires des trois pays partenaires afin d’entrer en vigueur. Reste maintenant à voir le temps que prendront ces procédures.

Photo : Sous-marin de la classe Collins

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