Le chef d’état-major de l’armée de Terre évoque une solution « franco-française » pour le char de combat du futur

Au départ, le programme de char de combat du futur [MGCS – Main Ground Combat System], mené en coopération par la France et l’Allemagne, ne devait pas poser de défis insurmontables étant donné que le français Nexter Systems et l’allemand Krauss-Maffei Wegmann s’étaient mis en ordre de marche pour le mener à bien, c’est à dire en respectant scrupuleusement la règle des 50-50 entre les deux pays partenaires.

Seulement, imposée par Berlin, la participation de Rheinmetall au MGCS a changé la donné, l’équilibre ayant été évidemment rompu. Ce qui nécessite désormais de trouver un accord sur l’organisation industrielle du projet, tout en maintenant la parité entre la France et l’Allemagne.

« Rheinmetall a vis-à-vis de ses deux partenaires industriels Nexter et KMW des exigences en contradiction avec les conditions » initiales, avait résumé, en mai dernier, Florence Parly, la ministre des Armées, dans un entretien publié par La Tribune.

Aussi, en l’état actuel des choses, et faute d’accord entre Paris et Berlin, le programme devrait rester bloqué à la phase d’étude de définition de l’architecture du système [SADS Part 1] au moins jusqu’à l’été 2022, alors que celle-ci aurait dû se terminer six mois plus tôt. « L’organisation n’étant toujours pas consolidée, nous avons besoin d’un délai supplémentaire pour y parvenir, d’où la prolongation de l’étude d’architecture système », a en effet expliqué Joël Barre, le Délégué général pour l’armement [DGA], lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale.

Alors que d’autres programmes menés en coopération avec l’Allemagne connaissent également des difficultés, comme le Système de combat aérien du futur [SCAF], quand leur avenir n’est pas simplement compromis, à l’image du Maritime Airborne Warfare System [MAWS – patrouille maritime] et du standard Mk3 du Tigre, faut-il se préparer à un « plan B »?

Pour rappel, une telle éventualité avait été évoquée en mars dernier par Dassault Aviation, alors engagé dans des négociations compliquées avec Airbus au sujet du New Generation Fighter [NGF], l’avion de combat sur lequel reposera le SCAF.

Interrogé par les sénateurs sur le MGCS, le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT] a rappelé « réussir à développer un nouveau char de combat qui succédera au char Leclerc » est un « enjeu stratégique ».

« L’option choisie est la coopération franco-allemande. Aujourd’hui, il y a une parenthèse due à la situation politique en Allemagne. Dans les prochains mois, il sera primordial de redonner l’impulsion nécessaire à l’avancement du MGCS », a d’abord estimé le CEMAT. Mais à la question de savoir ce qu’il serait possible de faire dans le cas où cette coopération venait à échouer, il évoqué deux autres solutions.

« Si le MGCS ne peut pas être réalisé avec l’Allemagne, il faudra soit envisager un programme franco-français, soit s’appuyer sur la communauté SCORPION tournée vers le Benelux. De toute façon, il faudra aboutir à la construction d’un nouveau char », a en effet répondu le général Schill.

« Si cela n’aboutit pas je pense que nous aurions la possibilité technique de revenir à une solution franco-française mais sans pouvoir partager les coûts », a également souligné le CEMAT. Or, l’un des intérêts du MGCS est justement de permettre un « partage des coûts et une interopérabilité ».

Cela étant, d’autres partenaires pourraient être intéressés par une coopération dans le domaine des chars : l’Italie a ainsi fait connaître son intérêt pour le MGCS… De même que la Suède, ou encore le Royaume-Uni.

Spécialiste des blindés, Marc Chassillan avait récemment défendu l’idée d’un projet français de « char employable », c’est à dire un engin simple, endurant et robuste, doté de la vétronique du programme SCORPION. « 100% français, construit avec des composants et des sous-ensemble disponibles dès aujourd’hui sur les ‘étagères’ des industriels, le char employable […] pourrait rouler dès 2022 si on appuyait sur le bouton au premier trimestre 2021 », avait-il estimé dans les colonnes du magazine RAIDS.

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