Le groupe russe Rostec confirme que l’avion de combat léger Su-75 Checkmate pourra être « dronisé »

Le salon aéronautique de Dubaï est l’occasion pour le conglomérat russe Rostec de faire la promotion du Su-75 « Checkmate », le nouvel avion de combat « léger » de cinquième génération dévoilé par le constructeur Sukhoï en juillet dernier. Et cela d’autant plus que les Émirats arabes unis font partie des clients potentiels, même s’ils envisagent, pour le moment, de se procurer 50 F-35A auprès de l’américain Lockheed-Martin.

Pour rappel, issu du programme LTS [avion tactique léger], le Su-75 « Checkmate » sera un avion à la signature radar réduite, affichant une masse maximale au décollage de 18 tonnes, pour une charge utile de l’ordre de 7 tonnes. S’il se distingue par son entrée d’air en menton et son unique moteur [ce qui ne s’était plus vu, en Russie, depuis le MiG-23 « Flogger »], il cultive cependant un air de famille avec le Su-57 « Felon », le chasseur-bombardier « lourd » furtif de Sukhoï.

Doté d’un radar à antenne active [AESA] devant lui permettre d’assurer le suivi de 30 cibles aériennes [et d’en engager simultanément six], le Su-75 aura une autonomie de 2800 km et pourra voler à la vitesse maximale de 2220 km/h [Mach 1,8].

L’un des arguments mis en avant par Rostec pour vendre ce nouvel appareil, développé sur fonds propres, est son prix, annoncé à 30 millions de dollars l’unité [du moins pour la version de base]… Soit un coût unitaire trois fois moins élevé que pour le F-35A américain.

Pour être aussi compétitif, Rostec explique que cet avion a été développé à l’aide des « technologies numériques », ce qui a réduit les frais de développement. En outre, le Su-75 aura des composants communs avec le Su-57 « Felon », notamment au niveau de l’avionique… et de la motorisation, étant donné qu’il est question de lui intégrer le turboréacteur Izdeliye 30.

Le chef du programme LTS, Mikhail Strelets, a justifié le choix de développer un avion de combat mono-réacteur par le fait que les retours d’expérience de Syrie ont démontré que les « capacités » des appareils « bimoteurs lourds » étaient « sudimensionnées » pour les missions dans lesquelles ils avaient été engagés.

Les « ingénieurs de la société Sukhoï ont pensé à créer un avion monomoteur léger en 2016, après avoir étudié les opérations de l’aviation russe en Syrie », explique l’agence Tass, qui a réalisé un dossier complet sur le Su-75 Checkmate. Visiblement, un tel constat a été rapidement établi… étant donné que l’engagement militaire de la Russie sur le théâtre syrien a débuté en septembre 2015.

Cela étant, ce Su-75 pourra être au centre d’un « système de systèmes », c’est à dire qu’il sera en mesure de mettre en oeuvre des effecteurs connectés et autres drones. Ce qui suppose qu’une version biplace sera probablement proposée par Sukhoï. Mais pour le moment, aucun visuel produit par le constructeur russe ne le confirme.

En revanche, et comme l’avait indiqué le directeur général de Rostec, Sergueï Tchemezov quand il évoqua le projet LTS dans un entretien diffusé en décembre 2020, le Su-75 pourra être « dronisé ». Des images d’une telle version ont été diffusées à l’occasion du salon aéronautique de Dubaï.

La « variante sans pilote n’est pas seulement un effet de mode. Nous l’avons envisagée à un stade précoce du projet. L’avion pourra échanger des informations et diriger d’autres aéronefs et drones vers des cibles et sa version sans pilote permettra, entre autres, de mettre en oeuvre de nouvelles tactiques », a expliqué Youri Slyusar, le directeur général du groupe OAK [dont fait partie Sukhoï, ndlr], lui-même filiale de Rostec.

Outre la capacité à diriger des effecteurs connectés, le Su-75 « Checkmate » pourra emporter plusieurs types de munitions, comme des missiles air-air RVV-MD et RVV-SD, des missiles air-sol guidés et même un missile anti-radar X-58USHKE, ce qui suppose qu’il sera en mesure d’effectuer des missions de guerre électronique.

Si les forces aériennes russes ont fait part de leur intérêt pour ce nouvel appareil, celui-ci a d’abord été conçu pour l’exportation. Outre son prix très abordable, Rostec souligne que tous ses composants sont fabriqués en Russie, « alors que la plupart des avions de combat étrangers sont développés ont coopération, ce qui limite considérablement leur exportation ». Et le groupe russe de citer le cas du Gripen suédois. En tout cas, plusieurs pays devraient être sensible à cet argument, comme l’Argentine, qui éprouve toutes les difficultés possibles pour moderniser son aviation de combat à cause des restrictions imposées par le Royaume-Uni, ou bien encore comme l’Arabie Saoudite.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]