Selon un diplomate russe, Moscou n’a pas de plans pour envahir l’Ukraine… sauf en cas de « provocation »

Ce 12 novembre, l’Ukraine a annoncé son intention de déployer 8’500 soldats et policiers le long de sa frontière avec la Biélorussie. Officiellement, il s’agit d’empêcher un afflux de migrants auxquels a accordé des visas afin de déstabiliser la Pologne et la Lituanie et, par extension, l’Union européenne [UE].

Seulement, aucun signe montrant que des migrants seraient prêts à passer en Ukraine n’a été décelé pour le moment. C’est, en tout cas, ce qu’à présent affirmé le service des garde-frontières ukrainiens. Aussi, cet envoi de renfort peut avoir deux significations : il s’agirait pour Kiev d’adresser un message de solidarité politique à l’intention de la Pologne et de la Lituanie ou bien cette décision serait en lien avec les mouvements de troupes russes observés depuis plusieurs semaines dans les environs de l’Ukraine.

Justement, et après les États-Unis, qui ont de nouveau décrit une activité militaire russe « inhabituelle », l’UE a également part de ses préoccupations. « Nous continuons à surveiller la situation et les informations que nous avons recueillies jusqu’à présent sont assez inquiétantes », a en effet déclaré Peter Stano, le porte-parole de Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité.

Toujours selon ce dernier, les 27 États membres de l’UE « échangent avec les États-Unis et le Royaume-Uni à ce propos ». Et d’ajouter : « Nous sommes prêts à envisager des mesures si nécessaire avec ces partenaires ».

Pour rappel, l’imagerie satellitaire a permis de repérer d’importantes concentrations d’équipements militaires russes aux abords de l’Ukraine, en particulier près de la ville de Yelnya. Il est question de chars T-80, de missile balistique à courte portée Iskander ou bien encore de blindés BTR-80 et de systèmes de défense aérienne BUK. En outre, des vidéos montrant d’imposants convois militaires ont été partagées sur les réseaux sociaux.

Ces mouvements de troupes n’ont pas été démentis par Moscou. La semaine passée, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a ainsi fait valoir que la Russie se réserve le droit de déplacer ses forces comme elle l’entend et qu’elle continuera de « prendre des mesures pour assurer sa sécurité », avant d’évoquer les tendances « expansionnistes et agressives […], en particulier de la part de l’Otan ».

Cela étant, le 11 novembre, l’ambassadeur russe adjoint auprès des Nations unies, Dmitry Polyanskiy, a expliqué que Moscou « n’avait jamais planifié » l’invasion de l’Ukraine. Et que « cela ne se réalisera jamais, à moins que nous ne soyons provoqués par l’Ukraine ou par quelqu’un d’autre et que la souveraineté nationale de la Russie est menacée ».

« Il y a beaucoup de menaces venant d’Ukraine », a ensuite ajouté M. Polyanskiy. « Et n’oubliez pas que les navires de guerre américains présents en mer Noire agissent très près » [de nos frontières], a-t-il aussi rappelé. Des propos qui rejoignent ceux tenus récemment par le président russe, Vladimir Poutine. « La présence militaire de l’Otan en Ukraine constitue une menace pour la Russie », avait-il dit, devant le club Valdaï.

Reste que, quelques heures avant les déclarations de M. Polyanskiy, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, avait justement évoqué les « provocations » que la Russie serait susceptible d’invoquer pour justifier une action militaire contre l’Ukraine.

« La stratégie constatée par le passé, c’est d’invoquer des provocations pour justifier la mise à exécution de ce qu’ils avaient planifié depuis le début. Or, s’il y a des provocations aujourd’hui, elles viennent de Russie, avec ces mouvements de forces que nous constatons le long de la frontière ukrainienne », avait en effet affirmé M. Blinken, lors d’une conférence de presse donnée avec Dmytro Kouleba, son homologue ukrainien.

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