L’instrumentalisation des migrants par la Biélorussie contre la Pologne préoccupe l’Otan

Depuis plusieurs semaines, Varsovie a décrété l’état d’urgence et déployé plusieurs milliers de soldats à sa frontière avec la Biélorussie afin d’empêcher l’arrivée massive de migrants sur son territoire – et donc sur celui de l’Union européenne [UE]. Migrants que Minsk fait venir du Moyen-Orient et d’Afrique afin d’exercer une pression sur ses voisins, dont la Pologne, la Lituanie et la Lettonie. Et cela, en réponse aux sanctions économiques que lui a infligées l’UE.

Une telle situation ne peut que susciter de vives tensions. La semaine passée, les autorités polonaises ont accusé leurs homologues biélorusses d’avoir organisé une incursion « d’hommes en uniforme non-identifiable armés de fusils » sur son territoire. L’incident se serait produit le 1er novembre.

« Le ministre délégué aux Affaires étrangères Piotr Wawrzyk a transmis une protestation véhémente […] contre la violation de la frontière de l’Etat polonais, en soulignant que les décisions prises par les autorités biélorusses ces dernières semaines portent de plus en plus clairement la marque d’une escalade délibérée », a alors fait savoir Varsovie.

Puis, peu après, le ministère polonais de la Défense a affirmé que des soldats biélorusses avaient tenté d’abattre des clôtures pour faire passer des migrants et visé une patrouille polonaise avec une fusée éclairante.

« De nouvelles provocations à la frontière. Hier [4 novembre], un soldat biélorusse a tenté de tirer une fusée éclairante en direction de soldats polonais. Heureusement, le pistolet n’a pas tiré », a-t-il en effet indiqué, via Twitter. Et d’ajouter : « À 100 mètres de là, cinq Biélorusses armés ont tenté de détruire la clôture [de notre frontière], en criant en même temps qu’ils allaient tirer sur des soldats polonais ».

Ce que Minsk a réfuté, en accusant la Pologne de continuer à « envenimer la situation autour de la situation à la frontière ».

Quoi qu’il en soit, le Parlement polonais a récemment validé un projet gouvernemental visant à ériger un mur à la frontière avec la Biélorussie. Mais pour cela, Varsovie doit trouver plus de 350 millions d’euros. Aussi, la Pologne a demandé le concours de l’UE, comme onze autres États membres [dont l’Autriche, la Grèce et la Hongrie].

« Une barrière physique apparaît comme une mesure de protection des frontières efficace, qui sert les intérêts de l’ensemble de l’UE, pas seulement les Etats membres en première ligne », ont fait valoir ces douze États membres. « Quant à savoir si on devrait utiliser les fonds européens qui sont limités, pour financer la construction de clôtures à la place d’autres choses tout aussi importantes, c’est une autre question », a rétorqué Ylva Johansson, la commissaire eurpéenne aux Affaires intérieures.

Et pour la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, il n’en est pas question. « Il n’y aura pas de financement de barbelés et de mur », a-t-elle dit.

Cela étant, ce 8 novembre, et alors que Varsovie a de nouveau fait état de la présence de centaines de migrants à sa frontière avec la Biélorussie, l’Otan a fait part de sa vive préoccupation.

« Nous sommes préoccupés par la récente escalade à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie », a en effet déclaré un responsable de l’Otan, via un communiqué, dans lequel il appelle Minsk à « respecter le droit international ». Et d’ajouter : « L’utilisation des migrants par le régime Loukachenko comme tactique hybride est inacceptable ».

En tout cas, l’Otan « va veiller à la sécurité de ses membres et son secrétaire général, Jens Stoltenberg, continuera de suivre de près la situation », encore précisé ce responsable, qui également évoqué des pressions similaires sur la Lituanie et la Lettonie.

D’après le porte-parole du gouvernement polonais, Piotr Müller, les centaines de migrants repérés en train de se diriger vers le passage de Kuznica, que certains ont tenté de franchir, seraient dirigés par des « personnes liées à des services spéciaux biélorusses ».

Photo : Gouvernement polonais

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