L’Allemagne et le Japon vont intensifier leur coopération militaire pour défendre leurs « valeurs communes »

Dans ses « lignes directrices pour la région Indo-Pacifique », laquelle représente 20% de son commerce extérieur, l’Allemagne explique qu’elle entend nouer de nouvelles relations économiques avec les pays qui ont une « même compréhension de la démocratie », comme le Japon, l’Australie ou encore l’Inde, l’objectif étant de limiter sa dépendance au marché chinois.

En outre, elle y affirme son attachement au respect au droit international, notamment à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer et à la liberté de navigation dans les eaux internationales, tout en plaidant pour le « dialogue » afin de résoudre les différends territoriaux.

Dans le cadre cette stratégie, la frégate Bayern [F-217, classe Brandenburg] a appareillé de la base navale de Wilhelmshaven, le 2 août, pour un déploiement de sept mois en Indo-Pacifique. Et avec notamment pour missions de « défendre la vision d’un ordre mondial fondé sur les règles », de « contribuer à la stabilité dans la région et au respect du droit international », et de prendre part à des exercices avec des pays de la région.

Seulement, le programme du navire allemand n’a pas été du goût de la Chine, qui lui a refusé, en septembre, un escale à Shanghaï, alors Berlin misait sur cette visite pour contribuer à désamorcer les tensions régionales.

Quoi qu’il en soit, et après une « interaction » avec un Falcon 200 Gardian de la Marine nationale engagé dans la surveillance des transferts illicites de marchandises en haute-mer au profit de la Corée du Nord et un exercice conjoint acvec le « destroyer » japonais Samidare, la frégate « Bayern » a accosté à Tokyo, ce qui n’était plus arrivé depuis vingt ans. Et, à cette occasion, elle a reçu la visite de Nobuo Kishi, le ministre japonais de la Défense. Et cela afin de « démontrer de solides relations bilatérales » entre l’Allemagne et le Japon.

Cette escale du navire allemand est un « tournant important » pour la « sécurisation de l’une des voies maritimes les plus importantes au monde » et elle « montre le ferme engagement de l’Allemagne à contribuer activement à la paix et à la stabilité dans l’Indo-Pacifique », a commenté M. Kishi.

« En mer de Chine orientale et en mer de Chine méridionale, nous voyons des tentatives unilatérales de changer le statu quo par la force. Ces problèmes sont une préoccupation commune non seulement en Asie mais aussi dans le reste du monde, y compris en Europe », a-t-il ajouté, avant d’insister sur l’importance de la coopération entre son pays et l’Allemagne.

Coopération qui, à en croire le ministre nippon, est appelée à s’intensifier. Jusqu’alors, celle-ci a surtout concerné le domaine de l’industrie militaire, avec un accord signé en 2017. Mais, elle a pris une nouvelle dimension quand, en mars dernier, le Japon et l’Allemagne ont trouvé une entente sur la protection des échanges d’informations classifiées. Enfin, les ministres de la Défense et des Affaires étrangères de deux pays ont tenu leurs premiers entretiens sur la sécurité en juin.

« L’Indo-Pacifique est aujourd’hui l’une des régions les plus importantes du monde sur le plan stratégique », a répondu le général Eberhard Zorn, le chef d’état-major de la Bundeswehr, qui a accueilli le ministre japonais à bord de la frégate.

« Ici, des décisions importantes concernant la liberté, la paix et le bien-être dans le monde sont prises. Le déploiement de notre frégate dans l’Indo-Pacifique montre clairement que l’Allemagne défend nos valeurs communes », a poursuivi le général Zorn.

Au passage, lors de cette escale japonaise, une délégation de la frégate Bayern a rendu un hommage aux marins allemands du croiseur auxiliaire Thor [HSK4], engagé dans une campagne de destruction de navires de commerce durant la Seconde Guerre Mondiale, ainsi qu’à ceux du pétrolier-ravitailleur Altmark. Ces deux bâtiments furent détruits par une explosion survenue en novembre 1942 dans le port de Yokohama. Une telle initiative qui risque de nourrir une polémique, outre-Rhin. « Espérons que la gauche et les Verts ne s’en apercevront pas… », a d’ailleurs commenté un internaute, via Twitter.

Après son escale japonaise, la frégate Bayern sera engagée dans un nouvel exercice impliquant le Japon, les États-Unis, l’Australie et le Canada. Puis elle se rendra en Corée du Sud, après avoir traversé la mer de Chine méridionale [dont la quasi-totalité est revendiquée par Pékin] pour démontrer que l’Allemagne est attachée « au droit international et à la liberté de navigation ». Enfin, il est prévu qu’elle participe, pour la première fois, aux opérations de l’United nations security council enforcement coordination cell [UNSC ECC], auxquelles prend actuellement part le Falcon 200 de la Marine nationale.

Jusqu’alors, l’UNSC ECC mettait en oeuvre des moyens mis à sa disposition par les États-Unis, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, le Canada, l’Australie, le Japon, la Corée du Sud et la France.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]