L’administration américaine donne son feu vert à la vente de 280 missiles AIM-120C AMRAAM à l’Arabie Saoudite

Durant son mandat, le président Trump avait rompu avec l’attitude – jugée conciliante – de son prédécesseur, Barack Obama, à l’égard de l’Iran et renoué avec les fondamentaux de la politique des États-Unis au Moyen-Orient, lesquels reposent sur une relation forte avec l’Arabie Saoudite. Ainsi, Washington et Riyad signèrent des contrats d’armement d’une valeur totale de plus 110 milliards de dollars, des troupes américaines furent déployées dans le royaume [ce qui ne s’était plus vu depuis 2003, ndlr] afin de protéger ce dernier contre les attaques de missiles et de drones depuis le Yémen.

Cependant, cette approche donna lieu à des remous au sein des parlementaires américains, notamment démocrates, en raison du rôle tenu par l’Arabie Saoudite dans l’intervention du coalition arabe contre les rebelles Houthis [proches de l’Iran, nldr] au Yémen et de l’affaire Khashoggi [du nom d’un journaliste saoudien assassiné en Turquie, ndlr]. Au point que l’administration Trump dût recourir à quelques expédients pour contourner le Congrès et débloquer ainsi des contrats d’armements qui attendaient l’aval de ce dernier.

Lors de la campagne électorale qui le mena à la Maison Blanche en novembre 2020, le démocrate Joe Biden prit l’engagement de mettre fin au soutien américain aux opérations menées au Yémen par la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite et de faire « payer » les dirigeants saoudiens responsables de la mort du journaliste Jamal Khashoggi. Et, à peine installée, son administration annonça qu’elle allait passer en revue les dernières ventes d’armes à Riyad qui venaient d’être autorisées par celle de M. Trump.

Cela étant, le 23 janvier et alors que des zones habitées de la capitale saoudienne venaient d’être délibérément visées par des attaques de missiles et de drones, le département d’État rappela l’engagement de Washington à « aider son partenaire, l’Arabie Saoudite, à se défendre contre les attaques sur son territoire ».

D’où la vente de 280 missiles air-air AIM-120C AMRAAM [Advanced Medium Range Air-to-Air Missiles] supplémentaires à Riyad que la DSCA [Defense Security Cooperation Agency], l’agence chargée des exportations d’armes américaines via le dispositif des Foreign Military Sales [FMS], vient de recommander au Congrès d’approuver, pour un montant estimé à 650 millions de dollars.

« Ce projet de vente soutiendra la politique étrangère américaine […] en aidant à améliorer la sécurité d’un pays ami qui continue d’être une force importante pour le progrès politique et économique au Moyen-Orient », justifie la DSCA dans son avis, publié le 4 novembre. Il « améliorera la capacité de l’Arabie saoudite à faire face aux menaces actuelles et futures en augmentant ses stocks de missiles à moyenne portée pour sa flotte d’avions de combat [Eurofighter Typhoon, F-15C/D, F-15S et F-15SA] et renforcera encore l’interopérabilité entre les États-Unis et l’Arabie saoudite », a-t-elle ajouté.

Plus tard, un porte-parole de la diplomatie américaine a expliqué que cette vente de missiles AIM-120C permettrait de « protéger des vies américaines ». Et de poursuivre : « Nous avons assisté à une hausse des attaques transfrontalières contre l’Arabie saoudite au cours de l’année passée » et les « missiles AIM-120C saoudiens ont joué un rôle clé dans l’interception des multiples attaques de drones qui ont mis les forces américaines en danger et menacé plus de 70.000 ressortissants américains dans le royaume ».

Alors que la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite enchaîne les frappes aériennes pour empêcher les rebelles Houthis de s’emparer de la ville de Marib, dernier bastion des forces gouvernementales dans le nord du Yémen, le porte-parole du département d’État a insisté sur une évidence, à savoir que les AIM-120C ne seront « pas utilisé contre des cibles au sol ».

Cette vente « permettra à l’Arabie saoudite de reconstituer ses stocks et de respecter l’engagement du président [Biden] à soutenir la défense du territoire saoudien », a-t-il également fait valoir. Et elle est également « conforme à l’engagement de l’administration à favoriser la diplomatie pour mettre fin au conflit au Yémen, tout en s’assurant que l’Arabie saoudite a les moyens de se défendre contre les attaques aériennes des houthis soutenus par l’Iran », a-t-il conclu.

Photo : Raytheon

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