La Russie suspend sa représentation diplomatique auprès de l’Otan jusqu’à nouvel ordre

Depuis 2014, et notamment l’annexion de la Crimée et du conflit dans le Donbass [sud-est de l’Ukraine], les relations entre Moscou et l’Alliance atlantique ont été réduites au strict minimum. Et les rares réunions du Conseil Otan-Russie [COR], institué en 2002 en tant que « mécanisme de consultation, de construction du consensus, de coopération, de décision commune et d’action conjointe », n’ont rien donné de tangibles, si ce n’est qu’elles ont été l’occasion de constater de profonds désaccords.

D’ailleurs, la déclaration publiée à l’issue du dernier sommet de l’Otan, en juin, a fait grand cas de la Russie, qui y est citée une bonne cinquantaine de fois, notamment pour dénoncer ses « activités provocatrices », son « déploiement de missiles à double capacité » [comme les Iskander, ndlr] à Kaliningrad ou encore sa « posture d’intimidation stratégique plus agressive ».

Dans le même temps, et selon sa doctrine militaire, la Russie estime que l’Otan constitue sa principale « menace extérieure ».

Aussi, dans de telles conditions, le dialogue est toujours souhaitable, ne serait-ce que pour éviter les malentendus et les « erreurs de calcul ». D’où l’importance d’une mission diplomatique russe auprès de l’Otan, qui, de son côté, dispose d’un bureau d’information au sein de l’ambassade de Belgique à Moscou. Mais plus pour longtemps.

Début octobre, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a annoncé le retrait des accréditation de huit diplomates russes, accusés d’être des « agents de renseignement non déclarés ».

Et celui-ci d’expliquer : « Les relations entre l’Otan et la Russie sont à leur point le plus bas depuis la fin de la guerre froide. Et c’est à cause du comportement russe. […] Nous avons vu une augmentation des activités malveillantes de la Russie en particulier en Europe et donc nous devons agir. Nous sommes prêts à nous impliquer dans un dialogue significatif avec la Russie ».

Une telle mesure avait déjà été prise en 2018, en réponse à l’empoisonnement du colonel Sergueï Skripal, un ancien officier du renseignement militaire russe [GRU], et de sa fille au Royaume-Uni. Cette tentative d’assassinat avait alors été attribuée à la Russie. À l’époque, l’Otan avait retiré les accréditations à sept membres de la mission russe établie à Bruxelles et obtenu leur expulsion.

Après la décision annoncée par M. Stoltenberg au début de ce mois, l’effectif de la mission russe auprès de l’Otan ne comptait plus que seulement dix personnes.

Dans cette affaire, Moscou aura pris le temps de réagir… Près de deux semaines plus tard, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a annoncé la suspension, jusqu’à nouvel ordre, de la mission auprès de l’Otan ainsi que la fin des activités du bureau d’information de l’Alliance à Moscou.

« À la suite de certaines mesures prises par l’Otan, les conditions de base pour un travail en commun ne sont plus là », a justifié M. Lavrov, précisant que les décisions qu’il venait d’annoncer entreraient en vigueur à partir du 1er novembre.

Depuis 2014, « l’Otan a déjà fortement réduit les contacts avec notre mission. Du côté militaire, il n’y a eu aucun contact depuis lors », a encore fait valoir le chef de la diplomatie russe. Et de soutenir que l’Otan « n’est pas intéressée par un dialogue et un travail d’égal à égal ». Aussi, a-t-il ajouté, « nous ne voyons pas la nécessité de prétendre qu’un quelconque changement soit possible dans un avenir prévisible ».

Cela étant, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre, M. Stoltenberg avait proposé au ministre russe de tenir une nouvelle réunion du Conseil Otan-Russie… Mais cette proposition est restée lettre-morte.

En outre, l’Otan assure garder « ouvertes » les lignes de communication militaires avec Moscou, afin de « promouvoir la prévisibilité et la transparence dans nos activités militaires ». Et de féliciter, d’ailleurs, des « contacts entre le président du Comité militaire, le commandant suprême des forces alliées en Europe et le chef d’état-major russe ».

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