Le Japon pourrait doubler le niveau de ses dépenses militaires

À l’occasion du 76e anniversaire du « Parti des travailleurs », le 11 octobre, la Corée du Nord a organisé une exposition pour exhiber les missiles qu’elle a testés lors de ces dernières semaines, dont le Hwasong-8, un planeur présenté comme étant « hypersonique » [voir photo ci-dessous.

Dans un discours, le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, a fait valoir que le développement de telles armes était « nécessaire » face à la politique « hostile » des États-Unis et le renforcement militaire de la Corée du Sud. Cependant, Pyongyang, qui dispose d’un arsenal nucléaire, pourrait également menacer le Japon, d’autant plus que le territoire de celui-ci, a déjà été survolé par des missiles balistiques tirés depuis la Corée du Nord.

Cela étant, selon un sondage publié en décembre 2020 par le quotidien Nikkei, 86% des personnes interrogées ont estimé que la Chine constituait la première des menaces pour le Japon, notamment à cause de différends territoriaux, à commencer par celui concernant les îles Senkaku. Et 82% ont exprimé une inquiétude au sujet de la Corée du Nord.

Quoi qu’il en soit, l’évolution de la situation dans la région a conduit le gouvernement japonais, dominé par les conservateurs du Parti libéral démocrate [PLD] depuis 2012, à revoir la Constitution – d’essence pacifiste – du pays, à pousser le concept « d’auto-défense collective » et à augmenter, sans discontinuer, les dépenses militaires.

En août dernier, encore, le ministère nippon de la Défense a demandé une nouvelle hausse de son budget pour porter son montant à environ 42 milliards d’euros. Cela étant, il n’est pas certain qu’il obtienne gain de cause : cela dépendra de la couleur politique qu’aura la prochaine majorité au Parlement, après les élections législatives du 31 octobre.

Justement, dans le cadre de la campagne électorale en cours, le PLD a inclu dans son programme une proposition visant à doubler le budget des forces d’autodéfense japonaises. En clair, celui-ci atteindrait le montant de 100 milliards de dollars [environ 85 milliards d’euros] et réprésenterait 2% du PIB.

Ainsi, le PLD veut s’affranchir d’un dogme tacitement adopté par l’ensemble de la classe politique nippone depuis que le Premier ministre Miki Takeo avait fixé, en 1976, une règle selon laquelle les dépenses militaires ne devaient pas dépasser la limite de 1% du PIB, afin d’empêcher le Japon de [re]devenir une puissance militaire de premier rang. Si elle fut cependant été levée en 1987, cette limite n’avait jusqu’alors jamais été aussi explicitement remise en cause.

Étant donné l’endettement du pays [qui est à relativiser, 60% de la dette étant par la Banque du Japon et un tiers par des investisseurs institutionnels japonais], il n’est pas certain que, en cas de nouvelle victoire aux prochaines élections législatives, le PLD soit en mesure d’augmenter aussi massivement les dépenses militaires à court terme. Aussi, une telle proposition vise à donner un cap mais aussi à confirmer le soutien de l’opinion publique à l’évolution de la politique de défense.

Évidemment, une forte hausse du budget militaire serait susceptible de renforcer la base industrielle et technologique de défense [BITD] japonaise et d’accélérer certains programmes ainsi que l’acquisition de capacitées jugées essentielles [assaut amphibie, espace, aviation de combat, forces navales, etc]. Cependant, encore faut-il que les forces d’autodéfense nippone puissent « absorber » une augmentation rapide et importante de leurs ressources, que ce soit, par exemple, en matière de recrutement et de formation. Et cela suppose aussi que la logistique suive. Un autre écueil à éviter est celui du gaspillage… et donc d’échapper à la tentation de financer des projets peu pertinents [mais technologiquement séduisants sur le papier].

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