Compagnon de la Libération, Hubert Germain nous a quittés

Le 22 juillet, l’un des premiers gestes du général Thierry Burkhard en tant que nouveau chef d’état-major des armées [CEMA] aura été de se rendre au chevet d’Hubert Germain, alors le dernier des 1038 Compagnon de la Libération encore en vie. Malheurement, celui-ci vient de nous quitter, à l’âge de 101 ans. Son décès a été annoncé par Florence Parly, la ministre des Armées, lors d’une audition au Sénat.

« Je voudrais d’abord vous informer du décès d’Hubert Germain, notre dernier compagnon vivant de la Libération […] C’est un moment important de notre histoire », a déclaré Mme Parly.

Fils d’un général des troupes coloniales, Huber Germain a vu le jour à Paris, le 6 août 1920. Se destinant à une carrière d’officier de marine, la déclaration de guerre de septembre 1939 le surprend alors qu’il prépare le concours de l’École navale au lycée Michel Montaigne de Bordeaux. Mais l’issue de la campagne de mai-juin 1940 va bouleverser ses plans.

Alors qu’il n’a pas encore vingt-ans, Hubert Germain refuse la défaite et veut continuer le combat. Après avoir songé à rejoindre l’Afrique du Nord, il se joint finalement, avec trois camarades, à des troupes polonaises ayant embarqué à bord de l’Arandora Star pour rejoindre la Grande-Bretagne depuis Saint-Jean-de-Luz.

Arrivé sur le sol britannique, le jeune homme s’engage sans tarder dans les Forces françaises libres. Dans un premier temps, il affecté à bord du Cuirassé Courbet, pour y suivre le cours d’officier de marine. Puis, au printemps 1941, il rejoint finalmeent l’état-major de la 1ere Division légère française libre, appelée à intervenir au Levant. C’est ainsi qu’il prendra part à la campagne de Syrie.

En septembre 1941, promu aspirant après avoir été élève à l’école d’officiers de Damas, il est affecté au 2e bureau [renseignement] de la 1ere Brigade françaises libre du général Koening, puiis, en février 1942, au 2e Bataillon de la 13e Demi-Brigade de Légion étrangère [DBLE]. Lors de la campagne de Libye, qu’il effectue en tant que chef de section antichars, il s’illustre lors de la bataille de Bir-Hakeim, ce qui lui vaut d’être cité à l’ordre de l’armée.

Nommé sous-lieutenant en septembre 1942, Hubert Germain combat à El Alamein [Égypte] puis en Tunisie, dans les rangs de la 1ère Division française libre. Puis, prenant part à la campagne d’Italie, en mai 1944, il est blessé devant Pontecorvo alors qu’il dirigeait le tir des mitrailleuses lourdes de sa section. Évacué à Naples, le général de Gaulle lui remet la Croix de la Libération.

Remis de ses blessures, le lieutenant Germain ne pouvait manquer le débarquement en Provence [15 août 1944]. Il participe alors à la libération de Toulon, de la vallée du Rhône et de Lyon… Puis aux campagnes des Vosges et d’Alsace. L’Allemagne nazie capitule alors qu’il se bat dans le massif de l’Authion, dans le sud des Alpes.

Après la guerre, le lieutenant Germain est appelé auprès du général Koening, alors commandant les forces françaises d’occupation en Allemagne, en tant qu’aide de camp. Puis il est démobilisé en 1946.

Dans le civil, Hubert Germain devient le directeur d’une entreprise de produits chimiques… Puis il entame une carrière politique : il est élu maire Saint-Chéron [Essonne] en 1953, puis député de Paris en 1962, sous l’étiquette gaulliste. En 1971, il est vice-président du groupe UDR à l’Assemblée nationale avant d’être nommé ministre des Postes et Télécommunications, puis minitre chargé des relations avec le Parlement. Enfin, entre 1975 et 1982, il tiendra les rênes de la société française de télédistribution.

Membre du Conseil de l’Ordre de la Libération depuis 2010, Hubert Germain venait d’être fait caporal-chef honoraire de la Légion étrangère. Une distinction qui, à ses yeux, valait sans doute tous les honneurs. En juillet, après la visite qu’il venait de lui rendre, le CEMA avait dit saluer « son engagement, et à travers lui, celui de tous ceux qui se sont battus pour libérer la France et qui doivent aujourd’hui inspirer la jeunesse. Leur héroïsme doit nous guider pour relever les défis à venir ».

Le président Macron lui rendra hommage lors d’une cérémonie devant avoir lieu d’ici quelques jours aux Invalides. Puis il présidera la cérémnie d’inhumation le 11 novembre prochain, à l’Arc de Triomphe et au Mont Valérien, où Hubert Germain reposera.

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