L’armée de Terre précise son projet d’école préparatoire technique pour ses futurs sous-officiers

Alors que ses besoins en techniciens qualifiés ne pouvaient que s’accroître au fil des ans en raison de l’évolution de ses matériels, l’armée de Terre décida pourtant, en 1998, de fermer son École nationale technique des sous-officiers d’active [ENTSOA], qui implantée à Issoire, recrutait des jeunes âgés de 16 ans pour les accompagner vers l’obtention de diplômes professionnels. Et cela dans une logique de « rationalisation » et « d’économies ».

Seulement, avec la montée en puissance du programme SCORPION [Synergie du contact renforcée par la polyvalence et l’infovalorisation], qui vise à renouveler les blindés tout en mettant l’accent sur le combat collaboratif, l’armée de Terre fait face à une pénurie importante de sous-officiers techniciens. D’où le projet n°5 de la Vision stratégique qu’elle a présentée en 2020.

En effet, selon ce document, il est question de « créer une nouvelle école technique » afin de « répondre au défi posé par la transformation SCORPION ».

« La maîtrise technique des outils nécessitera aussi un renforcement dans ce domaine sous peine de ne pas utiliser correctement le matériel », expliqua par la suite le général Thierry Burkhard, alors chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT] et désormais chef d’état-major des armées [CEMA]. Et de préciser : « Nous souhaitons attirer les talents en les confortant dans leur vocation technique avant de les endurcir au sens militaire ».

Puis, en juin dernier, il a été indiqué qu’une « École militaire préparatoire et technique » [EMPT] accueillerait des élèves au moins âgés de 16 ans à la rentrée 2022 et qu’elle serait implantée à Bourges.

La Direction des ressources humaines de l’armée de Terre [DRHAT] a livré de précisions supplémentaires dans le hors-série n°80 de DSI qui vient de paraître.

Ainsi, les élèves de cette future EMPT seront sélectionnés sur dossier à partir de l’âge de 16 ans et jusqu’à celui de 20 ans. Ils intégreront ensuite une classe de première professionnelle ou technologique. Les cours seront donnés par des professeurs du GRETA [Groupement d’établissements], un organisme relevant de l’Éducation nationale.

Plusieurs filières, menant à un baccalauréat, seront proposées : maintenance aéronautique, maintenance des véhicules de transport, systèmes numériques ou encore « sciences et technologies de l’industrie et du développement durable » [STI2D].

La réussite aux épreuves du baccalauréat permettra aux élèves de signer un contrat de sous-officier dans la spécialité qu’ils auront choisie à leur admission l’EMPT. Ensuite, ils rejoindront l’École Nationale des Sous-Officiers d’Active [ENSOA] de Saint-Maixent pour une « durée de formation réduite de moitié en raison des connaissances militaires acquises durant leur scolarité » à Bourges, puis leurs écoles d’armes respectives pour y suivre un cursus de spécialité « adapté à leur profil technique ».

À l’EMPT, les élèves auront le statut militaire d' »Élève de l’enseignement technique » [EET], ce qui leur permettra de percevoir une solde de 300 euros par mois. « Ils seront internes et encadrés militairement, sur le modèle des lycées de la Défense. Ils se formeront militairement de manière continue pour atteindre le niveau de chef d’équipe », précise la DRHAT.

Cette nouvelle école [ou cette ENTSOA « revisitée »] aura pour premier objectif de compter 130 élèves diplômés en 2024, ce qui correspondra « à 30% des sous-officiers directs des spécialités techniques ». Puis il sera question de monter à 50% d’ici 2030 [et donc de former 250 élèves par promotion], et à 100% par la suite. Sa montée en puissance ce veut progressive afin de pouvoir toutes les conditions nécessaires à son succès, c’est à dire un recrutement réussi, des infrastructures et un soutien adaptés ainsi qu’un « corps professoral », qu’il soit militaire ou civil, de « qualité ».

En attendant son ouverture [et son drapeau], cette École militaire préparatoire technique a déjà sa devise : « Instruits, Droits, Adroits ». Celle-ci était celle de l’EMPT du Mans qui, créée au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, devint un « Collège militaire » avant de fermer ses portes en 1985.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]