Le HMS Queen Elizabeth a rejoint deux porte-avions américains près de Taïwan, où la Chine accentue sa pression militaire

En 2020, Taïwan fit état de 380 incursions de la composante aérienne de l’Armée populaire de libération [APL] dans sa zone d’identification de défense aérienne [ADIZ], ce qui constituait un record depuis la troisième crise du détroit de Formose, en 1995-96. Cette année, plus de 500 incursions aériennes chinoises ont d’ores et déjà été constatées par Taipei… Ce qui met ses forces aériennes à rude épreuve.

Depuis quelques moins, il n’est plus question pour l’APL d’envoyer une patrouille de seulement quelques appareils dans l’ADIZ de Taïwan. Les formations qu’elle y envoient sont toujours plus imposantes et virent à la démonstration de force. Le but? Tester la défense taïwanaise, user son potentiel et faire passer le message que Taipei ne pourra pas s’opposer à la puissance chinoise, même en multipliant les achats d’équipements militaires, principalement [voire exclusivement] auprès des États-Unis.

En janvier, la plus importante formation chinoise repérée dans les environs de Taïwan en une seule journée comptait une quinzaine d’appareils. Puis une vingtaine en mars et près d’une trentaine en juin. Le 1er octobre, jour anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine, ce sont pas moins de 38 appareils, en deux vagues, qui ont été envoyés dans l’ADIZ taïwanaise. Un record. Mais on en était qu’au début…

Le lendemain, en deux fois, 39 avions de l’APL ont patrouillé dans l’ADIZ de Taïwan, plus précisément dans une zone située dans le sud-ouest de l’île considérée comme « rebelle » par Pékin. À la différence de la veille, aucun bombardier stratégique H-6, à capacité nucléaire, n’a été répéré. Même chose durant la journée du 3 octobre, où « seulement » 16 avions chinois ont une nouvelle fois été envoyés en mission dans les environs de taïwan.

Ce jour-là, les États-Unis ont fini par réagir à cette intense activité de l’APL, en se disant « très inquiets ». Et le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price, a dénoncé des « provocations militaires » considérées comme « déstabilisatrices » pour la « paix et la stabilité régionales ».

« Nous exhortons Pékin à cesser ses pressions militaires, diplomatique et économique, et sa coercition contre Taïwan », a déclaré M. Price, avant de réaffirmer « l’engagement indéfectible » des États-Unis auprès de Taïwan.

Mais cette déclaration n’a eu aucun effet… puisque, ce 4 octobre, l’APL a envoyé pas moins de 52 avions dans l’ADIZ taïwanaise en une seule vague, dont 36 chasseurs [34 J-16 et 2 Su-30], 2 appareils de patrouille maritime Y-8 ASW, 2 KJ-500 pour le guet aérien et, surtout 12 bombardiers stratégiques H6. Ce qui, sauf erreur, n’avait jamais été vu jusqu’à présent.

Dérivé du Tupolev Tu-16 soviétique, le H-6 a constamment été modernisé par l’APL. S’il a une capacité nucléaire, ce bombardier peut emporter jusqu’à 9’000 kg de bombes et/ou de missiles air-mer et air-sol. Certains modèles ont été modifiés pour tirer des armes hypersoniques.

Durant ces quatre derniers jours, les appareils de l’APL – 145 au total – ne se sont aventurés qu’une seule fois vers la partie orientale de Taïwan, là où sont situées deux bases stratégiques pour la défense de l’île.

Toutes les autres incursions ont concerné les îles Pratas qui, placées sous la juridiction de Taipei, ne manquent pas d’intérêt pour la Chine dans la mesure où leur contrôle lui permettrait de surveiller les mouvements des navires et des avions – américains – se dirigeant vers la mer de Chine méridionale depuis l’océan Pacifique, tout en tenant à l’oeil le canal de Bashi qui, en plus d’être un passage important pour les opérations militaires, est primortal pour les réseaux de communications au regard du nombre de câbles sous-marins qui y ont été installés, au point d’en faire l’un des principaux point de défaillance potentiel d’Internet.

D’ailleurs, non loin de là, trois groupes aéronavals – deux américains et un britannique – constitués autour des porte-avions USS Ronald Reagan, USS Carl Vinson et HMS Queen Elizabeth, ainsi que plusieurs navires venus du Japon, du Canada et de Nouvelle Zélande, ont effectué un exercice conjoint au cours de ces derniers jours.

Pour rappel, le HMS Queen Elizabeth compte 18 avions F-35B à son bord [dont dix de l’US Marine Corps] tandis que le groupe aérien embarqué de l’USS Carl Vinson est le premier à compter des F-35C parmi ses aéronefs. D’ailleurs, celui-ci a des capacités qui sortent de l’ordinaire dans la mesure où l’accent a été mis sur la guerre électronique, avec sept avions de guerre électronique E/A-18 Growler [au lieu de cinq habituellement] et cinq appareils de guet aérien E-2D Hawkeye [contre quatre].

Photos : Ministère japonais de la Défense

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