La Turquie estime que l’accord stratégique entre la France et la Grèce menace la « paix régionale »

Le 28 septembre, et au-delà de la signature d’une lettre d’intention concernant l’achat de trois Frégates de défense et d’intervention [FDI] pour la marine grecque [plus une en option, ndlr], la Grèce et la France ont conclu un accord stratégique, lequel contient une clause d’assistance mutuelle par « tous les moyens appropriés » si les deux pays « constatent conjointement qu’une agression armée survient contre le territoire » de l’un des deux.

Pour le président français, Emmanuel Macron, un tel accord doit permettre à Paris et à Athènes d’agir ensemble « pour la paix et la sécurité en Méditerranée, au Moyen-Orient, en Afrique et dans les Balkans » tandis que le Premier grec, Kyriakos Mitsotakis, a assuré qu’il n’était « pas antagoniste » envers Ankara.

Une telle clause avait été évoquée l’an passé, alors que la Turquie avait envoyé des navires de recherche – sous escorte militaire – dans des zones maritimes revendiquées par la Grèce et la République de Chypre pour y prospecter des gisements de gaz naturel.

Et cela après avoir lancé une intervention militaire – avec notamment des supplétifs recrutés en Syrie – en Libye, afin d’assister le gouvernement d’union national libyen [GNA], alors aux prises avec l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Haftar. Il s’agissait alors pour Ankara de préserver un accord sur ses frontières maritimes lui permettant d’appuyer ses revendications en Méditerranée orientale.

C’est d’ailleurs dans le cadre de cette intervention en Libye qu’un navire turc, escortant le cargo Cirkin [alors suspecté de violer l’embargo sur les armes, ndlr], eut une attitude particulièrement agressive à l’égarde la frégate française Courbet, alors engagée dans la mission « Sea Guardian » de l’Otan.

Quoi qu’il en soit, Ankara a mis du temps à réagir au sujet de l’accord conclu entre la France et la Grèce. Mais, ce 1er octobre, elle a fini par le dénoncer, estimant qu’il était de nature à « menacer la paix et la stabilité » en Méditerranée orientale.

« La poursuite par la Grèce d’une politique d’armement et d’isolement de la Turquie, au lieu de la coopération, est problématique et de nature à lui nuire à elle-même ainsi qu’à l’Union européenne et à menacer la stabilité et la paix régionale », a en effet affirmé le ministère turc des Affaires étrangères, via un communiqué. Et d’ajouter : « Les allégations maximalistes de la Grèce concernant les zones maritimes et aériennes sont contraires à la loi internationale ».

En outre, le diplomatie turque a encore accusé Athènes de pousuivre un « rêve vain » en tentaire de « faire accepter ses revendications à la Turquie » via des « alliances militaires bilatérales ». Pour rappel, et outre l’accord avec la France, la Grèce cherche aussi à renforcer sa coopération militaire avec les États-Unis, dans le cadre d’un « Accord de coopération de défense mutuelle » [MDCA] à la portée étendue.

Cela étant, la France et la Grèce étaient déjà liées par une clause de défense mutuelle de par leur appartenance à l’Otan, dont fait aussi partie la Turquie. Aussi, seulement, dans le cas d’un conflit entre Athènes et Ankara, on voit mal comment elle pourrait être activée.

Par ailleurs, l’article 42-7 du traité de l’Union européenne prévoit que les États membres doivent « aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir » à l’un d’entre-eux dans le cas où il serait la cible d’une « agression armée sur son territoire ». Mais cette disposition, n’est pas contraignante puisqu’elle ne concerne pas les États neutres et qu’elle n’a pas un caractère automatique. Et elle ne précise pas les moyens pouvant être mis en oeuvre, « l’aide et l’assistance » pouvant prendre la forme d’une aide financière ou d’une simple autorisation de survol.

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