La Russie livre quatre hélicoptères de transport et d’attaque Mi-171 au Mali

En 2016 et 2017, le ministère malien de la Défense s’était procuré deux hélicoptères de manoeuvre Puma d’occasion auprès d’Airbus Helicopters et de Vector Aerospace Financial Services, l’une des filiales de l’industriel.

Seulement, ces deux appareils restèrent cloués au sol par la suite, officiellement pour des « questions de maintenance ». Et, deux ans plus tard, cela vira à l’affaire politique. « Nous avons peut-être été floués ou nous avons mal évalué la marchandise », dira, en juillet 2019, Karim Keita, président de la commission défense à l’Assemblée nationale… et fils de l’ex-président Ibrahim Boubacar Keita [IBK], renversé par un coup d’État militaire l’année suivante.

Dans le même temps, le Mali devait recevoir, de la part de la Russie, quatre hélicoptères d’attaque Mil Mi-35 « Hind »… Et le dernier exemplaire lui a été livré, en grandes pompes, en janvier dernier. Et visiblement, ils donnent satisfaction aux forces armées maliennes [FAMa]… lesquelles ont passé commande de quatre appareils russes, en l’occurrence des Mil Mi-171, qui peuvent mener des missions de transport et de combat.

En effet, le 30 septembre au soir, ces quatre Mi-171 sont arrivés au Mali, à bord d’un avion de transport AN-124 des forces aérospatiales russes.

« Nous sommes ici ce soir pour réceptionner quatre hélicoptères de type Mi-171, des armes et des munitions. Les armes et les munitions sont offertes par la Fédération de Russie. Les quatre hélicoptères, neufs comme vous pouvez le constater, ont été entièrement acquis sur le budget national », a commenté le ministre malien de la Défense, le colonel Sadio Camara, qui passe pour être très proche de Moscou.

« C’est la concrétisation d’un contrat signé en décembre 2020, entré en vigueur en juin 2021. L’extrême rapidité de l’exécution de ce contrat montre la fiabilité et le sérieux de ce partenaire qui nous a toujours donné satisfaction dans le cadre d’échanges gagnant-gagnant », a encore fait valoir le colonel Samara, dans une vidéo.

La livraison de ces hélicoptères survient au moment où Bamako envisage de recourir aux services de la société militaire privée [SMP] russe Wagner. Ce qui donne lieu à des tensions diplomatiques avec la France, qui a annoncé, en juin, son intention de revoir son dispositif militaire au Sahel.

La semaine passée, le chef du gouvernement de transition malien [dominé par les militaires à l’origine de deux coups d’État, ndlr], Choguel Kokalla Maïga, a critiqué la France à ce sujet. « La nouvelle situation née de la fin de Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d’autres partenaires », a-t-il affirmé à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies.

En réponse, la ministre française des Armées, Florence Parly, a dit voir, dans de tels propos, « beaucoup d’hypocrisie, beaucoup de mauvaise foi, beaucoup d’indécence » étant donné qu’ils avaient été tenu au lendemain de la mort d’un militaire français « ayant a donné sa vie pour combattre le terrorisme au Sahel ».

Alors que les Mi-171 arrivaient au Mali, le président Macron a également réagi aux mots de Choguel Kokalla Maïga. « J’ai été choqué. Ces propos sont inacceptables […] Alors que hier nous avons présidé à l’hommage national au sergent Maxime Blasco [tué le 24 septembre au Mali, ndlr], c’est inadmissible. C’est une honte et ça déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement », a-t-il déclaré. « Je sais que les Maliens ne pensent pas ça », a-t-il ajouté, avant de souligner que « la légitimité du gouvernement actuel », issu de deux coups d’État successifs [l’un en août 2020, l’autre en mai 2021] est « démocratiquement nulle ».

« Nous sommes exigeants parce que nous sommes engagés, nous voulons lutter contre le terrorisme et pour la sécurité. Nous sommes là parce que l’État malien l’a demandé. Sans la France, le Mali serait dans les mains des terroristes », a rappelé M. Macron.

Photo : Forces armées maliennes

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