Pour Mme Parly, la France doit rester au sein de l’Otan, même si le dialogue politique y est « inexistant »

« Donnez-moi un break », a lancé, en français dans le texte, Boris Johnson, le Premier ministre britannique, pour appeler la France à se « ressaisir » après la colère qu’elle a exprimée au sujet de l’annulation par Canberra d’un contrat portant sur la livraison de 12 sous-marins de type Shortfin Barracuda et l’annonce d’une alliance réunissant l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis pour la région Indo-Pacifique.

Cette alliance est « fondamentalement une grande avancée pour la sécurité mondiale. Ce sont trois alliés partageant vraiment les mêmes valeurs qui se serrent les coudes et créent un nouveau partenariat de partage de technologie », a ajouté M. Johnson. Elle vise « à intensifier les liens et l’amitié entre trois pays d’une manière qui, je pense, sera bénéfique pour les choses en lesquelles nous croyons », a-t-il insisté.

En attendant, vu de Paris, la manière de faire entre alliés est inacceptable. Plusieurs responsables politique, de droite et de gauche, ont appelé le gouvernement à prendre des mesures fortes, comme le retrait de la France du commandement militaire intégré de l’Otan. Selon Francinfo, le président Macron aurait cette tentation, lui avait parlé de « mort cérébrale » de cette organisation en novembre 2019.

Mais ce n’est pas l’option a priori privilégiée, à en juger par les propos tenus par Florence Parly, la ministre des Armées, lors d’une séance de questions au Sénat.

Dans un premier temps, Mme Parly évoqué les sujets qui fâchent, comme « l’aventurisme turc en Méditerranée » ou le « retrait précipité » d’Afghanistan de « façon non concertée » et « dont nous avons vu les dramatiques conséquences ». Et, a-t-elle continué, « l’attitude des États-Unis à l’égard du programme des sous-marins [australiens] est une nouvelle illustration du constat que nous faisons depuis des mois ».

Aussi, a déploré la ministre, « aujourd’hui, le dialogue politique est inexistant au sein de l’Alliance atlantique ». Pour autant, « cela vaut-il de claquer la porte de l’Otan? », a-t-elle demandé. « Je ne le crois pas », a-t-elle enchaîné.

« L’Alliance atlantique a un coeur de métier qui est la défense collective de l’Europe, c’est l’article 5. Les États-Unis y jouent un rôle essentiel mais la France aussi joue son rôle en témoignant de sa solidarité, par exemple, auprès des États baltes. Mais la raison d’être de l’Otan, ce n’est pas la confrontation avec la Chine. La raison d’être de l’Otan, c’est la sécurité transatlantique. Et c’est ce que nous devons rappeler aux États-Unis », a ensuite expliqué Mme Parly.

Visiblement, la ministre des Armées mise sur la « révision du concept stratégique » de l’Alliance, laquelle a été décidée, a-t-elle rappelé, par les Alliés « à notre initiative et à celle de l’Allemagne ». L’enjeu, a-t-elle poursuivi, sera de « de clarifier, et c’est nécessaire, ce concept stratégique dans la perspective du prochain sommet de Madrid et surtout de le faire en cohérence avec la boussole stratégique, travail lancé par les Européens pour renforcer l’Europe de la Défense ».

Enfin, a encore insisté Mme Parly, « être allié, ce n’est pas être l’otage des intérêts de l’autre ».

Cela étant, se brouiller avec Washington pourrait avoir des conséquences dommageables pour les forces françaises… Comme l’avait expliqué, en 2015, le général [2S] Vincent Desportes dans l’un de ses ouvrages [« La dernière bataille de France : Lettre aux Français qui croient encore être défendus »], la France « ne peut plus lancer que les opérations pour lesquelles les États-Unis nous consentent leur soutien ».

Et c’est d’ailleurs ce qu’illustre l’opération Barkhane. Il n’y a pas encore si longtemps, la crainte à Paris était de voir le Pentagone retirer son soutien aux forces françaises dont des domaines clés, comme le transport aérien, le ravitaillement en vol et le renseignement…

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