Le ministère des Armées met en ligne le « baromètre » de la Loi de programmation militaire

Selon les documents relatifs au Débat d’orientation des finances publiques, publiées en juillet dernier, les dépenses de l’État devraient augmenter de 10,8 milliards d’euros en 2022, pour atteindre près de 300 milliards d’euros. Parmi les ministères les mieux lotis, celui de l’Intérieur devrait voir son budget augmenter de 1,5 milliard d’euros l’an prochain.

Quant à celui des Armées, ses crédits augmenteront à nouveau de 1,7 milliard d’euros, conformément à la trajectoire financière décrite par la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, qui avait prévu un budget de 41 milliards d’euros pour 2022 [soit 26% de plus par rapport à celui voté en 2016 pour l’année 2017, ndlr].

Pour autant, et même si la LPM a fait l’objet d’un ajustement sans que le Parlement y soit associé, le plus dur reste à faire puisqu’il est question de porter le budget des Armées à 44 milliards d’euros en 2023… Cet effort sera-t-il confirmé à l’issue des prochaines élections présidentielles et législatives?

« Certes, nous ne sommes pas encore parvenus à la moitié du chemin, mais une chose est certaine : tout ce qui est fait ne sera plus à faire. Et, comme le renoncement n’est pas une option, il faudra donc continuer à se battre jusqu’au bout de cette loi de programmation militaire qui doit nous emmener jusqu’en 2025 », a affirmé Florence Parly, la ministre des Armées, lors de son discours de rentrée, le 15 septembre.

Cela étant, dans un rapport publié en juin, la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense a évalué à 8,6 milliards d’euros les surcoûts « constatés et à prévoir pour atteindre les objectifs de la LPM ». Un chiffre contesté par Mme Parly.

En outre la LPM révisée ayant mis l’accent sur certaines priorités, des programmes ont été décalés, comme le Système de lutte ant-mine du futur [SLAM-F], les futurs bâtiments hydrographiques, le système de drone tactique et les poids lourds de 4/6 tonnes. Et selon ce rapport de la commission, d’autres « livraisons de matériels » ont été « revues à la baisse ».

Par ailleurs, selon La Tribune, afin de combler les lacunes qui se sont accumulées au fil des ans [petits équipements, munitions, stocks de pièces détachées, etc] et alors que la « haute intensité » est régulièrement évoquée et qu’il n’est pas question de renoncer à un « modèle d’armée complet », les armées auraient besoin de 55 milliards d’euros par an sur la période 2023-2028. On en est donc encore très loin…

Quoi qu’il en soit, le ministère des Armées a mis en ligne le « baromètre » de la LPM 2019-2025 afin de « permettre à chaque Français de s’informer sur l’état d’avancement de la modernisation des Armées ».

« Organisé selon les quatre grandes priorités de la ministre [l’amélioration des conditions de vie et d’engagement des militaires, le renouvellement des équipements des armées, le renforcement de notre souveraineté, la construction des armées du futur], ce baromètre mesure de façon concrète et imagée la mise en œuvre de la loi de programmation militaire 2019-2025 », explique le ministère des Armées, via un communiqué.

Et d’ajouter : « Ce nouveau site internet est le résultat du travail d’une équipe du Laboratoire numérique et du Pôle Pilotage / Performance de la délégation à la transformation et à la performance ministérielles, rattachée au secrétariat général pour l’administration du ministère des Armées ».

Pour le moment, les chiffres présentés par ce nouveau site ont été arrêtés le 30 juin dernier. Et l’on s’aperçoit qu’il reste encore quelques efforts à faire pour tenir les objectifs fixés pour 2021. Par exemple, il y est dit que 260 blindés Griffon ont été livrés à l’armée de Terre sur les 339 prévus cette année, que les forces aériennes disposent de 106 Rafale F3R sur les 128 prévus et qu’il reste encore du chemin à parcourir pour réaliser les 660 logements neufs promis [249 l’ont été].

Reste tous les programmes en cours ne sont pas évoqués par ce « baromètre de la LPM ». Sans doute est-ce une question de temps, son contenu étant appelé à s’enrichir.

Enfin, une partie qui mériterait d’être développée est celle relative aux retombées économiques de la LPM et des implantations militaires, d’autant que l’Observatoire économique de la Défense, qui relève du SGA, a récemment publié des études sur le sujet [comme celle-ci]. En tout cas, on apprend que 36’320 emplois ont été créés entre 2017 et 2020 au sein de la base industriel et technologique de défense [BITD].

Le site : https://barometre-lpm.defense.gouv.fr/

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