Les forces françaises ont éliminé Adnan Abou Walid al-Sahraoui, le chef de l’État islamique au Sahel

Fin août, une rumeur circulant sur les réseaux sociaux indiquait que le chef de l’État islamique au grand Sahara [EIGS], Adnan Abou Walid al-Sahraoui, avait été tué lors d’une opération menée par la force française Barkhane. Ce qui ne fut pas confirmé à l’époque.

Cela étant, l’EIGS était alors sous pression, plusieurs de ses cadres importants ayant été « neutralisés » lors de l’opération Solstice, conduite par les forces françaises et nigériennes dans la région dite des trois frontières, car située aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso. En juillet, la ministre des Armées, Florence Parly, avait ainsi annoncé la capture de Sidi Ahmed Ould Mohammed [alias Katab al-Mauritani] ainsi que l’élimination d’Almahmoud Al Baye [alias Ikaray], deux proches lieutenants d’Adnan Abou Walid al-Sahraoui.

Aussi, l’étau autour du chef de l’EIGS se resserrait progressivement. D’où, sans doute, les rumeurs le concernant… Quoi qu’il en soit, dans la nuit du 15 au 16 septembre, le président Macron a annoncé, via Twitter, qu’Adnan Abou Walid al-Sahraoui avait été « neutralisé » par les forces françaises. « Il s’agit d’un nouveau succès majeur dans le combat que nous menons contre les groupes terroristes au Sahel », a-t-il souligné.

« La Nation pense ce soir à tous ses héros morts pour la France au Sahel dans les opérations Serval et Barkhane, aux familles endeuillées, à tous ses blessés. Leur sacrifice n’est pas vain. Avec nos partenaires africains, européens et américains, nous poursuivrons ce combat », a conclu le chef de l’État.

De son côté, Mme Parly a précisé que le chef de l’EIGS est « mort à la suite d’une frappe de la force Barkhane », sans toutefois donner plus de détails. Et d’ajouter : « Je félicite les militaires et agents de renseignement qui ont contribué à cette traque de longue haleine. C’est un coup décisif contre ce groupe terroriste ».

L’élimination du chef de l’EIGS survient un peu plus d’un an après celle d’Abdelmalek Droukdel, « l’émir » d’al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI], lors d’une opération française conduite dans le nord du Mali.

Pour rappel, Adnan Abou Walid al-Sahraoui avait fait allégeance à Abu Bakr al-Baghdadi, le chef de l’État islamique [EI ou Daesh] en 2015, alors qu’il était membre du groupe jihadiste « al-Mourabitoune », né d’une fusion entre le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest [MUJAO], dont il était le porte-parole, et les « Signataires par le sang » de Mokthar Belmokthar [qui a disparu de la circulation depuis, ayant probablement été tué par une frappe française en Libye, ndlr].

L’EI tarda à reconnaitre l’allégeance d’al-Sahraoui, considérant alors son groupe comme étant trop faible. Mais il changea d’avis à partir de septembre 2016, après que l’EIGS eut revendiqué ses premières actions au Burkina Faso.

Puis, un an plus tard, l’organisation jihadiste fut à l’origine d’une embuscade qui coûta la vie à quatre commandos des forces spéciales américaines, à Tongo Tongo [Niger]. En 2018, al-Sahraoui avait manqué d’être neutralisé par la force Barkhane, lors d’une opération lancée dans la région de Gao, autour de Ménaka et Ansongo. Les mois suivants, l’EIGS multiplia les attaques particulièrement meutrières dans la région des trois frontières, infligeant de lourdes pertes aux armées locales, ainsi que les exactions à l’égard des populations civiles.

Ainsi, depuis le début de l’année 2021, même amoindri par l’action de la force Barkhane, alors concentrée sur la région des trois frontières, l’EIGS a lancé une série d’attaques ayant fait plusieurs centaines de morts parmi les civils, sur fond de rivalité avec le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM, lié à al-Qaïda].

« La stratégie de l’EIGS diffère de celle du GSIM, limitant son influence politique. Au début de 2021, l’EIGS a mené des attaques majeures au Burkina Faso, au Mali et au Niger, qui ont fait plusieurs centaines de morts parmi la population civile. En mai, un long message de propagande concernant l’EIGS au Niger a été publié dans Al-Naba par la structure centrale de l’EI pour justifier ces meurtres, au motif que les victimes avaient soutenu les autorités locales », a récemment expliqué un rapport des Nations unies.

Reste donc à voir si l’élimination d’al-Sahraoui, qui, pour rappel, avait personnellement ordonné l’assassinat de six travailleurs humanitaires français au Niger, se traduira par un changement de stratégie, alors que la France a annoncé une évolution de son dispositif militaire au Sahel, afin de se concentrer sur la traque des chefs jihadistes et l’appui aux forces armées locales.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]