En trois mois, la force Barkhane a neutralisé tous les chefs non maliens de Daesh au Sahel

C’est donc au coeur de la nuit dernière que le président Macron a donc annoncé la neutralisation d’Adnan Abou Walid al-Sahraoui, le chef de l’État islamique au grand Sahara [EIGS], confirmant ainsi une rumeur qui circulait depuis la fin août.

Lors d’une conférence de presse donnée ce 16 septembre, la ministre des Armées, Florence Parly, a précisé que cette figure du jihadisme sahélien, responsable de mort de 2000 à 3000 civils depuis 2015, avait succombé à ses blessures, après avoir visé par une frappe française, effectuée dans le Liptako malien, c’est à dire dans la zone des trois frontières, plus précisément dans environs d’Indelimane.

S’il est arrivé que des chefs jihadistes aient été éliminés lors d’opérations dites « d’opportunité », il en est allé autrement pour « l’émir » de l’EIGS, la frappe réalisée en août ayant été l’aboutissement de plusieurs mois de traque.

« Grâce à une manœuvre de renseignement de longue haleine et grâce à plusieurs opérations de captures de combattants proche d’al-Saharoui, la force Barkhane avait réussi à identifier plusieurs lieux d’intérêt où ce dernier était susceptible de se terrer », a en effet expliqué Mme Parly. « À la mi-août, nous avons pris la décision de lancer une opération visant ces lieux. Des frappes aériennes ont été conduites et l’une d’entre elles a atteint sa cible », a-t-elle ajouté.

Effectivement, lors de l’opération « Solstice », conduite par les forces françaises et nigériennes dans la région des trois frontières, plusieurs cadres importants de l’EIGS ont été capturés [comme Dadi Ould Chouaïb, alias « Abou Dardar » et Sidi Ahmed Ould Mohammed, alias Katab al-Mauritani] ou éliminés. Tel a été le cas d’Almahmoud Al Baye [alias Ikaray], d’Issa Al Sahraoui, le « coordinateur logistique et financier » du groupe jihadiste et d’Abou Abderahmane Al Sahraoui, son responsable religieux [cadi] et numéro trois.

L’opération visant à neutraliser Adnan Abou Walid al-Sahraoui a donc été lancée le 17 août, en partenariat avec les forces armées maliennes, dans la forêt de Dangarous qui, située au sud d’Indelimane, est difficile d’accès. C’est d’ailleurs pour cette raison que, souligne l’EMA, elle était alors connue pour « abriter des campements de cadres et de membres de l’EIGS ainsi que des plots logistiques ».

Lors de la phase initiale de renseignement [17-20 août], une frappe aérienne avait déjà permis de neutraliser deux membres de l’EIGS circulant sur une moto. Puis, un groupe commando a ensuite été engagé pour reconnaître et fouiller la zone, avec l’appui de drones MQ-9 Reaper et de Mirage 2000D. Ces derniers ont été sollicités à plusieurs reprises pour viser des « objectifs clairement identifiés comme étant occupés » par des jihadistes.

« Les frappes ont été déclenchées après avoir respecté un processus de ciblage robuste et avec la confirmation que les objectifs visés correspondaient à des éléments de l’EIGS », a tenu à souligner l’EMA. Et c’est donc au cours de l’une d’entre-elles qu’Adnan Abou Walid al-Sahraoui a été mortellement blessé.

Pour Mme Parly, la mort d’Adnan Abou Walid al-Sahraoui porte au « coup décisif au commandement » de l’EIGS ainsi qu’à sa « cohésion ». Le Directeur général de la sécurité extérieure [DGSE], Bernard Émié a outre rappelé que les forces françaises ont « récemment neutralisé, sur la base de renseignements consolidés, plus d’une dizaine de cadres non maliens de l’EIGS ». Et d’insister : « Ce sont leurs chefs militaires, leurs idéologues, leurs logisticiens et désormais leur chef historique qui ont été mis hors de combat ».

À noter que le numéro deux de l’EIGS, Abdelhakim al-Sahraoui [alias Salama Mohamed Fadhil] serait mort en mai dernier, dans des circonstances inconnues. C’est en effet ce qu’avait affirmé Mme Parly en juillet… Ce qu’un rapport des Nations unies sur la mouvance jihadiste, publié peu après, n’a toutefois pas confirmé.

Quoi qu’il en soit, M. Émié a prévenu que l’EIGS allait « rester menaçant ». Et que, par conséquent, il ne fallait « pas baisser la garde ». Selon lui, le groupe « devrait se structurer maintenant autour de ses chefs Peuls », ce qui pourrait alimenter les tensions interethniques dans la région.

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