La Grèce va protéger les infrastructures critiques saoudiennes avec un système de défense aérienne Patriot

Régulièrement, l’Arabie Saoudite est la cible de missiles tirés depuis le Yémen par les rebelles Houthis, comme cela a encore été le cas le 5 septembre dernier, trois engins de ce type ayant été interceptés par la défense aérienne saoudienne alors qu’ils visaient les villes de Najran et de Jazan, situées dans le sud du royaume.

Outre les missiles, les rebelles yéménites utilisent également des drones chargés d’explosifs, comme lors de l’attaque – déjouée selon Riyad – contre l’aéroport d’Abha, ce 15 septembre.

Malgré la menace récurrente de ces missiles balistiques et autres drones, les États-Unis ont retiré les batteries de défense aérienne Patriot et THAAD [Terminal High Altitude Area Defense], qu’ils avaient déployés en Arabie Saoudite après les attaques contre les sites pétroliers d’Abqaïq et de Khurais, en septembre 2019. C’est en effet ce qu’ont montré des photographies prises par satellite et récemment publiées par l’agence Associated Press.

Interrogé à ce sujet, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a admis un « redéploiement de certains moyens de défense aérienne » dans la région du Golfe persique, tout en assurant que les États-Unis maintiendraient leur engagement envers « leurs alliés du Moyen-Orient », notamment via des capacités « aériennes et maritimes » parmi les « plus avancées ». Au même moment, on apprenait que le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, avait annulé un déplacement en Arabie Saoudite. Officiellement pour un « problème d’agenda ».

« Nous devons être rassurés sur l’engagement américain. Cela passerait, par exemple, par le maintien des batteries Patriot en Arabie Saoudite, à un moment où le royaume est la cible d’attaques de missiles et de drones depuis le Yémen mais aussi depuis l’Iran », fit valoir le prince Turki al-Faisal, un ancien chef du renseignement saoudien [entre 1979 et 2001], dans un entretien accordé à la chaîne CNBC.

Quoi qu’il en soit, le ministère saoudien de la Défense a assuré à l’Associated Press qu’il est en mesure « de défendre ses terres, ses mers et son espace aérien, et de protéger son peuple ». Et il est vrai que les forces armées du royaume disposent aussi de leurs propres batteries Patriot… Mais visiblement en nombre insuffisant…

En effet, le 14 septembre, le ministre grec de la Défense, Nikos Panagiotopoulos, s’est rendu sur la base de Tanagra pour présider la cérémonie de départ vers l’Arabie Saoudite d’un détachement appelé à mettre en oeuvre au moins une batterie de défense aérienne Patriot afin de protéger les « infrastructures énergétiques critiques » saoudiennes.

« Votre présence là-bas est cruciale pour notre pays. Vous représenterez nos forces armées en contribuant à l’effort visant à maintenir la sécurité et la stabilité dans la région sensible du Moyen-Orient. En même temps, par votre présence, nous allons nouer des liens encore plus forts avec les pays du Golfe, renforçant ainsi nos relations traditionnellement excellentes et promouvant nos intérêts nationaux », a expliqué M. Panagiotopoulos aux aviateurs grecs sollicités pour cette mission, dont le contour a été arrêté en avril dernier.

L’annonce de ce déploiement avait été faite en février 2020. À l’époque, il devait se faire dans le cadre d’une initiative plus large, impliquant également les États-Unis, la France et le Royaume-Uni. Les moyens américains ayant été retirés, il ne resterait donc plus, en théorie, ceux mis en oeuvre par les forces françaises et britanniques…

À vrai dire, la France et le Royaume-Uni sont très discrets sur les capacités déployées en Arabie Saoudite. Ce n’est qu’en décembre dernier que l’on a appris, au détour d’un rapport du ministère britannique de la Défense [MoD] que Londres avait envoyé un radar Giraffe près de Riyad.

Côté français, le président Macron avait révélé, en janvier 2020, l’existence de la « task force Jaguar », alors déployée depuis peu dans la partie orientale de l’Arabie Saoudite et mettant un oeuvre un radar Giraffe AMB. Depuis, aucun compte-rendu de l’État-major des armées [EMA] n’a évoqué cette mission, confiée à l’armée de l’Air & de l’Espace. Celle-ci l’a brièvement évoquée à l’occasion du portrait d’un jeune « technicien radar » spécialiste du Giraffe, publié sur son site il y a quelques mois.

« Mon premier engagement de deux mois en Arabie saoudite a permis une véritable mise en application de mes connaissances. Le sentiment d’utilité et d’accomplissement dans la conduite de cette mission était très enrichissant », avait en effet affirmé ce jeune sous-officier appartenant à l’Escadron des systèmes de surveillance tactique [ESST].

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