Un croiseur et un navire espion chinois repérés dans la zone économique exclusive des États-Unis

C’est, en quelque sorte, la réponse du berger à la bergère. Alors que le porte-avions USS Carl Vinson, avec ses F-35C, F/A-18 Super Hornet, E/A-18 Growler [de guerre électronique] et E-2D Hawkeye, navigue en mer de Chine méridionale, dont la quasi-totalité est revendiquée par Pékin malgré un avis rendu par la Cour permanente d’arbitrage [CPA] de La Haye, la composante navale de l’armée populaire de libération [APL] a envoyé une flottille de quatre navires dans la zone économique exclusive [ZEE] États-Unis, plus précisément dans les environs des îles Aléoutiennes.

Ce n’est pas la première fois que la Chine déploie des navires dans cette région. Cela fut le cas en 2015 – une première, à l’époque – avec trois frégates, un navire de débarquement et un autre de ravitaillement. « Les États-Unis n’avaient encore jamais repéré de navires chinois en mer de Béring », avait alors affirmé un porte-parole du Pentagone. Et d’ajouter : « Nous respectons la liberté de toutes les nations à déployer des bateaux dans les eaux internationales, conformément au droit international ».

La présence des quatre navires chinois dans la ZEE des États-Unis a été révélée par des photographies qui, prises les 29 et 30 août depuis le patrouilleur USCG Bertholf de l’US Coast Guard, ont récemment été publiées via le site DVIDS [Defense Visual Information Distribution Service] du Pentagone.

« Toutes les interactions entre la Garde côtière américaine et l’APL ont été conformes aux lois et normes internationales. À aucun moment, le groupe de navires chinois n’est entré dans les eaux territoriales américaines », c’est à dire à moins 12 nautiques des côtes, a souligné l’US Coast Guard, qui n’a pas précisé le type des bâtiments en question.

Mais, selon toute vraisemblance, la flottille chinoise serait celle qui avait été repérée le 24 août par la force navale d’autodéfense japonaise alors qu’elle traversait de le détroit de La Pérouse [encore appelé Sōya, ndlr], vers la mer de Béring.

D’après un communiqué publié par la suite, cette formation comprenait le croiseur de type 055 « Nanchang », le « destroyer » de type 052D Giyang, un navire de ravitaillement de type 903A et un navire de renseignement électronique portant le numéro de coque 799.

Rattaché à la flotte du « théâtre Nord » de l’APL, le CNS « Nanchang » est un croiseur mis en service en 2020. Affichant un déplacement de 10’000 tonnes [pour 180 mètres de long et un maître-bau de 20 mètres], ce croiseur est doté de 112 tubes de lancement vertical [48 à l’avant et 64 à l’arrière] pouvant tirer des missiles anti-aérien HHQ-9 et HHQ-16, des missiles anti-navire YJ-18A et des missiles de croisière CJ-10. Il est aussi muni de 24 missiles anti-aériens HHQ-10, d’une tourelle H/PJ-38 de 130 mm, d’un canon automatique à 7 tubes CIWS [Close-In Weapon System] de type 1130, de roquettes anti-sous-marins CY-5 et de 6 tubes lance-torpilles de 324mm.

Côté électronique le CNS Nanchang est équipé d’un radar AESA [à antenne active] multi-fonctions type 346B, d’un radar de tir AESA X-Band, de brouilleurs, de radars passifs, de lance-leurre type 726-4 et de deux sonars [un, volumineux, de proue, l’autre, à basse fréquence, remorqué].

Le CNS Giyang est un « destroyer » de 7’000 tonnes dont les capacités sont davantage tournées vers la lutte anti-sous-marine. Cependant, il emporte également des missiles de croisières CJ-10 et dispose, plus généralement, du même type d’armement que le CNS Nanchang.

Quant au navire de renseignement électronique, la photographie fournie par la marine chinoise suggère qu’il s’agit d’un bâtiment de type 815. Seulement, son numéro de coque ne correspond à aucune unité actuellement en service au sein de l’APL [numérotés de 851 à 859, ndlr].

Pour le moment, on ignore où se trouve exactement cette flottille chinoise, le Pentagone ayant été avare de détails à son sujet. En revanche, dans un communiqué publié le 12 septembre, le ministère japonais de la Défense a fait savoir que la marine nippone venait de repérer, deux jours plus tôt, un sous-marin chinois, au large de l’île d’Amami Oshima, située entre Kyushu et Okinawa, où les forces américaines disposent de deux bases.

Puis, ce sous-marin, dont le type n’a pas été précisé, a été pisté jusque dans les environs de l’île japonaise de Yokoate-Jima, située à 32 nautiques au nord-ouest d’Anami Oshima. En clair, il naviguait alors dans une zone dite « contiguë » qui, selon la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, est un espace maritime s’étendant jusqu’à 24 nautiques des côtes et où l’état côtier a le pouvoir d’exercer des droits de police et de douane. Aucune réglementation ne concerne cependant les navires militaires se trouvant dans une telle zone… mais leur présence peut être perçue comme une provocation.

Depuis, on ignore la position de ce sous-marin. Cependant, selon les sites de suivi du trafic aérien, un avion des forces aériennes d’autodéfense japonaise a été vu, ce 14 septembre, en train de patrouiller au large de l’île d’Okinoshima. Mais rien ne dit que cette activité ait un rapport avec la présence du navire chinois dans les environs de l’achipel nippon.

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