Le français Thales prend la tête d’un projet européen visant à « révolutionner » les capacités de lutte anti-sous-marine

L’un des débats importants de cette rentrée 2021 porte sur le projet de taxonomie porté par la Commission européenne. Projet qui vise à orienter les investissements et les financements vers la « transition écologique » et d’en exclure les industries de l’armement. La ministre des Armées, Florence Parly, avait ainsi sonné le tocsin en juillet dernier.

« Dire que le nucléaire est mal, c’est se tirer une balle dans le pied. Dire que les activités de défense ne doivent pas être financées par les organisations financières et les banques, au même titre que les activités pornographiques, c’est choquant! », avait en effet lancé la ministre, lors des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence.

En attendant, le Commission européenne a donné un aperçu de ses intentions, en excluant les activités liées à l’énergie de l’émission de 250 milliards d’euros d’obligations « vertes », alors que celles ayant trait aux centrales à gaz pourront y prétendre « sous certaines conditions ».

Pour autant, la messe n’est pas encore dite. Commissaire européen au Marché intérieur, le français Thierry Breton, aligné sur la position défendue par Mme Parly, s’est dit prêt à monter au créneau, alors que ce projet de taxonomie fait l’objet d’intenses discussions, à Bruxelles, entre la Direction générale de l’industrie de défense et de l’espace et la Direction générale de l’environnement.

C’est à se demander si l’exécutif européen ne souffre pas de schizophrénie… étant donné que le Cadre financier pluriannuel [CFP] pour la période 2021-27, adopté par les 27 États membres en juillet 2020, prévoit justement de doter un Fonds européen de défense [FEDef] d’environ 7 milliards d’euros, l’objectif étant de favoriser les coopérations industrielles européennes en matière d’armement, notamment via la Coopération structurée permanente [CSP/PESCO].

D’ailleurs, fin juin la Commission européenne a retenu 26 projets au titre du Programme Européen de Développement Industriel dans le domaine de la Défense [PEDID, précurseur du FEDef, ndlr], dont celui appelé SEANICE [AntiSubmarine Warfare European Autonomous Networked Innovative and Collaborative Environment].

Coordonné par le groupe français Thales et doté de [seulement] 11,6 millions d’euros, ce projet vise à « étudier, tester, prototyper et élaborer la prochaine génération de solutions de lutte anti sous-marine [ASM], basée sur la collaboration entre plates-formes pilotées et non pilotées ».

Selon Thales, SEANICE doit préparer les forces navales européennes à faire face aux meances sous-marins futures, telles que les « sous-marins d’attaque, les sous-marins miniatures, les drones, les torpilles lourdes, les torpilles ultra rapides et les mines navales ». Et cela, avec le soutien du programme MUSAS [Maritime Unmanned Anti-Submarine System], conduit par le Portugal dans le cadre de la CSP.

Actuellement, SEANICE concerne six pays, dont la France [qui en assure la coordination, nldr], la Belgique, l’Espagne, l’Italie, la Lettonie et le Portugal. Et 16 industriels y participeront.

« Au cours des 20 dernières années, les opérations navales, en particulier sous-marines, ont évolué vers des modes de surveillance et de combat plus connectés et plus complexes. Ceux-ci s’appuient sur de nouveaux moyens, tels que les équipements autonomes sans équipage, ainsi que les capteurs et effecteurs distribués », souligne Thales.

Aussi, SEANICE doit permettre aux forces navales des pays impliqués de relever plusieurs défis, comme les opérations de lutte ASM conjointes/coordonnées, la réponse à donner aux menaces sous-marines furtives ainsi qu’à la multiplication des systèmes non pilotés et autonomes pouvant se traduire par des attaques par saturation.

« Ce projet, qui contribue à un certain nombre d’innovations, a pour but d’appliquer […] de nouveaux concepts déjà utilisés dans le civil. Il s’attache à intégrer de nouveaux équipements non pilotés ainsi que de nouveaux moyens de renseignement et de surveillance, afin de maitriser la complexité actuelle inhérente à la conduite des opérations de lutte ASM », précise l’électronicien français.

« Thales a réuni un consortium européen unique d’entreprises de haute technologie pour faire bénéficier les systèmes de lutte ASM de nouvelle génération de leurs innovations dans le cadre du Programme européen de développement industriel dans le domaine de la défendre. Grâce à nos atouts et avantages technologiques respectifs, nous allons révolutionner la capacité des forces navales européennes de faire face aux menaces sous-marines actuelles et futures », a assuré Gwendoline Blandin, vice-présidente, Systèmes sous-marins de Thales.

Photo : Thales

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