Un avion espion français C-160G « Gabriel » a pris la mesure des préparatifs de l’exercice russe « Zapad 21 »

Comme tous les quatre ans, les forces russes et biélorusses vont prendre part, à compter du 10 septembre, aux manoeuvres « Zapad », organisées près des pays baltes et de la Pologne.

En 2017, Moscou avait annoncé que, cette année-là, ces exercices allaient mobiliser 12’700 soldats, soit en deçà du seuil à partir duquel des observateurs internationaux devaient être conviés à y assister, conformément au document de Vienne, adopté sous l’égide de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, prévoit la présence d’observateurs internationaux.

Or, selon le commandant de l’US Army en Europe, qui était le général Ben Hodges, à l’époque, au moins 40’000 militaires russes et biélorusses y prirent part. « L’astuce a été de compartimenter Zapad 2017 en une série d’exercices plus petits. Mais d’un point de vue militaire, ils étaient tous connectés », avait expliqué l’officier. En outre, ces manoeuvres avaient eu pour consisté à « simuler une attaque depuis la Russie contre tous les pays baltes ».

Qu’en sera-t-il pour l’édition 2021 de Zapad? Le 3 septembre, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a fait valoir que la « Russie doit se comporter de manière prévisible et transparente », d’autant plus que « ce que nous avons déjà vu, c’est que les effectifs participant aux exercices dépassent largement les chiffres annoncés ».

D’après la société française Preligens, qui propose des solutions d’intelligence artificielle pour le monde du renseignement, Zapad 21 devrait mobiliser, au total, 200’000 soldats, 80 aéronefs, 300 chars, plus de 10 navires et jusqu’à 800 blindés. « L’exercice ZAPAD suscite à chaque édition une hausse significative des tensions entre l’axe Moscou-Minsk et les pays frontaliers, en particulier les pays baltes. Cette année encore, ces tensions, entraînant une dynamique de surenchère, devraient mobiliser la communauté internationale », a-t-elle estimé.

En attendant leur lancement, ces manoeuvres suscitent évidemment l’intérêt de certains membres de l’Otan et de pays riverains. Ainsi, ce 7 septembre, et selon les sites de suivi du trafic aérien, plusieurs avions de renseignement ont effectué des patrouilles à proximité de la zone où se déroulera Zapad 21.

La force aérienne suédoise a ainsi envoyé un Saab S-100 Argus [veille radar et reconnaissance] ainsi qu’un Gulfstream S-102 Korpen [renseignement électronique], ce dernier s’étant concentré dans un secteur situé au large de l’enclave russe de Kaliningrad.

L’US Air Force a envoyé un RC-135U Combat Sent, dont la mission consiste à collecter des données sur les systèmes radar. Et comme le S-120 suédois, il a surtout volé aux abords de Kaliningrad. La Deutsche Marine a, quant à elle, envoyé un avion de patrouille maritime P3C Orion dans le même secteur.

Enfin, l’un des deux Transall C-160G « Gabriel » de l’Escadron électronique aéroporté 1/54 « Dunkerque » [le F221] a également été de la partie. Mais, contrairement aux autres appareils, il a effectué des boucles entre l’Estonie et le golfe de Finlande. A priori, le secteur de Pskov, où devrait avoir lieu une partie de Zapad 21, l’a plus particulièrement intéressé.

Sans trop entrer dans les détails, le C-160G Gabriel est doté du système d’écoute EPICEA, de systèmes de recueil du renseignement électromagnétique, de quatre antennes et de deux caméras OMERA-51.

[*] Preligens propose un suivi des manoeuvres Zapad 21

Photo : armée de l’Air & de l’Espace

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