Le Service de Santé des Armées mise sur l’intelligence artificielle pour les visites médicales d’aptitude

Poser un diagnostic au plus vite afin d’améliorer la prise en charge d’un patient, consultations à distance, meilleure orientation des personnes arrivant aux urgences selon leurs symptômes et la gravité de ceux-ci, surveillance de l’évolution de l’état des malades, mise au point plus rapide de nouveaux traitements ou encore interventions pratiquées par des robots chirurgicaux…

L’intelligence artificielle [IA] pourrait être au coeur de la médecine du futur, à la condition toutefois de ne pas faire fi de l’éthique [secret médical, consentement des personnes pour la collecte des données, etc] et de la cybersécurité, sujet très sensible s’il en est au regard de l’actualité récente, avec des attaques informatiques ayant paralysé des hopitaux et la fuite de 700’000 résultats de tests « covid » qu’a connue la plateforme « Francetest ».

Cela étant, le Service de Santé des Armés [SSA] suit évidemment de près les innovations dans le domaine médical. Et il est même à la pointe des nouvelles pratiques. Ainsi, en mai dernier, et afin d’améliorer la prise en charge des patients lors d’une intervention chirurgicale, l’Hôpital d’instruction des armées [HIA] Saint-Anne, à Toulon, a été le premier établissement hospitalier français à mettre en oeuvre un « système de surveillance des paramètres vitaux des patients », avec le soutien de l’Agence de l’innovation de Défense [AID].

Ce « système comprend, entre autres, une mesure de la fréquence cardiaque et de la fréquence respiratoire grâce à un patch posé sur le patient qui communique, par une technologie sans fil, avec une application dédiée. Celle-ci permet de générer des scores d’aggravation des patients complétant la surveillance infirmière », explique le SSA, dans le dernier numéro de son magazine « Actu Santé ».

S’agissant de l’intelligence artificielle, le SSA ne manquera pas d’adopter les applications permises par cette technologie, à commencer par celles développées dans le milieu civil. Cependant, en raison de ses spécificités et besoins, il devrait être amené à mettre au point ses propres algorithmes.

« Dans certains domaines, cependant, l’exercice des métiers de santé dans le contexte de la défense présente des spécificités réelles conduisant le Service à s’investir pour développer les outils d’IA nécessaires au sein de l’écosystème de la défense », souligne en effet Actu Santé.

D’où une réflexion lancée en 2019 afin de déterminer les domaines où l’intelligence artificielle serait susceptible d’offrir une réelle plus-value au SSA. Ainsi, six thèmes ont été retenus : la réanimation de l’avant semi-automatisée du blessé de guerre, l’assistance au triage et à la gestion d’un afflux de victimes [MASCAL] par « agent vulnérant ou en contexte NRBC [nucléairen radiologique, biologique, chimique], les capteurs connectés du combattant, la veille sanitaire et l’amélioration des connaissance sur l’état de santé des militaires, la prévention [via des « robots conversationnels »] et… la décision d’aptitude médicale.

Sur ce dernier point, explique Actu Santé, l’intelligence artificielle pourrait assister le praticien « par la comparaison d’un profil de patient à une base de données de référence » et apporter une « aide à la standardisation de la décision d’aptitude ».

En novembre 2020, devant le personnel de la Direction de la médecine des forces du SSA, à Tours, la ministre des Armées, Florence Parly, avait estimé qu’il fallait « libérer du temps médical » en plus de donner plus de moyens au SSA. Moyens qui avaient été réduits au cours de ces dernières années, notamment au niveau des ressources humaines, malgré une activité sans cesse croissante.

« Libérer du temps médical, c’est ce qu’il y a de plus précieux : nous devons agir pour que les médecins comme les infirmiers passent plus de temps avec les patients qu’ils n’en passent à des tâches administratives », avait affirmé Mme Parly. L’une des pistes était alors la « réforme des visites d’aptitude », celle-ci devant « supprimer les visites redondantes et alléger la charge du personnel soignant », en diminuant de 30% le volume de ces visites.

En clair, cette mesure concernait la « visite médicale périodique » [VMP] des militaires d’active et de réserve. Un décret publié en mars 2020 avait d’ailleurs porté la validité de cette dernière de 24 à 30 mois.

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