Le dernier militaire américain a quitté l’Afghanistan, où l’ex-chef de la sécurité de Ben Laden vient de faire son retour

Le 30 août, le général Chris Donahue, le commandant de la 82e Division aéroportée de l’US Army, aura officiellement été le dernier militaire américain à fouler le sol de l’aéroport de Kaboul [et donc celui l’Afghanistan]. L’US Centcom [commandement pour l’Asie centrale et le Moyen Orient, ndlr] a d’ailleurs publié une photographie de cet officier montant à bord d’un avion de transport C-17A Globemaster III [indicatif : MOOSE94], lequel a assuré l’ultime vol du pont aérien établi quelques jours plus tôt pour évacuer les ressortissants étrangers et les civils afghans susceptibles de subir les rigueurs du régime taleb.

L’histoire retiendra-t-elle cette image pour symboliser la fin de vingt années de présence militaire américaine d’Afghanistan, éclipsant les autres, comme celle montrant un hélicoptère sur le toit de l’ambassade des États-Unis à Kaboul, qui n’était pas sans rappeler la chute de Saïgon, 46 ans plus tôt? L’avenir le dira.

Quoi qu’il en soit, les talibans n’auront évidemment pas tardé à prendre possession de l’aéroport de Kaboul, plusieurs de leurs combattants, équipés comme des soldats occidentaux, ayant investi l’emprise alors que, à l’extérieur, des tirs se faisaient entendre pour célébrer le départ des forces américaines.

Le commandant de l’US Centcom, le général Kenneth McKenzie, a par la suite assuré que ses troupes avaient « démilitarisé » les équipements qu’elles ne pouvaient pas emporter. Ainsi, elles ont laissé sur place 70 blindés de type MRAP [Mine Resistant Ambush Protected], 27 véhicules Humvee et deux systèmes C-RAM [Counter-Rockets, Artillery, and Mortars] qui ont permis d’assurer la protection de l’aéroport de Kaboul.

« Nous avons choisi de laisser ces systèmes en service jusqu’à la dernière minute », soit juste avant le décollage du dernier C-17, a précisé le général McKenzie au sujet de ces dernier. « C’est une procédure complexe et longue de démonter ces systèmes. Alors on les démilitarise pour qu’ils ne soient plus jamais utilisés », a-t-il précisé.

En outre, les forces américaines ont mis hors d’usage 73 aéronefs qui étaient alors basés à Kaboul. « Ces appareils ne voleront plus jamais. ne pourront être utilisés par personne », a assuré le général McKenzie. « La plupart étaient déjà hors service de toute façon », a-t-il ajouté.

Si, pour la plupart, les aéronefs détruits ont appartenu aux forces afghanes, les militaires américains ont laissé derrière eux au moins sept hélicoptères CH-46E « Sea Knight », utilisés par le département d’État.

Cependant, au gré de leur conquête de l’Afghanistan, les talibans ont pu mettre la main sur plusieurs aéronefs jusqu’alors mis en oeuvre par les forces afghanes. Ainsi, à Kandahar, ils ont réussi, la semaine passée, à mettre en marche un hélicoptère UH-60 Black Hawk. Et, selon des images diffusées via les réseaux sociaux, le 30 août, ils sont même parvenus à le faire décoller et, visiblement, à hélitreuiller une personne.

Par ailleurs, et alors que les derniers soldats américains s’apprêtaient à quitter Kaboul, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution qui, proposée par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, appelle les talibans à autoriser ceux qui le souhaitent de quitter l’Afghanistan en toute sécurité. Pour autant, il n’est pas question d’établir une zone de sécurité à Kaboul, comme l’avait suggéré le président Macron. À noter que la Russie et la Chine ont choisi de s’abstenir.

Enfin, la journée du 30 août aura aussi été marquée par le retour en Afghanistan d’Amin al Haq, l’ancien chef de la sécurité d’Oussama Ben Laden. Durant la bataille de Tora Bora [décembre 2001], il a aidé le fondateur d’al-Qaïda à échapper aux forces américaines et à fuir vers le Pakistan.

Le parcours d’al Haq est émaillé de zones d’ombre. On sait qu’il fut capturé à Lahore par les forces pakistanaises, en 2008. Libéré trois ans plus tard, il avait depuis disparu des écrans radar, jusqu’à sa réapparition dans la province de Nangarhar, escorté par des combattants talibans lourdement armés à bord de SUV flambant neufs.

« Les taliban et al-Qaida restent étroitement alignés et ne manifestent aucune velléité de rompre les liens » et « aucun changement concret, au niveau du resserrement de ces relations, à la suite d’alliances matrimoniales et de combats communs, renforcés par des liens de deuxième génération » n’a été signalé, a récemment avancé un rapport des Nations unies.

Et celui-ci d’ajouter : « Si l’accord de Doha [entre les États-Unis et le mouvement taleb, ndlr] a donné lieu à quelque espoir d’une rupture des liens établis de longue date entre les talibans et al-Qaida, le texte de l’accord, qui est disponible publiquement, ne définit pas les attentes et ses annexes restent secrètes » et les « membres du groupe [terroriste] ont été déplacés par les talibans vers des secteurs plus reculés, pour éviter d’être exposés et visés. Selon des États membres, al-Qaida maintient un contact avec les talibans mais a réduit autant
que faire se peut les communications ouvertes avec les chefs talibans afin de ‘faire profil bas’ et de ne pas compromettre la position diplomatique des talibans vis-à-vis de l’accord de Doha ».

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