Paris et Londres veulent établir une zone protégée à Kaboul pour continuer l’évacuation des civils menacés

Alors que, au 31 août, le dernier soldat américain devra avoir quitté l’Afghanistan et que, par conséquent, les opérations d’évacuation de ressortissants étrangers et de civils afghans potentiellement menacés par les talibans sont terminées [ou sont sur le point de l’être], le président Macron a indiqué vouloir mettre en place une « zone protégée » à Kaboul afin d’y mener des actions humanitaires.

À cette fin, a-t-il indiqué, dans les colonnes du Journal du Dimanche, ce 29 août, la France et le Royaume-Uni vont soumettre un projet de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies. Ce texte, qui en cours d’élaboration, « vise à définir, sous contrôle onusien, une ‘safe zone’ à Kaboul qui permette de continuer les opérations humanitaires », a précisé M. Macron.

« C’est très important. Cela donnerait un cadre des Nations unies pour agir dans l’urgence, et cela permettra surtout de mettre chacun devant ses responsabilités et à la communauté internationale de maintenir une pression sur les talibans », a-t-il justifié.

La veille, depuis Bagdad, M. Macron avait dit compter sur l’aide du Qatar, où les talibans ont installé un bureau politique. Selon lui, Doha a « la possibilité d’aménager des opérations de pont aérien ou de réouverture de certaines lignes aériennes », ce qui « permettrait des opérations d’évacuation ciblées pour protéger ces femmes et ces hommes que nous avons identifiés et à qui nous avons donné des titres provisoires ».

En effet, au Journal du Dimanche, le chef de l’État a indiqué que la France souhaite protéger « plusieurs milliers » d’Afghans potentiellement en danger en raison de « leurs engagements ». Sans oublier les « nombreuses femmes qui ont été éduquées ces vingt dernières années, en particulier dans les villes, et qu’on doit aider à échapper à la répression ».

Pour rappel, l’opération française APAGAN, qui a pris fin le 27 août, a permis l’évacuation de « plus d’une centaine de Français, une dizaine d’Européens, plus de 2’600 Afghans et une trentaine de ressortissants d’autres pays », selon un bilan fourni par l’État-major des Armées. À noter que l’Italie, par la voix de Luigi di Maio, son ministre des Affaires étrangères, a affirmé avoir exfiltré « plus d’Aghans que tout autre pays de l’Union européenne », avec 5’000 personnes évacuées.

En attendant, la crainte est qu’un nouvel attentat soit commis à proximité de l’aéroport de Kaboul, à quelques heures du retrait définitif des forces américaines.

« La situation sur les lieux reste extrêmement dangereuse et la menace d’une attaque terroriste contre l’aéroport demeure élevée », a en effet affirmé le président américain, Joe Biden, dans un communiqué diffusé le 28 août. « Nos commandants m’ont informé qu’une attaque était très probable dans les 24 à 36 heures », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, M. Biden a indiqué que la frappe aérienne qui a tué un cadre de la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique [EI-K, qui revendiqué l’attentat commis le 26 août à Kaboul, ndlr] ne serait « pas la dernière ». Et d’insister : « Nous continuerons à traquer tout individu impliqué dans cet attentat odieux et les ferons payer ».

Photo : opération APAGAN © EMA

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