À Kaboul, les talibans déploient leur bataillon de choc « Badri 313 », équipé comme les forces occidentales

Pendant des années, l’image que certains pouvaient avoir des talibans était celle de combattants « en sandales », barbus, avec les cheveux longs et qui, armés de vieux fusils d’assaut AK-47, passaient pour de paisibles villageois durant la journée, après avoir posé un engin explosif improvisé [EEI ou EID] sur une route empruntée par les militaires occidentaux durant la nuit.

« Les talibans sont de bons terroristes mais de mauvais soldats », a ainsi affirmé le philosophe Bernard Henri-Lévy, à l’antenne de BFMTV, le 16 août dernier. Et d’ajouter : « Ces soldats en motocyclette qu’on a vu il y a 25 ans et qu’on a revu aujourd’hui, ça n’est pas une armée redoutable. Les quelques milliers de militaires occidentaux qui étaient sur le terrain, par leur seule présence, par un effet de dissuasion, les empêchaient depuis 20 ans de reprendre les commandes du pays ».

Pour vivre dans un pays qui n’a connu que la guerre pendant plus de 40 ans, certains chefs talibans ont cependant acquis des savoir-faire militaires, comme en ont témoigné des accrochages avec les forces occidentales… et leur victoire face à des troupes afghanes formées par ces dernières.

En outre, à partir de 2016, il fut rapporté que les talibans avaient mis sur pied une unité d’élite qui, appelée « Groupe rouge » [ou « Sara Kheta » en pachto], passaient pour être dotée d’équipements et d’armes modernes [systèmes de vision nocturne, radios VHF Icom IC-V8, mitrailleurses, carabines M4, etc]. Son premier déploiement fut signalé dans le district de Sangin [province du Helmand]. Puis, ayant pris de l’ampleur, elle fut engagée dans la bataille de Darzab, contre la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique [EI-K] et dans plusieurs offensives lancées dans le nord de l’Afghanistan, notamment à Kunduz.

« Certaines offensives menées [par le « Groupe rouge »] ont été au-dessus de la capacité [habituelle] des talibans en termes de tactiques, de mouvements et de fonctionnement », soulignera Hamid Saifi, un commandant de l’armée nationale afghane, en 2018.

Ces derniers semaines, cette troupe de choc du mouvement taleb a été impliquée dans plusieurs opérations visant à s’emparer des capitales provinciales. Cela a été le cas à Kunduz et à Lashkar Gah, où l’un de ses chefs, Mawalawi Moubarak, aurait été tué par une frappe aérienne.

Maintenant que les talibans se sont rendus maîtres de Kaboul, des unités relevant de leurs troupes d’élite, comme le bataillon Badri 313, appelé ainsi en référence à la victoire de Mahomer à Badr, ont été déployées dans les rues de la capitale afghane. Et leur propagande n’a pas manqué de braquer le projecteur sur leurs combattants, dotés de carabines M4, d’équipements tactiques individuels [casques, bottes de combat, treillis à la place du « Salwar kameez », protections balistiques, optiques, etc]. Autant d’articles qui avaient initialement été fournis par les États-Unis aux forces gouvernementales afghanes…

Le bataillon Badri 313 est censé protéger le palais présidentiel et probablement les abords de l’aéroport de Kaboul, où les opérations d’évacuation menées par les pays occidentaux doivent théoriquement être terminées au 31 août prochain.

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