Une frappe présumée turque contre une clinique a fait huit tués dans la région irakienne du Sinjar

Malgré les protestations de Bagdad, les forces turques poursuivent leurs opérations dans le nord de l’Irak, où elles traquent les membres du Parti des travailleurs du Kurdistan [PKK], une organisation considérée comme terroriste à Ankara [mais aussi aux États-Unis et dans l’Union européenne, ndlr]. Régulièrement, elles effectuent des frappes aériennes contre des positions tenues par ce groupe dans la région du Sinjar, où est établie la communauté Yazidie [qui fut opprimée par l’État islamique, ndlr], ainsi qu’au Kurdistan irakien.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, balaie généralement d’un revers de manche les critiques au sujet des opérations menées en territoire irakien. « La Turquie entend s’occuper du PKK si l’Irak n’est pas en mesure de le faire », plaide-t-il.

Seulement, le PKK n’est pas la seule organisation visées par les forces turques. Ses alliés le sont également, comme cela a été le cas le 16 août.

Ce jour-là, haut responsable des Unités de résistance de Sinjar, à dominante yazidie et proches du PKK, Saeed Hassan Saeed a été tué par un raid mené par les forces turques dans la région du Sinjar. Visiblement, il n’était pas le seul objectif… car un cadre de l’organisation indépendandiste kurde a également été blessé lors de cette frappe. Et il a ensuite été admis dans une ancienne école transformée en clinique, située précisément dans le village de Sekaina.

Clinique qui a été à son tour visée le lendemain, vraisemblement par des drones turcs, a avancé l’AFP, en s’appuyant sur le témoignagne de Jalal Khalef Bisso, un élu local, et les affirmations d’un « haut gradé irakien ». Un premier bilan a fait état d’au moins trois tués. Finalement, ce raid aura fait huit morts, dont, selon l’administration du Sinjar, « quatre employés et quatre combattants de la 80e Brigade. Quant au responsable du PKK qui avait été blessé la veille, il ne figurerait pas parmi les victimes.

Ce 18 août, le gouvernement irakien n’avait toujours pas réagi à ce raid turc contre une établissement de santé. Outre la violation de la souveranenté irakienne, celui-ci pourrait être considéré comme étant un crime de guerre.

En effet, la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre précise, dans son article 18, que « les hôpitaux civils organisés pour donner des soins aux blessés, aux malades, aux infirmes et aux femmes en couches ne pourront, en aucune circonstance, être l’objet d’attaques ».

Et son article 19 stipule que « la protection due aux hôpitaux civils ne pourra cesser que s’il en est fait usage pour commettre, en dehors des devoirs humanitaires, des actes nuisibles à l’ennemi » et que cette « protection ne cessera qu’après une sommation fixant, dans tous les cas opportuns, un délai raisonnable et demeurée sans effet ». Enfin, le texte précise que « ne sera pas considéré comme acte nuisible le fait que des militaires blessés ou malades sont traités dans ces hôpitaux ou qu’il s’y trouve des armes portatives et des munitions retirées à ces militaires et n’ayant pas encore été versées au service compétent ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]