L’Allemagne va envoyer « plusieurs centaines de soldats » à Kaboul pour évacuer 10 000 civils afghans

Dix jours à peine après avoir conquis leur première capitale provinciale, les talibans sont désormais les maîtres de Kaboul… Et le président afghan, Ashraf Ghani, en fuite, probablement au Tadjikistan, a admis sa défaite et justifié son départ en disant avoir voulu éviter un « bain de sang ».

Cela étant, et alors que de nombreuses ambassades de pays occidentaux ont été évacuées, l’aéroport de Kaboul est le point où convergent tous ceux qui veulent échapper aux talibans, un pont aérien ayant été établi sous la protection des forces américaines.

Ce 16 août, A400M Atlas et un C-130 Hercules de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] ont décollé vers la base aérienne 104 d’al-Dhafra [Émirats arabes unis] dans le cadre de l’opération APAGAN. L’un de ces appareils se posera en fin de journée à Kaboul pour évacuer le personnel diplomatique français.

Et d’autres rotations sont prévues pour, a expliqué Florence Parly, la ministre des Armées, assurer la protection des civils afghans « qui ont rendu d’éminents services » à notre pays en nous aidant au quotidien » ainsi que celle de « tous ceux qui sont engagés pour [les] valeurs que nous continuons de défendre partout dans le monde ».

En Allemagne, un premier A400M de la Luftwaffe [force aérienne allemande, ndlr] a d’ores et déjà pris la direction de Kaboul, a indiqué le ministère allemand de la Défense, évoquant une « mission dangereuse ». Il sera suivi par deux autres appareils. Cependant, Berlin envisage d’en faire davantage.

En effet, la chancelière allemande, Angela Merkel, va demander au Bundestag [chambre basse du Parlement] l’autorisation de déployer jusqu’à « plusieurs centaines de soldats » à Kaboul pour assurer l’évacuation de 2’000 civils afghans ayant travaillé pour les forces allemandes durant leur engagement en Afghanistan ainsi que des « femmes particulièrement menacées, des défenseurs des droits de l’Homme et d’autres employés d’ONG ». Au total, avec les familles, il est question d’évacuer 10’000 personnes. Cette opération devra être terminée d’ici le 31 août prochain.

Évidemment, il s’agit d’aller vite… Aussi, et alors que les parlementaires allemands se préparent aux élections de septembre, le Bundestag a été convoqué pour une session extraordinaire. Du moins, ce sera le cas pour la commission de la Défense, qui se réunira le 18 août pour donner ou non le feu vert à l’opération évoquée par Mme Merkel.

« Nous évacuons maintenant les gens en coopération avec les États-Unis. Sans l’aide des Américains, nous ne pourrions pas faire une telle opération », aurait souligné la chancelière allemande, selon des propos rapportés par le presse d’outre-Rhin.

De son côté, la ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, a dit la même chose. « Tant que cela sera possible, la Bundeswehr fera sortir autant de personnes que possible d’Afghanistan et maintiendra un pont aérien. Cependant, cela dépendra du soutien des Américains et de leur capacité à maintenir l’aéroport de Kaboul ouvert », a-t-elle déclaré, précisant que la « situation serait réanalysée toutes les heures » et qu’il « y a un échange intensif avec les forces américaines ».

À noter que ces opérations ne font a priori pas l’objet d’une quelconque coordination au niveau de l’Union européenne. Ainsi, par exemple, la Belgique va également déployer ses propres moyens pour « aider à organiser une évacuation depuis l’aéroport de Kaboul », avec un A400M, deux C-130H Hercules et un Falcon 7X, sans oublier un détachement NEO [non-combatant evacuation operation].

Quoi qu’il en soit, pour Armin Laschet, le prétendant chrétien-démocrate à la succession de Mme Merkel, qui a parlé d’une situation « amère », il s’agit de « la plus grande débâcle que l’Otan ait subie depuis sa création et c’est un changement d’époque auquel nous sommes confrontés »…

Photo : archive / Luftwaffe

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