La marine sud-coréenne a reçu son premier sous-marin lanceur de missiles de type « Dosan Ahn Changho »

Quand il accepte des transferts de technologie pour remporter un marché à l’exportation, un industriel prend souvent le risque de se retrouver un jour ou l’autre face à un nouveau concurrent. C’est peu ou prou ce qui est arrivé à Howaldtswerke-Deutsche Werft [HDW], filiale du constructeur naval allemand ThyssenKrupp Marine Systems [TKMS].

Ainsi, dans le cadre de son programme KSS-I, la Corée du Sud commanda neuf sous-marins dérivés du type 209 à l’industriel allemand. Le premier de la série, le « Chang Bogo », fut construit en Allemagne. Quant aux autres, ils furent assemblés par Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering. Et, par la suite, trois de ces modèles furent commandés par Jakarta auprès de Séoul, en 2011.

La même approche fut adoptée pour le programme KSS-II, cette fois à partir du sous-marin de Type 214, proposé par TKMS. Là, tous les navires furent construits en Corée du Sud, par Hyundai Heavy Industries et Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering.

Ayant ainsi acquis les savoir-faire qu’elle ne maîtrisait pas alors complétement, la Corée du Sud fut ensuite en mesure de mener seule [ou pratiquement] le programme KSS-III, lequel vise à doter ses forces navales [RoKN, pour Republic of Korea Navy, ndlr]de quatre sous-marins d’attaque de près de 3’360 tonnes, capables d’emporter des missiles de croisière « Cheon Ryong » ainsi que des missiles balistiques « Hyunmoo ».

En septembre 2018, le premier de la série, le Dosan Ahn Changho, fut lancé par Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering, avec l’objectif de le livrer au ministère sud-coréen de la Défense en décembre 2020. Finalement, le projet aura pris un peu de retard… car il vient d’être remis à la RoKN, à l’occasion d’une cérémonie officielle organisée le 13 août au chantier naval d’Okpo. Sa mise en service est prévue pour 2022, soit après une phase d’évaluation et d’essais en mer.

À propulsion diesel-électrique, ce sous-marin est doté de 6 VLS [système de lancement vertical] pour lancer des missiles Cheon Ryong [d’une portée annoncée de 1’500 km] et Hyunmoo, ainsi que huit tubes lance-torpilles de 533 mm. Équipé d’un système de propulsion anaérobie [AIP] lui permettant de rester en immersion pendant plus de 20 jours, il est mis en oeuvre par un équipage de 50 sous-mariniers.

En outre, 76% de ses composants ont été fabriqués localement, comme son système de gestion de combat, conçu par Hanwha. Cependant, son mât optronique a été fourni par le français Safran [sur la base de ceux qui équipent les sous-marins Scorpène de Naval Group, ndlr] et sa console de pilotage et de plongée [SNDC] a été livrée par ECA Group. Enfin, son système de défense électronique a été produit par l’espagnol Indra.

En un peu plus de trente ans, l’industrie navale sud-coréenne aura donc été en mesure de construire un sous-marin de conception nouvelle, en partant quasiment de rien… Et ce n’est pas fini : dans le cadre de la commande du lot n°2 prévu par le programme KSS-III, il est question de construire un navire encore plus imposant que le Dosan Ahn Changho, avec une capacité accrue d’emport de missiles, le nombre de VLS devant être porté à dix.

Photo : RoKN

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