Sur quels avions seront formés les futurs pilotes de chasse de la Marine nationale?

Depuis le retrait, en 1994, des CM-175 Zéphyr [la version navale du Fouga CM-170 Magister, ndlr] et la dissolution de l’escadrille 59S à Hyères, la formation des pilotes de chasse de la Marine nationale se fait en partie aux États-Unis, à la base aéronavale de Meridian [Mississippi]. Là, ils apprennent les bases de leur futur métier à bord d’avions d’entraînement T-45C Goshawk.

Aussi, quand l’US Navy envisage de réformer le cursus de ses propres aspirants pilotes, la Marine nationale ne peut qu’être concernée. Or, justement, il est désormais question de remplacer les T-45C Goshawk dans le cadre du programme UJTS [Undergraduate Jet Training System].

Et selon la présentation qui en a été faite l’an passé, la formation des pilotes embarqués ne passerait plus par des qualifications obtenues en accumulant les catapultages depuis un le pont d’envol d’un porte-avions et les appontages [lesquels seront facilités, à l’avenir, par le système ATARI, ndlr]. D’où les spécifications que le Naval Air Systems Command [NAVAIR] a définies pour l’avion qui succédera au T-45C Goshawk à l’horizon 2028.

Ainsi, dans un notice émise en mai 2020, le NAVAIR a indiqué qu’il cherchait un avion existant, suffisamment robuste pour résister à des taux de descente élevés pour effectuer des « touch and go » sur un porte-avions et simuler des appontages à terre [Field Carrier Landing Practice – FCLP]. Quant aux performances, l’appareil devra disposer d’un plafond opérationnel de 41’000 pieds et pouvoir voler à la vitesse d’au moins 600 noeuds.

Or, selon Janes, deux industriels ont confirmé leur intention de soumettre une proposition au titre de l’UJTS. Sans grande surprise, on retrouve donc les acteurs qui s’étaient opposés lors du programme TF-X mené par l’US Air Force pour remplacer ses avions d’entraînement T-38, à savoir le tandem Boeing [associé à Saab] avec le T-7A Red Hawk et Lockheed-Martin [en partenariat avec le sud-coréen KAI] avec le T-50A.

D’après Boeing, le T-7B Red Hawk, finalement choisi par l’US Air Force, aurait un coût à l’heure de vol nettement moindre que celui du T-45C [7’200 dollars contre 10’700]. Cependant, pour répondre aux besoins exprimés par le NAVAIR, quelques modifications devront seront nécessaires. Mais le constructeur mise sur la possibilité de configurer le cockpit de son appareil pour reproduire ceux du F/A-18 Super Hornet et du F-35C.

Quant au T-50A, un responsable de Lockheed-Martin a confié à Janes qu’il suffirait de lui apporter quelques modifications « mineures » pour qu’il réponde aux exigences de l’US Navy. L’un de ses avantages pourrait être le fait qu’il est supersonique.

Cela étant, un autre candidat est sont sur les rangs : l’indien HAL [Hindustan Aeronautics Limited] qui, d’après le quotidien Economic Times, envisage de proposer à l’US Naval la version navale de son chasseur léger LCA Tejas.

« Conformément à la demande d’informations de l’US Navy, le LCA répond à tous les paramètres de base demandés. […] La version navale du LCA a été largement testée, à la fois sur le site d’essais de Goa ainsi que sur [le porte-avions] INS Vikramaditya », fait valoir HAL.

Enfin, deux autres avions sont susceptibles de prendre part à l’appel d’offres quand il sera lancé, dont le Hawk AJT de BAE Systems et le M-346 Master de l’italein Leonardo. Cependant, le constructeur britannique a confié à Janes que, pour le moment, son « objectif principal reste de soutenir la préparation et la disponibilité du T-45 Goshawk par la production de composants de rechange et une expertise en ingénierie ».

Reste à voir ce que décidera l’US Navy… En attendant, la Marine nationale sera bien obligée de suivre le mouvement.

Photos : 1/ US Navy 2/ CM-175 Zephyr, par Tibboh — Travail personnel, CC BY-SA 4.0

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